Les Cahiers des ÉCO

Les marchés des capitaux s’échauffent pour la rentrée

Les trois derniers mois de 2016 s’annoncent particuliers. Bien que des tendances se dessinent, une annonce peut venir tout chambouler. Pour le marché boursier, ce sont les résultats semestriels qui dicteront la tendance alors que, sur le marché des taux, l’événement le plus décisif demeure la posture que prendra la Banque centrale vis-à-vis du taux directeur. Décryptage…

La rentrée sur les marchés des capitaux ne sera pas de tout repos. Échéance de la présentation des résultats semestriels, Tenue du Conseil de la Banque centrale prévue le 27 septembre, Aïd Al- adha, rentrée scolaire… autant d’événements qui auront un impact certain sur la liquidité bancaire, à même de dessiner de nouvelles tendances sur les différents marchés de capitaux. En plus de ces événements, Farid Mezouar, directeur général de FL Markets, attire l’attention sur  deux autres éléments à même d’influencer les marchés au cours de ce dernier trimestre de l’année. Il s’agit, en l’occurrence, du «résultat des législatives du 7 octobre prochain qui va naturellement conditionner la composition du futur gouvernement ainsi que la politique économique et budgétaire, mais aussi la nature de la loi de Finances, même si cette dernière risque d’être amendée en cas de changement de majorité. Celle-ci va conditionner l’évolution du marché des taux, même si les surprises sont a priori peu probables après la lettre de cadrage du chef du gouvernement», souligne le directeur général de FL Markets.

Perspectives positives pour le marché actions
Pour le marché actions, les analystes demeurent globalement confiants. Le Masi est orienté à la hausse et pourrait continuer sur cette trajectoire, notamment dans la perspective de l’arrêt de l’effritement des résultats des sociétés cotées. Pour Mezouar, «les résultats semestriels pourraient confirmer la tendance haussière de la masse bénéficiaire, observée en 2015. Certaines grandes sociétés ont déjà ouvert le bal et les autres devront suivre durant ce mois de septembre».

En attendant, les analystes s’attendent déjà à ce que certains secteurs et valeurs sortent du lot lors de cette rentrée. Les bancaires pourraient présenter des résultats positifs en raison de leurs positions sur le marché obligataire ainsi que le travail fourni en vue d’assainir leurs portefeuilles et maintenir leurs marges. Le secteur des assurances a aussi les faveurs des analystes sondés, en raison de son bon positionnement sur les marchés financiers, tirant profit des tendances haussières observées. Parmi les secteurs qui font consensus auprès des analystes, on notera celui de l’industrie du ciment. La fusion de Lafarge-Holcim arrive à doper le moral des investisseurs qui s’attendent à une distribution de dividendes importante. Le secteur de l’agroalimentaire est aussi concerné avec la baisse des cours des matières premières et les bonnes récoltes de betteraves qui augurent de bons résultats pour Cosumar et Lesieur Cristal. Et, bien évidemment, le secteur des télécommunications donne des signaux positifs en cette rentrée, en lien avec les réalisations de Maroc Telecom. Total Maroc est également l’une des valeurs à suivre en cette rentrée, selon les analystes. La société devrait continuer à profiter de la libéralisation du marché pétrolier.

Sur le marché, c’est une valeur qui a bien progressé sur l’année. Taqa Morocco est également sur cette lancée et son intégration dans l’indice MSCI Frontiers Markets le 31 août dernier pourrait renforcer l’engouement qu’elle suscite déjà, estiment les experts sondés. Pour ce qui est des minières, les analystes sont plutôt partagés: certains restent dubitatifs compte tenu des profit warnings publiés, tandis que d’autres jugent les trois valeurs du secteur minier comme intéressantes à ces niveaux de cours. Leur évolution dépendra du comportement des cours des métaux à l’international. En somme, plusieurs sociétés devraient afficher des résultats semestriels en hausse et maintenir le marché dans ses niveaux de valorisation, à moins que les résultats soient exceptionnellement bons.

Le marché des taux suspendu à la décision de Bank Al-Maghrib…
Le prochain Conseil de la Banque centrale serait décisif pour l’orientation du marché des taux. En effet, la question de savoir s’il y aura abaissement du taux directeur ou non est la première préoccupation des investisseurs, car c’est ce qui va éventuellement dicter la tendance des taux d’intérêt d’ici la fin de l’année. Selon Mouhammed Mariane, directeur de Marogest, «l’abaissement du taux directeur engendrerait une baisse du taux d’intérêt. Dans ce cas de figure, ce sont les fonds moyen et long termes qui en tireront le plus profit, réalisant les meilleures performances de par leur sensibilité». En règle générale, hormis cette mesure d’ajustement monétaire (abaissement du taux directeur, ndlr), d’autres facteurs sont à même d’impacter l’évolution du marché.

Il s’agit en l’occurrence -et principalement- de la situation de la liquidité et de la situation des finances publiques. «À date d’aujourd’hui, le Trésor affiche une bonne santé financière et la maintient. Il n’y a donc aucune crainte quant à un éventuel dérapage par rapport à l’objectif initial du déficit budgétaire tracé par le Trésor. Ceci est en soi une bonne chose et devrait limiter la hausse des taux d’intérêt qui se profile actuellement sur le marché», explique Mariane. En effet, le relèvement du taux de la réserve obligatoire de 2% à 4% lors du dernier Conseil de la Banque centrale a freiné la tendance baissière des taux observée au cours du premier semestre et a impacté fortement la partie courte et moyen terme de la courbe avec une hausse moyenne de 20 points de base.

Une légère pression sur les liquidités
À ce titre, Mariane estime que cette hausse des taux observée au cours des derniers mois est tout à fait légitime mais légèrement amplifiée car elle s’inscrit en réaction à la forte baisse des taux d’intérêts constatée jusqu’à fin avril (-68 points de base en moyenne sur l’ensemble de la courbe). «Le marché a sur-réagi à la baisse pendant le premier semestre. Et encore une fois, face aux resserrements relatifs de la situation de la liquidité induits par la hausse du taux de la réserve obligatoire, nous avons encore réagi de manière amplifiée. Celle-ci s’est reflétée dans la hausse des taux actuelle», souligne Mariane. Pour l’expert, les taux ont fortement chuté en début d’année sur l’ensemble de la courbe des taux au point que les taux à long terme ont commencé à traiter à des niveaux qui titillaient parfois celui du taux directeur.

En conséquence, au moment où les taux monétaires voulaient retrouver leur place – c’est-à-dire à des niveaux aux alentours du taux directeur – il a fallu faire une translation à la hausse sur toute la courbe pour garder les écarts logiques qui s’imposent et respecter la règle selon laquelle le loyer de l’argent à long terme devrait être plus cher que le loyer de l’argent à court terme. «C’est en respectant ces arbitrages que l’on a observé des décalages à la hausse sur l’ensemble de la courbe des taux. Ce sont donc des facteurs monétaires qui ont impacté les taux obligataires alors qu’ils ne devaient, logiquement, pas avoir un impact aussi significatif», explique Mariane. Par ailleurs, la rentrée scolaire et sa coïncidence avec Aïd Al-adha devraient exercer une légère pression sur la liquidité bancaire compte tenu de la sortie d’un important flux de cash du circuit bancaire pour au moins deux ou trois semaines avant de le regagner par la suite.

Cette importante circulation fiduciaire devrait influer essentiellement sur les taux monétaires, et les ajustements ne concerneront que la partie courte de la courbe des taux. Un impact qui devrait se dissiper au bout de quelques semaines. Cet élément à part, d’autres facteurs pourront redessiner la situation structurelle de la liquidité bancaire. Il s’agit en l’occurrence du niveau des réserves de change nettes appelé à connaître une amélioration avec les transferts des Marocains résidents à l’étranger, mais aussi la continuité de l’impact positif de la baisse du cours du pétrole sur la balance des paiements. Or, le renversement de la tendance des prix pétroliers comme le programme du gouvernement à élire sont des facteurs qui pourraient invalider l’hypothèse de baisse des taux d’intérêt dans un avenir proche, estime Mariane. 



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