Les Cahiers des ÉCO

Maroc-CEDEAO : Prêt pour l’adhésion ?

Le 16 décembre à Abuja, le Maroc s’apprête à devenir le 16e membre de la CEDEAO. À quelques jours du sommet tant attendu des chefs d’État ouest-africains, état des lieux sur les plans juridiques, politiques et économiques.

En attendant la ratification du traité de la CEDEAO
On se rappelle, en janvier dernier, c’est au forceps que le Maroc a ratifié l’acte constitutif de l’Union africaine, à moins d’une semaine du début des travaux du 28e Sommet de l’organisation panafricaine qui a abouti à son retour au sein de la famille institutionnelle continentale. Pour ce qui est de la CEDEAO, l’adhésion passe également avant tout, par la ratification d’un traité. Sauf qu’à quelques jours de la tenue du 52e Sommet de la Communauté économique régionale ouest-africaine, le traité de la CEDEAO n’a été approuvé ni en Conseil de gouvernement, ni en Conseil des ministres, sans parler du Parlement, qui ne peut se prononcer qu’après ces deux premières étapes.  En tout cas, si le traité de la CEDEAO reste muet sur l’entrée de nouveaux membres, il prévoit clairement que sont membres de la Communauté, «les États qui [le] ratifient». Peut-être que le royaume préfère d’abord être fixé sur son sort lors du Sommet d’Abuja avant de mettre en branle le processus de ratification.  

Feu vert des chefs d’État… ?
Lors de leur 51e Sommet à Monrovia, au Libéria, en début juin dernier, les chefs d’État de la CEDEAO avaient donné leur «accord de principe» à l’adhésion du Maroc. Il se murmure, jusqu’à présent, que certains poids lourds de la sous-région, à l’instar du Nigéria, ne seraient pas entièrement favorables à l’entrée du Maroc, ou du moins expriment toujours leurs réserves. À Abuja, la décision finale sera prise par consensus et non par vote. Du côté des alliés traditionnels du Maroc dans la zone, à l’instar du Sénégal, on met en avant, chez les officiels, la contribution positive de l’arrivée du royaume. Pour le président sénégalais, Macky Sall, l’intégration du Maroc facilitera le processus de création d’une Zone de libre-échange continentale (ZLEC). Donc, la levée des barrières douanières sur les produits marocains, s’inscrit dans une dynamique continentale qui devrait bientôt être concrétisée avec la fin des négociations sur la ZLEC. En tout cas, le secteur privé continue de voir d’un mauvais œil l’arrivée de la «concurrence marocaine». Pour sa part le Maroc poursuit son action de lobbying auprès des patronats et gouvernements des pays membres de la CEDEAO pour les convaincre de soutenir sa candidature.

Que dit le rapport de la CEDEAO ?
Sur instructions des chefs d’État des pays membres, la Commission de la CEDEAO a concocté un rapport qui s’attarde aussi bien sur les avantages que les menaces de l’entrée du Maroc. Pour l’heure, rien ne filtre sur le contenu de ce document, dont les conclusions et recommandations seront examinées par les dirigeants ouest-africains. Cependant, l’accord pour l’adhésion du Maroc sera contrebalancé par une série de négociations ultérieures à mener entre les deux parties. La mise en place d’accords asymétriques pour protéger les industries des pays membres de la CEDEAO est d’ores et déjà évoquée. Il sera notamment question d’échelonner le démantèlement tarifaire de certains produits. En bref, pour la CEDEAO aussi, l’arrivée du Maroc est l’occasion de profiter au maximum des avancées économiques du royaume, tout en protégeant ses économies membres.



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