Épargne : Ce qu’ont rapporté vos placements en 2015
L’investissement financier en produits de taux continue à prendre le dessus, face à un marché des actions toujours morose. Les OPCVM obligataires se sont révélés être les champions de la performance en 2015.
En 2015, les placements, censés faire fructifier l’épargne investie, ont mal rempli leur mission. D’abord, face au scepticisme des intervenants, qui ne reculent guère, les deux principaux baromètres de la place, le Masi et le Madex, scellent leur contreperformance annuelle à 7,22% et 7,49% respectivement. La prudence restant le maître-mot qui gouverne le marché, la capitalisation boursière ne se soustrait pas non plus à la baisse qui embrase le marché pour finir ainsi l’exercice à 453,31 MMDH, en retrait de 6,43%. Même déception pour les investisseurs dans l’or qui, contrairement aux années 2000, est plus enclin à baisser. Plus globalement, l’année 2015 a été une année assez moyenne pour les placements financiers, en ligne avec la contreperformance du marché actions et l’environnement globalement bas des taux.
Dans ce contexte, c’est l’obligataire, moyen et long termes, qui a, de nouveau, surperformé les différents placements. Ce dernier arrive de nouveau en tête avec une performance annuelle de 3,35%, assez proche du taux des DAT (autour de 3,6% selon les banques). L’obligataire de longue et moyenne maturités avait déjà survolé les performances en 2014. En 2015, l’obligataire a bénéficié d’une quasi-stabilité des taux avec une légère baisse sur les maturités, comme le 5 ans. Ce dernier précède l’obligataire de courte maturité, qui a dégagé un rendement annuel de 2,8%, un peu mieux que le monétaire qui a rapporté 2,6%. Notons que le marché des OPCVM est un bon indicateur des performances, vu qu’il compte actuellement un total actif de 330,1 MMDH. Et en termes de perspectives, les perdants et les gagnants seront les mêmes en 2015, à en croire les analystes financiers. En effet, après cinq années consécutives de baisse, un climat de méfiance règne sur le marché actions.
Il y aura probablement un certain rebond en début d’année, en raison des opérations de window-dressing, réalisées par certains gérants, mais il ne s’agira pas là du redressement, tant attendu par les professionnels. Les analystes demeurent en effet pessimistes, quant à l’évolution des actions cotées à la Bourse de Casablanca en 2016 et pour cause. Au vu des réalisations semestrielles (au titre du 1er semstre 2015), publiées par les sociétés du Masi, l’affaire du raffineur Samir et le flou qui entoure la situation de Alliances, ils en s’attendent pas à une évolution exceptionnelles des résultats financiers annuels.
Les fonds actions en net repli
La tendance, observée sur le marché boursier, n’a pas été sans impact sur les OPCVM actions. Sans surprise, cette classe d’actifs a continué de perdre du terrain. La catégorie OPCVM actions grand public, arrive ainsi en queue des placements de 2015 avec une contreperformance annuelle moyenne – 4%. Cette évolution cache, cependant, des disparités, puisque 11 des 64 fonds actions grand public ont pu placer leur performance en territoire positif, avec à leur tête «Patrimoine Al Moussahama» qui a généré une performance de 7,3%. Il est suivi de «RMA Expansion», de RMA Asset Management et de «Profil Dynamique», fonds également géré par Wafa Gestion avec des performances respectives de 4,3% et 3,1%.
Le diversifié s’en sort mieux
De même, les OPCVM diversifiés grand public, investis, en partie, en actions, n’ont certes pas été épargnés par la baisse du marché boursier, mais ils s’en sortent mieux que les OPCVM actions du fait qu’ils sont également investis sur le marché des taux. La performance annuelle moyenne, au titre de 2015, des fonds diversifiés grand public ressort positive à 0,9%. À noter que seuls 12 des 41 fonds, de cette catégorie de fonds, ont enregistré des contreperformances. «Profil Harmonie», un fonds de Wafa Gestion affiche, la plus forte performance, au titre des onze premiers mois de l’année 10,3%. «BMCI Gestion Sérénité» de BMCI Asset management occupe la deuxième place de la catégorie avec une évolution de 7,2%. «WG», de Wafa Gestion s’approprie la troisième place du podium avec 4% de performance.
L’Obligation MLT gagne du terrain
Les performances des fonds, investis dans les obligations moyen et long termes grand public, ont gagné du terrain durant le mois de décembre dernier. De ce fait, la performance annuelle de cette catégorie ressort à 3,35% (contre 2,75% à fin novembre 2015). Les performances des 79 fonds OMLT grand public sont ainsi restées toutes positives, en 2015. La plus forte hausse annuelle est à mettre à l’actif de «Oblifutur» de Wafa Gestion et «Fcp Capital Plus», fonds de BMCE Capital Gestion qui a réalisé une performance de 5,35%. Il est suivi, de près, par «Dar Ad-Damane Fund» de CDG Capital Gestion, avec une progression annuelle de 4,9% et «FCP Upline Oblig Plus» de Upline Capital management avec une performance annuelle de 4,5%.
Le CT peu rémunérateur
Les fonds obligations court terme grand public ont affiché, en moyenne, 2,8% de performance en 2015. «CDG Dynamic Court Terme», de CDG capital gestion, s’est démarqué, par rapport au 35 fonds grand public de sa catégorie, en réalisant une performance annuelle de 4,7%. Il est suivi par «Africapital Cash» de Africapital Management et «Emergence Bond Fund» de Valoris Management, qui marquent respectivement des hausses annuelles de 3,7% et 3,6%. À l’image des fonds Obligations CT, les 47 fonds monétaires grand public ont enregistré une performance annelle moyenne positive de 2,6%. C’est «Emergence Money Market Fund», de Valoris Management qui s’affiche en tête de liste, avec une performance annuelle de 3,4%. Il est suivi, de près, par «Alpha Monétaire», de RED MED Asset Management et «CFG Tresocorp» de CFG Gestion qui ont offert, chacun, un rendement annuel de 3,3%.
Fonds contractuels, l’or en perte de vitesse
Pertes de vitesse pour les OPCVM contractuels en 2015. Ils ont enregistré, en moyenne, une performance de 1,15%. La plus forte contreperformance est à attribuer à FCP Attijari Gold de Wafa Gestion. Ce dernier a marqué un repli annuel de 0,9%. Attijari Gold a été impacté par l’évolution de l’or, depuis le début de l’année. Pour mémoire, ce fonds a pour objectif de reproduire le cours du London Gold Fixing, exprimé en dollars, pour une once d’or, tel que publié par The London Gold Market Fixing Limited, à 15h00 (heure de Londres), sur Bloomberg. Certes, les cours de l’or ont nettement baissé, depuis leurs records de 2011, mais ce dernier garde toujours le statut de valeur refuge. De ce fait, Attijari Gold demeure donc un bon placement, à croire les professionnels, surtout qu’il s’adresse aussi bien aux particuliers qu’aux institutionnels, puisqu’on peut acheter des parts à partir de 1.000 dirhams seulement.
Les comptes sur carnets moins généreux
Les petits épargnants ne doivent pas être contents. La rémunération qui a été servie aux détenteurs des comptes sur carnets, au titre de 2015, n’était, en effet, pas satisfaisante. Elle s’est élevée à seulement 2,12%, au deuxième semestre de 2015. Ce recul est, venu s’ajouter à l’évolution, également négative, enregistrée au premier semestre de l’année. En effet, en prenant en considération le repli de 58 points de base du taux de rémunération des comptes sur carnets, enregistrée lors du premier semestre 2015 (à 2,43% ), l’affaissement des rendements de ce véhicule d’épargne et de placement a atteint 89 points de base, sur un rythme annuel. Pire, à l’heure où nous mettions sous presse, Bank Al-Maghrib avait annoncé que le taux de rémunération de ce produit, au second semestre, est passé à 2,11%, pour la première moitié de cette année. On n’avait pas vu pareil niveau depuis 2003 (2,15% au premier semestre).
DAT, de moins en moins profitables
Après avoir culminé à 4% à fin 2014, la rémunération moyenne de ces produits a observé une évolution baissière en 2015. Au terme des 10 premiers mois de l’année, derniers chiffres communiqués par BAM, le DAT aurait baissé, pour se fixer aux alentours de 3,6%. Sur 10 mois, le rendement moyen des dépôts à terme a reculé, en moyenne, de 330 points de base. Dans le détail, ce sont les dépôts à 12 mois qui accusent la plus forte perte. En effet, leur rendement moyen est passé de 4,05%, en décembre 2014, à 3,71%, en octobre dernier. La baisse enregistrée par ces derniers est de 340 points. Quant aux dépôts à 6 mois, leur rendement a reculé sur la même période à 3,46%, contre 3,71% auparavant (décembre 2014). Les rendements des dépôts à terme, qui affichaient une évolution positive, depuis quelques années, reculent, désormais, en raison de la situation confortable actuelle du secteur bancaire dont le problème de sous-liquidité s’est résorbé en 2015.
Immobilier, regain d’intérêt
La pierre n’a pas tout à fait perdu son statut de placement fétiche des Marocains. En effet, après un premier semestre morose et avec des prix stables ou à la baisse sur l’ensemble des villes du royaume, le deuxième semestre s’est montré bien plus dynamique et a entraîné un regain des demandes pour l’achat ainsi qu’une légère augmentation des prix sur toutes les villes. Le dernier mois de l’année 2015 stabilise l’importante hausse du dernier trimestre, pour un prix au mètre carré des appartements, dans les grandes villes marocaines, en dessous des 15.000DH. Certaines villes sont revalorisées sur l’année 2015, à l’instar de Casablanca, qui grâce à son dynamisme économique a affiché une hausse des prix de 9%, selon les statistiques de Mubawab, Rabat affiche une amélioration de 6% et Agadir de 25%. Néanmoins, d’autres grandes villes du royaume voient une baisse de leurs prix comme Fès (-2%), qui a du mal à reprendre son souffle, ou Marrakech (-2%), qui paye le prix de trop nombreux logements disponibles. Aussi, le plus marquant reste la concentration des demandes sur l’achat (63%) reléguant la location au second plan. Le marché semble donc reprendre en cette fin d’année 2015, mais sur certaines villes et à un certain prix. Selon les professionnels, l’année 2016 pourrait être celle de la vraie reprise !