Riccardo Scamarcio : Acteur viscéral
En marge du festival, il y a le bonheur de la rencontre, comme celle avec Riccardo Scamarcio, un des acteurs les plus prometteurs de sa génération. Invité du FIFM, après avoir été jury en 2010, l’acteur italien qui est bientôt à l’affiche du biopic sur Dalida se dévoile avec générosité. Tête à tête avec un comédien au supplément d’âme tout droit sorti d’un «rêve italien».
Il joue un jeune premier, un amant torturé, un gangster ou encore un handicapé avec beaucoup de conviction comme s’il se perdait dans son personnage. Riccardo Scamarcio est une star en Italie et son talent dépasse les frontières puisqu’il joue en France et aux États-Unis, dirigé par Woody Allen dans «To Rome with Love», par Paul Haggis dans «The thrid person» ou encore «Polisse», de Maiwenn. Le public le retrouvera en janvier dans le rôle d’Orlando, frère et manager de la grande Dalida, dans le biopic de Lisa Azuelos. «Je ne prépare pas mes rôles, je me jette sans conscience. J’essaie de ne pas trop déranger la vie, que le cinéma soit la continuation de ce que je fais, de ce que je suis. Il y a une idée de départ bien entendu, à la base. Quand je lis un scénario, j’apprends à connaître mon personnage et je commence à penser comme lui. Et je commence à le découvrir à travers les différentes scènes, ces scènes qui me conduisent au personnage.
Il faut surtout se laisser faire, ne pas avoir peur de se laisser aller», confie l’acteur révélé dans «Trois mètres au-dessus du ciel». Magnétique et captivant, Riccardo Scamarcio appréhende ses rôles comme il appréhende la vie. Il se lance sans réfléchir, presque avec insouciance mais en étant conscient du pouvoir du jeu. «La comédie est un jeu sérieux. On ne plaisante pas avec le cinéma», balance-t-il, avec beaucoup de nuances. Oui, parce que Riccardo Scamarcio est beau et intelligent, aérien tout en étant terre-à-terre, un acteur à la légèreté profonde qui puise dans son âme d’enfant pour laisser exprimer l’adulte qu’il est devenu. «Les enfants, quand ils jouent, ils sont très sérieux. Ils croient complètement en ce qu’ils font. C’est comme cela que je joue la comédie». Mystique, celui qui s’inspire de Marlon Brando, Marcello Mastroianni ou encore Robert de Niro, a su qu’il voulait devenir acteur à l’âge de 15 ans, parce qu’il avait besoin de «faire quelque chose d’important, de fort, pour sauver son âme». D’aventures en aventures, il devient incontournable, écume les distinctions et gagne le respect de la profession, sans vraiment se poser de questions ou chercher à plaire. Il joue comme s’il allait mourir demain, avec passion, comme un vrai Italien.
Pourtant, il avoue qu’il n’est pas le même lorsqu’il joue en anglais, en français ou dans sa langue natale. «Je ne suis pas le même. Les langues, c’est beau ! Parce que tu découvres, des attitudes différentes. C’est très intéressant de jouer dans une langue qui n’est pas la tienne. C’est comme un masque. En Italie, on a toujours besoin du masque pour être légitimé à faire n’importe quoi !», confie l’acteur observateur qui avoue avoir le regard partout.
Son secret n’est pas dans la collecte d’informations pour préparer un rôle, mais dans le sens du détail. «Je ne cherche pas des informations, à savoir des choses. Je l’ai observé et je me suis concentré sur les détails. Je voulais savoir qui j’avais devant moi. Ce n’est pas très important ce que l’on dit, c’est la manière dont on le dit. Je peux te dire «je te déteste», en pensant à «je t’aime» et le contraire». C’est de cette manière qu’il observe Orlando, sa façon de bouger ses mains, le ton de sa voix, pour mieux cerner le personnage re-imaginé par la réalisatrice française, Lisa Azuelos qui raconte Dalida, un film de sortie en janvier. «Avec le metteur en scène ou le réalisateur, c’est toujours une question de confiance. S’il ne me fait pas confiance et que je le sens, c’est fini. Je peux devenir le plus mauvais au monde. Il faut qu’il y ait échange, le vrai partage d’émotion», continue le comédien dans le vent, qui brille par la force de son talent et de son humanité sans faille. Un Riccardo Scamarcio aussi naturel à la vie comme à l’écran, animé par les vrais sentiments que provoque l’art, puisque, pour lui, tout est une question de fréquences, d’énergies, de belles ondes, tel un Gigi l’Amoroso du cinéma, «Croqueur d’amour, l’œil de velours comme une caresse»…