«Les artistes marocains souffrent plus que les autres artistes !»

À tout juste 31 ans, Douzi est une véritable star nationale et un modèle pour les jeunes. Le chanteur marocain pop-raï a déjà une longue carrière derrière lui. Zoom sur un artiste simple au talent inné.

Véritable énigme pour les uns, une star «accessible» pour tant d’autres, Douzi surfe sur la vague du succès presque sans se fatiguer. Et pour cause, il a des années de carrière derrière lui, qui lui donnent cette profondeur et cette zénitude pour continuer dans la rigueur et la persévérance. Celui qui a choisi le raï et le Rai & B pour créneau, avoue être loin de tout cela. Le musicien marocain confie avoir longtemps été fan de Michael Jackson, qu’il imitait à la perfection ! Très jeune, il n’était pas sûr de beaucoup de choses, mis à part le fait qu’il voulait devenir une star ! «À 4-5 ans déjà, je chantais partout : à la maison, à l’école et j’ai commencé à chanter dans les mariages de la famille, des voisins. Tout le monde me disait, autour de moi, qu’il fallait que je saute le pas, que je fasse un album !», se souvient, avec nostalgie, Douzi. De mère algérienne et de père marocain, le chanteur avait face à lui des parents conservateurs qui le voyaient continuer ses études et rien d’autre. «Ma mère était contre parce, pour elle, seules les études comptaient ! C’était inenvisageable pour elle, de me voir voyager, partir loin pour des tournées ou pour la musique». Heureusement que son frère Kader, devenu manager et bras droit, était là pour sentir la fibre artistique particulière du jeune Douzi.

Producteur, chanteur, Kader côtoyait déjà le milieu artistique et décide d’accompagner son petit frère vers la célébrité. Il lui composera d’ailleurs sa première chanson. Douzi n’a alors que 5 ans. 3 ans plus tard, à tout juste 8 ans, le Jordi national signe un carton qui se vend à 700.000 exemplaires au Maorc : «Goulou Imumti tjini». Il enchaîne alors les albums, les prix, les tournées dans le monde. Aujourd’hui, le chanteur marocain qui se considère comme citoyen du monde, a élu domicile à Bruxelles. C’est d’autant plus important pour lui que de participer à un concert comme celui pour la tolérance. «C’est un événement très important pour un artiste marocain et surtout pour moi. Le monde est en train de vivre une phase très difficile.

À chaque fois que l’on regarde la télévision ou que l’on écoute la radio, on tombe sur des horreurs. C’est d’autant plus important pour nous, artistes marocains, d’être présents, pour donner une bonne image de la culture marocaine, du pays, de ce qu’un artiste marocain est capable de donner sur scène», confie Douzi qui trouve que les médias ne donnent pas une assez bonne image du musulman ou de l’arabe. Selon lui, les musiciens marocains qui ont un impact à l’étranger essaient de réparer les torts que les autres ont causés. «On essaie de leur dire qu’un musulman sait donner de la joie, de l’amour, faire sourire les gens, les faire danser et oublier». Et c’est ce que le musicien a tenté de faire ce 22 octobre sur la scène d’Agadir où il a chanté ses tubes, notamment la reprise réussie de «Laayoune Aynia» de Jil Jilala.

Il ne s’arrête pas là, puisqu’il vient d’achever un clip avec Dounia Batma, tourné au Sri Lanka et aux Maldives, qui s’apprête à sortir dans les prochains jours, et continue son bout de chemin pour marquer les esprits même si le chemin n’est pas sans obstacles. «C’est très difficile de faire carrière au Maroc. Il n’y a pas de maisons de disques, tous les artistes marocains font de l’autoproduction. Les artistes marocains souffrent plus que les autres artistes !». Un constat hélas bien vrai mais qui n’arrête en rien Douzi, qui prépare deux singles, prochainement dans les bacs !