Les Cahiers des ÉCO

«La générosité est la clé de tout !»

Matthias  Schoenaerts, Comédien

«Le Fidèle» est le titre de son nouveau film, mais il aurait pu faire office de deuxième prénom tant il est loyal envers les réalisateurs avec lesquels il travaille. C’est le cas de Michael R. Roskam, avec qui il collabore pour la quatrième fois et présente cette belle histoire d’amour incandescente à la Mostra de Venise en hors compétition. Rencontre avec Matthias Schoenaerts, comédien au supplément d’âme et de talent.

Dans les couloirs de l’Hôtel Excelsior ou sur le tapis rouge, Matthias Schoenaerts ne passe jamais inaperçu avec son physique d’armoire à glace, adouci par un visage rassurant qui dégage beaucoup d’humanité. Décontracté, drôle et toujours souriant, l’acteur belge le plus prisé d’Hollywood ne semble pas se prendre au sérieux. Pourtant, il est à la Mostra de Venise pour défendre deux films.

Le premier est «Our Souls at Night», avec Robert Redford et Jane Fonda. Il se souvient d’un tournage marquant aux côtés de deux légendes: «Talent à part, ce sont des icônes dans tous les sens du terme: dans leur engagement politique, dans leur engagement social, dans leur engagement artistique, ce sont des gens importants, desquels la jeunesse devrait s’inspirer au lieu d’avoir comme exemple des gens comme les Kardashian ou tous ces gens vides et superficiels! On doit écouter des gens comme Redford et Fonda. Je suis chanceux d’avoir pu travailler avec eux».

Le deuxième s’intitule «Le Fidèle», de Michael R. Roskam, réalisateur avec qui il joue pour la quatrième fois. Ce qui est certain, c’est que l’acteur est fidèle et loyal en amitié, dans le travail, dans l’excellence et en amour. «Si je fais une promesse à quelqu’un, si je m’engage, je tiens ma promesse. Aujourd’hui, la loyauté et le fait de tenir sa promesse sont des notions qui se perdent. Les politiciens disent des choses aujourd’hui et font tout le contraire le lendemain. Cela ne nous révolte même plus tellement on s’y est habitué», confie d’emblée Matthias Schoenaerts pour mettre dans l’ambiance d’une interview sans voile et sans faux semblants. En campant le rôle de «Gigi», un gangster qui tombe éperdument amoureux de «Bibi», jouée par une Adèle Exarchopoulos des plus convaincantes, le comédien donne une leçon d’amour absolu. Un film touchant qui a presque tendance à idéaliser le sentiment amoureux, mais qui donne de l’espoir dans un monde où l’on ne croit plus en rien en rappelant la notion de loyauté.

Roskam sort ses ingrédients fétiches: la famille, l’animalité, l’enfance, le passé qui finit par rattraper, la mort qui rode autour d’un amour qui détruit souvent, cette idée que derrière chaque monstre il y a un enfant blessé, le tout sublimé par une belle mise en scène et une photographie captivante. «L’amour a plusieurs facettes, et l’une d’elles est la loyauté. Si je dis que je m’occuperai de toi, je tiendrai ma promesse, je ferai tout pour m’occuper de toi jusqu’à la fin des temps». La fin des temps, c’est ce que se promettent Bibi et Gigi dans cette histoire tout sauf parfaite mais si inspirante. Elle est pilote automobile, lui braque des banques avec ses amis d’enfance. Le comédien, comme à l’accoutumée, donne de la profondeur à son personnage. Gigi est un bandit, oui, mais il n’est pas le cliché du gangster. «Quand on pense aux gangsters, on pense à des gens sombres, hors-la-loi. Je me suis posé la question: à quoi un gangster gentleman pouvait-il ressembler? Il y avait une possibilité de penser le personnage autrement, loin du stéréotype, du cliché. Cela me semblait intéressant d’appréhender le personnage de cette manière», confie celui qui arrive à donner de l’âme à ses rôles et à brouiller les pistes en nous faisant aimer un soldat nazi, un violeur repenti, un trafiquant d’hormones pour déclencher des mécanismes émotionnels dont lui seul a le secret. «J’aime brouiller les pistes entre les héros et les anti-héros. Un héros est le personnage auquel on s’identifie, et l’anti-héros est celui qui challenge le héros, faisant de lui ce qu’il est aux yeux de l’autre. J’aime inverser cela, jouer sur cela. Personne n’est foncièrement bon ou mauvais, on est tellement de choses à la fois. Inverser les dynamiques est important, tout change tout le temps. Je n’aime pas la polarisation ! On vit dans un monde de polarisation où on entend tous les jours que les «musulmans sont mauvais» par exemple! C’est n’importe quoi… », continue celui qui sait aussi toucher avec des personnages forts et profondément humains. «La générosité est la clé de tout !», a t-il confié.

Le boulimique de travail enchaîne les tournages européens et américains, notamment ceux de «Red Sparrow» de Francis Lawrence et «Kursk» de Thomas Vinterberg, où il campe le personnage principal aux côtés de Colin Firth et Léa Seydoux. Une année 2018 aussi riche que la précédente en perspective, pour celui qu’on a déjà baptisé le «Brando belge»…


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