Les Cahiers des ÉCO

Efficacité Energétique : Grand retard dans l’exécution du Programme des lampes LED

9 millions de lampes sur les 15 millions prévues ont été finalement installées à fin 2016, date d’échéance du projet En.lighten au Maroc. L’ONEE chargé de la mise en œuvre ne sait vraiment pas comment s’y prendre pour faire basculer les 2,9 millions de ménages encore réfractaires.

«Le Maroc accuse un grand retard dans l’exécution du programme pilote d’installation des lampes LED devant remplacer celles à incandescence beaucoup plus énergivores». L’information a été rendue publique par Myriem Touhami, Chargée de l’Initiative En.lighten (voir encadré) au sein du Programme des Nations Unies pour l’Environnement, lors de son intervention dans le second panel de la 2ème édition du Forum de l’Efficacité Energétique, tenue le 9 mars à Casablanca. En effet, le Maroc figure sur la short liste des pays qui n’ont pas pu tenir leur engagement consistant à exécuter ce programme au plus tard à fin 2016.

Du coup,  9 millions de lampes sur 15 millions ont été finalement installées à la date d’échéance. Quid des 7 millions restants ? «On me répond qu’il faut attendre l’installation du nouveau gouvernement», explique Myriem Touhami qui pense plutôt que «le retard enregistré est d’ordre structurel, puisqu’il serait dû à la lourdeur des procédures administratives». Un état de fait que les autorités doivent rapidement changer pour permettre au pays d’aller plus vite de l’avant. En effet, pratiquement tous les programmes engagés actuellement dans le pays requièrent un certain niveau de célérité dans leur mise en œuvre en raison de leurs enjeux. Celui portant sur l’exécution de l’initiative En.lighten ne fait pas exception. Ses enjeux sont en effet importants. S’il est correctement exécuté, le programme En. lighten permettra au Maroc de réduire sa consommation annuelle d’électricité, qui enregistre une croissance annuelle moyenne de 6,6%, de 1,7 TWh/an, représentant 33% de la consommation annuelle du pays. Une économie globalement chiffrée à 220,1 millions de dollars (environs 2,2 milliards DH) qui permet également d’éviter 1,1 million d’émissions de dioxyde de carbone par an. Alors, comment faut-il faire pour appliquer ce programme confié à l’ONEE (Office Nationale de l’Electricité et de l’Eau Potable) qui consiste à remplacer 15 millions de lampes incandescentes de 100 W par des lampes économiques de 20 W ? L’équation semble difficile pour équiper les 4,4 millions de ménages marocains qui comptent chacun une moyenne de 9,7 lampe par maison.

En effet, si 35% d’entre eux ont sauté le pas en s’équipant en lampes économiques, les 65% restants représentant 2,9 millions de ménages n’ont par contre jamais essayé. Le prix de la lampe économique est dissuasif pour certains ménages. Un prix moyen unitaire de 15 DH, à multiplier par 9, en fait réfléchir plus d’un. Comment l’ONEE devra alors faire pour convaincre ces réfractaires? Le programme des Nations Unies pour l’environnement a une solution toute faite… pour les abonnés à la fourniture d’électricité de l’ONEE. Il suggère à l’Office d’acheter des lots de 5 millions à 10 millions de lampes économiques pour bénéficier des économies d’échelle et ainsi faire baisser le prix.

Puis, l’ONEE propose à ses ménages/clients de leur installer individuellement les lampes économiques qu’ils paieront à travers un prélèvement mensuel d’un montant de 1 DH jusqu’à la récupération des coûts des lampes et de l’installation. Supposons que l’ONEE accepte d’engager cette démarche, est-ce que les gestionnaires délégués des fournitures d’électricité joueront ce jeu ? De ce côté-là où le business est roi, ce n’est pas sûr du tout ? 


A propos du Programme En.lighten

L’électricité utilisée pour l’éclairage représente environ 15% de la consommation mondiale d’électricité et 5% des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES). Un passage à l’éclairage efficace sur le réseau et hors réseau permettrait d’économiser plus de 140 milliards de dollars et de réduire les émissions de CO2 de 580 millions de tonnes par an. Peu d’actions pourraient réduire les émissions de carbone aussi facilement et à moindre coût que l’élimination de l’éclairage inefficace, ce qui en fait l’une des façons les plus efficaces et économiquement avantageuses de lutter contre le changement climatique. C’est pourquoi, les pays d’Afrique, d’Asie, d’Europe, de l’Amérique latine, des Caraïbes et du Moyen-Orient se sont joints au Programme Global efficient lighting partnership En.lighten pour cibler l’élimination des lampes à incandescence inefficaces à fin 2016.


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