Les Cahiers des ÉCO

Programme de rachat d’actions : Quel avenir pour cet outil ?

Moins d’une dizaine de programmes de rachat d’actions sont recensés sur la place boursière de Casablanca qui compte 75 sociétés cotées. Or, l’instrument connaît un fort engouement sur les places occidentales. Pour certains analystes, ce désintérêt est attribuable aux conditions compliquées du marché combinées à une réglementation stricte. D’autres y ajoutent l’impact sur la trésorerie de l’entreprise…Pourtant le rachat d’actions offrent d’autres avantages.

Maroc Telecom vient de démarrer ce mardi 9 mai son nouveau programme de rachat d’actions. L’opérateur compte acquérir un maximum d’1,5 million d’actions, soit 0,17% du capital. La fourchette des prix d’intervention est comprise entre un maximum d’achats de 191 DH et un minimum de ventes de 92 DH. Ce programme de rachat qui vise la régularisation du cours intervient après la décision de l’assemblée générale d’abroger l’ancien programme dont la fin est prévue en novembre 2017 et d’en relancer un nouveau. Le cours ayant largement dépassé la fourchette maximum du programme fixée à l’époque à 139 DH. En effet, une révision s’imposait puisque le cours de l’opérateur téléphonique a atteint les 158 DH en début d’année. Il faut dire que Maroc Telecom n’en est pas à son coup d’essai. Depuis son introduction en 2004, le groupe a enchaîné plus d’une dizaine de programmes de rachats d’actions en vue de réguler son cours. Une pratique qui n’est pas réservée au groupe téléphonique, mais certaines entreprises sont également habituées à déclencher cet instrument pratiquement tous les 18 mois. Il s’agit notamment de Label’Vie, Addoha, Stokvis, Snep, Atlanta ou encore BCP. Pourtant le marché boursier compte environ 75 sociétés cotées. «L’absence d’intérêt aujourd’hui est relative en partie à un cadre réglementaire jugé assez strict», remarque un professionnel du marché.

Un parcours chahuté ?
Or, ces transactions étaient fortement plébiscitées par le passé même s’il n’existait pas encore de réglementation adéquate. Au Maroc, ce type d’opérations ont vu le jour dans les années 90. Les premiers amendements datent de 1995. Sauf qu’«au lancement des premiers programmes de rachat, les sociétés ont réalisé d’importantes plus values puisqu’il y avait beaucoup de manipulations sur le marché», rappelle un trader. La promulgation en 2003 du décret complétant les dispositions de l’article 281 de la loi n° 17-95 relative aux sociétés anonymes a mis fin à cette gabegie. Le Conseil déontologique des valeurs mobilières (CDVM) a remis encore une couche avec sa circulaire de 2012. Le rachat ne peut pas être effectué sur plus de dix-huit mois. Il ne doit pas représenter plus de 10% du capital de l’entreprise et plus de 25% du volume moyen échangé chaque jour sur le titre. L’instrument de régulation de cours pourra être assorti d’un contrat de liquidité qui porte sur 20% du programme de rachat. Pour qu’il puisse avoir lieu, l’entreprise doit s’assurer l’accord de ses actionnaires, réunis en assemblée générale extraordinaire. Le gendarme de la Bourse, actuellement l’autorité marocaine des marchés des capitaux (AMMC) doit également délivrer son visa pour valider la procédure. L’objectif étant justement le respect du principe de la transparence. «Quand une entreprise cotée en Bourse rachète ses actions en circulation, elle agit sur son propre capital. Il est impératif d’informer le marché», explique un analyste.

Quel moment propice ?
Mais le temps que tout se mette en place, le marché s’est effondré. Les entreprises ont enregistré plus de moins-values que de plus-values. «Dans un marché baissier et avec des conditions plus sévères, la société n’a plus beaucoup de marge de manœuvre pour rebooster sa valeur», affirme un autre analyste. Pour lui, ce désintérêt pour les programmes de rachat d’actions devrait encore persister sur le marché. En règle générale, le rachat d’actions est bien vu par le marché puisqu’il permet de valoriser le cours boursier de la société surtout pendant les périodes de baisse des taux d’intérêt et de marché favorable. L’entreprise peut ainsi investir dans ses propres titres et utiliser les liquidités disponibles et augmenter le cours de leurs titres. Après un rachat, le nombre de titres en circulation sur le marché baisse et le bénéfice net par action (BPA) augmente mécaniquement. Cet indicateur est pris en compte par les analystes dans leur évaluation des performances financières de la société. Une pratiqu, qui lorsque le cours est au plus bas, permet de faire bonne figure auprès des investisseurs, mais cela reste un instrument qui peut être à double tranchant, selon des analystes plus sceptiques. «Si l’opération peut avoir un effet bénéfique sur le court terme, la solvabilité de l’entreprise peut en être affectée à long terme», souligne l’un d’entre eux. Grand consommateur de trésorerie disponible, le programme de rachat peut impliquer une baisse des investissements de la part de la société.

Autres finalités
Hormis, la régulation des cours, le programme de rachat des actions peut avoir différentes visées. «Malheureusement, seul ce cas de figure est répandu au Maroc», déplore un analyste. Le rachat d’actions peut être utilisé à des fins fiscales (économie d’impôts). L’instrument permet aussi à l’entreprise de contrôler ses participations et ainsi de se rendre moins vulnérable face aux éventuelles tentatives de rachats. Le programme de rachat peut également avoir un effet positif sur les dividendes. La transaction augmente le cours des actions de l’entreprise et récompense les actionnaires, qui augmentent ainsi leur richesse.


whatsapp Recevez les actualités économiques récentes sur votre WhatsApp

Évolution des prix des fruits et légumes à Casablanca



Rejoignez LesEco.ma et recevez nos newsletters



Bouton retour en haut de la page