Les Cahiers des ÉCO

Électrification : De gros marchés à prendre au burkina faso

Alfa Oumar Dissa, ministre burkinabè de l’Énergie, des mines et des carrières

Le Burkina Faso vient de lancer un Plan national de développement économique et social (PNDES) censé dynamiser plusieurs secteurs phares de son économie. Dans cette interview, le ministre burkinabè de l’Énergie, des mines et des carrières évoque les grands projets électriques de son département et invite les entreprises marocaines à en saisir les opportunités.

Les Inspirations ÉCO: Comment le Plan national de développement économique et social (PNDES) peut-il améliorer le taux d’électrification au Burkina?
Alfa Oumar Dissa : Nous sommes actuellement à 19,2% de taux d’électrification au Burkina Faso. Mais la question de l’électricité ne peut pas se limiter à la seule électrification. Trois volets sont impliqués: la production, le réseau de transport et la distribution. Avec le PNDES, nous compter relever le niveau de la production de 325 mégawatts actuellement à 1.000 mégawatts. S’agissant du réseau de transport, le taux de couverture est de 40% et nous envisageons de l’améliorer à 80%. Enfin, pour ce qui est de la distribution, le taux de raccordement, donc celui d’’électrification, est de 19,2% et nous compter le hisser à 34%. Comme vous le voyez, c’est un tout qui doit aller ensemble et nous accordons l’attention nécessaire à chaque segment.

Dans quels projets électriques les entreprises marocaines peuvent-elles être impliquées  ?
Les entreprises marocaines peuvent se lancer dans de nombreux projets. Nous avons au moins 10 appels d’offres qui seront ventilés très prochainement dans le journal des marchés publics. Le premier porte sur l’efficacité énergétique, car l’action du PNDES pour résoudre les problèmes liés à l’électricité s’articule autour de trois axes: le mix énergétique pour augmenter la part du renouvelable dans notre système, l’efficacité énergétique, qui se concentre sur tout ce qui permet d’économiser de l’énergie, et enfin le renforcement du conventionnel existant.

Quels sont les projets en cours dans ces trois segments?
Concernant l’efficacité énergétique, nous avons un marché à pourvoir et qui porte sur 1,5 million de lampes LED, afin de diminuer la consommation liée à l’éclairage, car celui-ci représente 30% de la consommation du pays. Nous allons désormais prioriser les lampes d’une puissance de 15 watts au lieu de 40 actuellement. Cela nous permettra de diminuer la part de l’éclairage dans la consommation à 15%. Toujours dans la même ligne de l’efficacité énergétique, nous avons un projet d’utilisation de lampadaires LED. Une partie de ce projet est déjà achevée et la deuxième phase va bientôt commencer, en plus de l’achat de 3.000 lampadaires solaires. Aussi, les bâtiments publics passeront au solaire, sachant que le Burkina est un pays bien ensoleillé. L’objectif est d’installer des mini-centrales solaires pour alimenter les bâtiments publics afin de libérer l’énergie au profit de la consommation des ménages. Un budget de 8 milliards de francs CFA (près de 123 MDH) est dégagé à cet effet. 46 centres médicaux et 4 CHU seront également dotés de mini centrales solaires d’une puissance de 42 kilowatts.

Qu’en est-il de l’électrification rurale?
Concernant l’électrification rurale, 100 villages ont été ciblés et seront équipés de mini-centrales solaires de 50 à 300 kilowatts, en plus de 10 grandes centrales solaires que nous comptons réaliser. Au total, le Burkina envisage de réaliser 140 mégawatts solaires. Dans le thermique, deux projets de 70 MW et de 195 MW. Tout ceci pour dire qu’il y a beaucoup de marchés à prendre au Burkina Faso.

Quelles sont les pistes de coopération possibles entre les deux pays ?
Certains des projets que je viens de citer sont inscrits dans le budget de l’État, tandis que d’autres sont en partenariat public-privé (PPP). Je pense que nous pouvons coopérer avec le Maroc pour en réaliser certains. Par exemple, dans le solaire, le Maroc dispose d’une belle expertise et il y a lieu de développer un partenariat. Notre objectif est que chaque chef-lieu de nos 13 régions dispose d’une centrale solaire de 10 MW. 8 régions sont déjà couvertes et je pense que la coopération avec le Maroc pourrait contribuer à atteindre l’objectif total fixé. Nous pourrons autoriser, dans le cadre de nos nouvelles dispositions législatives, des entreprises marocaines à développer ces centrales pour ensuite revendre de l’électricité à l’État.

Quel peut-être le rôle des entreprises marocaines dans ces chantiers  ?
La méthodologie consiste à proposer des offres à travers des cahiers de charges que nous, en tant que ministère de l’Énergie, étudierons. Si le cahier des charges est cohérent, il sera soumis à l’Autorité de régulation, qui en étudiera la conformité. Sur la base de cette conformité, le ministère de l’Énergie octroie une licence de production. Ainsi, l’entreprise pourra soit signer des partenariats avec la SONABEL, soit avec des clients éligibles, à savoir des entreprises privées. Dans les deux cas, les opportunités de partenariat sont nombreuses, notamment à travers notre programme d’exploitation minière, qui augmentera la demande en électricité.  


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