Festival de Cannes 2017 : Le cinéma intensément glamour
Pour ses 70 ans, le Festival international du film de Cannes n’a pas fait dans la dentelle. Le jury, les personnalités présentes sur le tapis rouge, les films en sélection, hors compétition et dans les différentes catégories… le festival du cinéma le plus glamour a visé haut et fait fort. Coulisses d’un lever de rideaux qui vaut le détour…
Monica Bellucci, Charlotte Gainsbourg ou encore Marion Cotillard qui déambulent dans les couloirs de l’Aéroport de Nice, Pedro Almodovar et Will Smith concentrés sur leur mission de jury, Jessica Chastain qui salue ses fans, Adrian Brody, Louis Garrel ou encore Louane qui défilent dans le hall du Majestic… tout cela s’est passé à Cannes, ce mercredi 17 mai !
Une pluie de stars…
Le Festival de Cannes est connu pour attirer, chaque année, les plus grands noms du cinéma. Pour son 70e anniversaire, l’événement prisé par toutes les stars n’a pas failli à la règle. Adrian Brody revient pour la septième fois consécutive, sans même avoir d’actualité, juste parce que c’est un rendez-vous qui lui tient à cœur et qui lui rappelle le magnifique souvenir de la Palme d’Or pour le «Pianiste», tandis que Susan Sarandon aime s’oublier sous le soleil de Cannes, sur une terrasse ou dans la douceur paisible du lieu avant le tapis rouge.
Le festival avait déjà mis la barre bien haut en annonçant Pedro Almodovar, maître du cinéma espagnol, en président du jury. Il est entouré, pour sa mission, par Maren Ade, réalisatrice, scénariste et productrice allemande, Jessica Chastain, actrice et productrice américaine, Fan Bingbing, actrice et productrice chinoise, Agnès Jaoui, actrice, scénariste, réalisatrice et chanteuse française, le grand Park Chan-Wook, réalisateur, scénariste et producteur coréen, Will Smith acteur, producteur et musicien américain, Paolo Sorrentino, réalisateur et scénariste italien, et Gabriel Yared, compositeur français. Le jury compétition fait certes rougir, mais il n’a rien à envier à celui des autres sélections. Un Certain regard aura droit au regard bienveillant d’Uma Thurman…
Une averse de films inspirants
La compétition fait le tour du monde et met en lumière l’univers des différents réalisateurs, leur point de vue, leur regard sur le monde et, surtout, nous laisse porter un regard sur leur univers, leur quotidien. Cette année, le grand habitué des festivals de films, le grand Fatih Akin, revient avec «Aus Dem Nichts» après des chefs-d’œuvre comme «Soul Kitchen» et «De l’autre côté» pour ne citer qu’eux. La fille prodige du maître, Sofia Coppola, propose «The Beguiled» (Les Proies), Michael Haneke ramène un «Happy End» et Todd Haynes son «Wonderstruck». Et puisque les films se suivent et ne se ressemblent pas, le jury s’apprête à décider du sort de «The Meyerowitz Stories (New And Selected)» de Noah Baumbach, «OKJA» de Bong Joon-ho, «120 battements par minute» de Robin Campillo, «Rodin» de Jacques Doillon, «le Redoutable» de Michel Hazanavicius, «Geu-Hu» (Le Jour D’après) De Hong Sang-soo, «Hikari» (Vers la lumière) de Naomi Kawase, «The Killing of a Sacred Deer» (Mise à mort du Cerf sacré) de Yorgos Lanthimos, «Кrоткаya» (Une femme douce) de Sergei Loznitsa, «Jupiter’s Moon» (La Lune de Jupiter) de Kornél Mundruczó, «L’Amant double» de François Ozon, «You Were Never Really Here» de Lynne Ramsay, «Good time» de Benny et Josh Safdie, et «Nelyubov» (Faute d’amour) d’Andrey Zvyagintsev. La section «Hors compétition» permet de lever le voile sur des films aussi sensibles que puissants comme le tant attendu «Barbara» de Mathieu Amalric, «Fortunata» du grand Sergio Castellitto ou encore «D’après une histoire vraie» du controversé Roman Polanski.
Le cinéma arabe a une jolie place dans le programme, en plus des cours métrages, dont la sélection est empreinte de beaux regards jeunes sur le monde. Viendront ensuite moments forts et belles surprises de cette édition avec notamment «Twin Peaks» de David Lynch et «24 frames» d’Abbas Kiarostami.
Quand Les Fantômes d’Ismaël hantent la cérémonie d’ouverture
Avec l’intensité de Mathieu Amalric mêlée au mystère de Charlotte Gainsbourg, à la puissance de Marion Cotillard et au romantisme de Louis Garrel, le film ne peut être que surprenant. Les Fantômes d’Ismaël est signé Arnaud Desplechin. Il est troublant, dérangeant mais fort. C’est l’histoire d’un cinéaste brillamment interprété par un Mathieu Almaric aussi juste que percutant, hanté par la disparition de sa femme survenue 20 ans plus tôt. Le fantôme de Carlotta, campée par l’incroyable Marion Cotillard, l’empêche de continuer à vivre. Elle le quitte sans raison valable et est déclarée morte, mais décide de revenir 21 ans plus pendant un tournage important. Il vit avec une astrophysicienne, joué avec beaucoup de justesse et de délicatesse par Charlotte Gainsbourg. Un film d’une intensité rare, qui capte toute l’attention et dont on ne peut perdre une miette, même si l’on peut parfois se sentir perdu entre les flashbacks et les scènes du film. Le réalisateur se joue du temps et de l’espace, rentre dans la vie réelle des personnages, dans le passé, et dans les autres vies, imaginées. Un film qui bouscule, souvent à la limite de la folie et de la raison. Louis Garrel, entre jeu et surjeu, plonge dans le film réalisé par Amalric mais il est aussi le frère de ce dernier, diplomate, fils prodige qui a réussi et qu’il ne voit jamais. Arnaud Desplechin bouscule les codes du cinéma, signe un drame psychologique d’allure décousue mais pourtant bien ficelé. Lors de la conférence de presse du film, Arnaud Desplechin a confié que Les Fantômes d’Ismaël est un film comprenant cinq films: «C’est le portrait d’Ivan, un diplomate qui traverse le monde sans n’y rien comprendre. C’est le portrait d’Ismaël, un réalisateur de film qui traverse sa vie sans n’y rien comprendre non plus. C’est le retour d’une femme, d’entre les morts. C’est aussi un film d’espionnage… Cinq films compressés en un seul, comme les nus féminins de Pollock. Ismaël est frénétique, et le scénario est devenu frénétique avec lui! Pourtant, Ismaël, dans son grenier, essaie de faire tenir ensemble les fils de la fiction…». Il avouera qu’il voulait que chaque scène arrive crûment, avec brutalité. C’est réussi!