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Gestion de trésorerie : Comment réduire son taux d’endettement

La dette est aujourd’hui un mode de financement incontournable pour les entreprises. Si elle est parfois nécessaire pour engager des investissements, elle doit cependant être judicieusement maîtrisée lorsqu’il s’agit de couvrir des besoins en fonds de roulement. Comment réduire son endettement sans se ruiner? L’avis des experts.

La dette fait partie intégrante de la vie de l’entreprise. Elle représente souvent un levier de développement au regard des investissements et des financements qu’elle permet de réaliser; cependant, une dette trop importante peut présenter un taux d’endettement à son tour trop élevé qui pourrait mettre en péril les équilibres financiers de l’entreprise. Pour de nombreux dirigeants de PME, assurer l’équilibre entre la dette et le taux d’endettement peut s’avérer très difficile. Une question se pose: comment réduire son endettement sans se ruiner? Pour Miloud Guermatha, auteur de «Trésorerie d’entreprises», il n’y a pas de recette miracle: «Les entreprises sont surendettées et, pour réduire l’endettement, rien de mieux que de mettre la main à la poche en injectant du cash sur le compte courant». Ce mode paraît simple mais, sur le terrain, les dirigeants semblent privilégier d’autres pistes. «Les entreprises, et plus souvent celles à caractère familial, préfèrent faire appel à la banque au lieu d’alimenter leur compte courant, ce qui peut, dans certains cas, constituer une erreur stratégique qui participe au relèvement du taux d’endettement», déplore Miloud Guermatha. Si le choix «de raison» semble écarté par les dirigeants, quelle autre option s’offre donc aux patrons d’entreprises pour réduire l’endettement de la leur? «La réduction de l’endettement peut passer par la révision du business model de l’entreprise et par l’optimisation des charges fixes et variables», explique Guermatha. En clair, il s’agit pour le dirigeant de faire des arbitrages lui permettant de traquer les coûts cachés. À titre d’exemple, un coût caché peut se matérialiser par un achat de voiture. Le choix entre le leasing ou le cash comme mode de financement peut permettre de réaliser des économies considérables. Par optimisation, les experts entendent une optimisation des financements et non des investissements, qui restent inévitables voire vitaux pour l’entreprise.

Impératif de gestion
Au Maroc, les entreprises en forte croissance ont des besoins de financement externe importants, ce qui implique une corrélation positive entre le niveau d’endettement et la croissance. Le recours à l’endettement reste, selon les experts, intéressant à condition que le taux d’intérêt demeure inférieur au taux de rentabilité généré par le projet. Dans le cas contraire, le coût de l’endettement devient un frein au développement de l’entreprise; sa réduction devient nécessaire. Pour ce faire, Réda Baghdadi, directeur associé du pôle conseil du cabinet FIREC & Associés, évoque les méthodes classiques auxquelles le dirigeant d’entreprise peut avoir recours: «La réduction de l’endettement peut être opérée en ayant recours au marché des capitaux ou au capital risque par ouverture du capital à un partenaire. Elle peut également passer par le financement par crédit bail ou par une location avec option d’achat qui ne fera pas apparaître de dettes dans le passif du bilan ou encore à l’affacturage». Et d’ajouter que «certaines entreprises peuvent utiliser le lease back qui est une transaction financière permettant de céder un bien immobilisé et de le récupérer en location long terme par un organisme de crédit bail, l’objectif étant de générer de la trésorerie à court terme». Outre les méthodes classique sus-citées, les financiers proposent également une conversion des dettes en parts sociales ou en actions, une conversion d’obligations en actions ou encore une réduction des concours bancaires à court terme (découverts, facilités de caisse…) en assurant une bonne gestion du besoin en fonds de roulement par le biais d’une augmentation du délai fournisseurs, d’une réduction du délai clients ou encore d’une optimisation du niveau de stock. In fine, il semblerait qu’il n’existe pas de solution miracle pour réduire son endettement sans se ruiner, si ce n’est assurer une bonne gestion de trésorerie qui passe essentiellement par des arbitrages raisonnablement assurés par les dirigeants d’entreprises. 


Ce qu’il faut savoir :

• Le taux d’endettement est un indicateur important sur le marché, notamment lorsque l’entreprise a besoin de financements bancaires.

• Les établissements de crédit restent souvent très pointilleux quant à l’examen du taux d’endettement qui détermine ainsi la solvabilité de l’entreprise et de ce fait sa marge d’endettement pour préfigurer sa capacité de remboursement.

• Le taux d’endettement peut également correspondre au montant maximum des mensualités que l’entreprise est capable de rembourser proportionnellement à ses charges.

• Pour déterminer le niveau d’endettement d’une entreprise, il faut calculer son «ratio» d’endettement par le calcul suivant : Total des dettes ÷ total capitaux propres = ratio d’endettement en %.


Le rôle pivot du trésorier

Quelle que soit la taille de la structure et l’ampleur des ressources financières mises en œuvre, le premier travail pour un trésorier consiste à sécuriser les mouvements de fonds. Le suivi des comptes bancaires et des instruments de paiement doit être également la préoccupation du trésorier, qui fera ainsi preuve d’un comportement de «bon père de famille». Le trésorier d’entreprise a longtemps été perçu comme un membre tactique de l’équipe finance. Et même s’il exerce un rôle crucial dans l’organisation, ce dernier était avant tout celui d’un gardien du temple, conservant un œil attentif sur la trésorerie en maximisant les produits financiers, en minimisant les charges financières et en contrôlant les risques liés aux actifs financiers de l’entreprise (taux, change, etc.). Cependant, aux vues des nouvelles dynamiques de marché et avec l’émergence des technologies, le trésorier évolue vers un rôle stratégique, partenaire interne au sein de son organisation. Les directions d’entreprise et les directions financières novateurs demandent aux trésoriers de collaborer davantage avec les autres unités afin d’apporter un savoir et des analyses pour influer sur la stratégie et les résultats financiers de l’entreprise. Les trésoriers ont une réelle opportunité pour créer de la valeur ajoutée au sein de l’entreprise, agissant comme un véritable partenaire stratégique. En période de tensions sur les résultats et de renchérissement des financements, le trésorier est devenu le baromètre de la santé financière de l’entreprise. La crise a mis en lumière son rôle vital dans la gestion des flux et des risques financiers.


Un niveau maximal pour l’endettement ?

Si l’endettement de l’entreprise est généralement considéré comme un levier, il existe tout de même un niveau d’endettement maximal à ne pas atteindre. Selon les experts, le niveau de risque présente systématiquement une limite qui peut s’apprécier différemment, ceci en fonction de la nature des dossiers. Pour le calculer, il convient d’observer les ratios et indicateurs financiers qui permettent aux partenaires financiers (banques, investisseurs…) d’évaluer le risque. Ce risque est réductible en le répartissant à travers la modification de la durée de la rémunération de la dette, en réduisant l’exposition au risque par le biais des cautions ou autres système de garantie, ce qui de facto revient à réduire le niveau d’endettement. Dans ce même ordre d’idées, le niveau d’endettement n’obéit à aucune règle spécifique et l’appréciation de son niveau d’acceptabilité est fonction de chaque dossier mais également de chaque secteur d’activité.


Miloud Guermatha
Auteur de trésorerie  d’entreprises

L’expérience montre que les coûts cachés sont partout dans l’entreprise et de nature très diverse. De par sa fonction, le trésorier doit s’intéresser à ses coûts liés à toutes les opérations de trésorerie et va mener une bataille sans pitié pour les éradiquer. Je cite quelques exemples de coûts cachés, en l’occurrence l’année bancaire, les jours de banques, le net d’escompte, la capitalisation des agios, etc. Généralement, ces coûts se traduisent par la réalisation d’économies substantielles. En plus de ces coûts, le trésorier peut réaliser d’autres économies, mais cette fois en prêtant une attention particulière aux documents et avis bancaires. Je donne l’exemple des relevés bancaires, des échelles d’intérêt, des avis d’opéré, entre autres. Dans le domaine de la gestion de trésorerie, les trésoriers ciblent un objectif majeur, celui de l’atteinte d’un solde zéro.
C’est par rapport à ce seuil que les économies seront analysées puisque ce seuil a l’avantage de représenter un point fixe immuable. Les économies sur la gestion des comptes bancaires sont réalisées essentiellement sur la base de l’analyse des échelles d’intérêt. La réalisation de ses économies passe inéluctablement par une négociation bancaire. Cette dernière constitue un véritable impératif de compétitivité pour l’entreprise. L’immersion du système bancaire dans un univers de concurrence offre désormais aux chefs d’entreprises des opportunités dont ils ne disposaient pas auparavant. 


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