Les Cahiers des ÉCO

COP23 : Le Maroc passe le témoin aux Îles Fiji

Le Comité de pilotage de la COP22 exhorte son homologue fijien à travailler suivant la même approche, c’est-à-dire : réfléchir sur les chaînes de valeur en impliquant les différents ministres concernés, maintenir et renforcer les quatre nouvelles thématiques introduites par le Maroc et tout faire pour que l’agenda de l’action et les négociations n’entrent pas en conflit mais soient plutôt complémentaires.

Ils ont fait 35 heures de vol pour arriver au Maroc. Ils devront également en faire autant pour retourner chez eux. Entre-temps, ils sont très contents d’avoir fait ce déplacement stratégique au Maroc qui leur a permis d’y voir plus clair sur l’organisation de la COP22, même si le rapport final de cette rencontre mondiale, tenue du 7 au 18 novembre dernier à Marrakech, ne  sera publié qu’à la fin de ce mois de février. Il s’agit des Fijiens, membres du comité d’organisation de la COP23, prévue à Bonn (Allemagne) en novembre prochain. Conduits par leur champion pour le climat Inia Batikoto Seruiratu, également ministre de l’Agriculture et du développement rural et maritime et Deo Saran, ambassadeur Climat des Fiji, ils sont venus au Maroc sur invitation du Comité de pilotage de la COP22 pour, en quelque sorte, prendre le témoin des mains de l’équipe de Salaheddine Mezouar. Le président du Comité de pilotage de la COP22, qui est l’instigateur de la  rencontre de cette semaine à laquelle il a également convié les membres de la société civile, n’était certes pas là. En tournée avec le roi en Afrique, il a quand même tenu à souhaiter la bienvenue et plein succès à ses invités à travers une vidéo diffusée à l’ouverture des travaux de la rencontre, une première à inscrire dans les annales de la Convention-cadre des Nations Unies pour le changement climatique (CCNUCC).

En effet, «c’est la première fois dans l’histoire de l’organisation de la COP que le Comité de pilotage écoute en direct les doléances des acteurs pour les intégrer dans son agenda d’actions», a déclaré Hakima El Haite, Championne Climat du Maroc et ministre déléguée auprès du ministre de l’Énergie, des mines, de l’eau et de l’environnement chargée de l’Environnement, dans son allocution prononcée après le mot de bienvenue de Mezouar. El Haite se réjouit d’autant de cette initiative que les organisateurs fijiens de la COP23 ont tendu l’oreille aux acteurs de la société civile qui représentent 80% des décisions prises par les acteurs non-étatiques. Selon elle, cet égard accordé aux acteurs non-étatiques est plus que normal. En plus de la légitimité qu’ils ont déjà dans l’Accord de Paris ratifié à ce jour par 130 pays, ces derniers ont pesé de tout leur poids lors de la COP22, jusqu’à même gêner les négociateurs, avant de finir par signer un partenariat qui confirme définitivement leur importance. Poursuivant sur les apports de la COP22 de Marrakech, avant la publication du rapport final, la Championne Climat du Maroc a appris à l’assistance que lors du High Level Event, les acteurs non-étatiques se sont engagés devant tout le monde comme les NDC (Contributions nationales déterminées).

Par ailleurs, le NDC Partnership a permis d’accompagner les Pays en voie de développement à mieux définir leurs attentes. Marrakech a été également l’occasion d’apporter les outils opérationnels notamment dans la finance climatique où des résultats ont commencé à émerger. C’est le cas dans le cadre de la finance de l’adaptation où un fonds de 100 milliards de dollars (environ 1000 milliards DH) a été mis en place. Last but not least, selon El Haite, «Marrakech a aussi permis de parler du climat à travers un langage que le commun des mortels a facilement compris. En effet, lorsqu’on parle d’adaptation, tout le monde comprend maintenant que l’on s’intéresse à tout ce qui touche à la sécurité alimentaire notamment l’eau, l’agriculture, les océans, etc…». Sur invitation de la Championne Climat du Maroc, Seruiratu, Champion Climat des Îles Fiji, s’est adressé à l’assistance d’abord en remerciant le Comité de pilotage de la COP22 et le Maroc d’avoir organisé cette réunion qui revêt une grande importance pour lui et les membres de la délégation qui l’accompagnent. Ensuite, il a ajouté que «l’échange d’informations entre les seuls membres des deux comités de pilotage de la COP 22 et de la COP23 aurait peut-être suffi. Mais le fait d’associer les neuf réseaux d’acteurs non-étatiques accrédités auprès de la CCNUCC est à la fois une grande marque de générosité mais également une façon de nous indiquer la voie notamment en nous disant que le travail vers la COP23 de novembre prochain commence maintenant».

Avant de donner la parole aux acteurs de la société civile venus présenter leurs doléances pour la COP23, la ministre déléguée à l’Environnement a fait part de ses attentes par rapport à l’organisation de la COP23. «Nous avons mis en place le socle qui comprend tous les engagements pris par les acteurs non-étatiques ainsi que les initiatives concernant le Nord, le Sud et les insulaires. Il faut désormais œuvrer à tout faire basculer vers les NDC qui sont aujourd’hui les seules mesures contraignantes de l’Accord de Paris», a-t-elle lancé à l’endroit de la délégation des Îles Fiji qu’elle exhorte à travailler suivant la même approche que le Comité de pilotage de la COP22. C’est-à-dire d’abord de réfléchir sur les chaînes de valeur en impliquant les différents ministres concernés. C’est-à-dire que sur chacune des thématiques choisies, le Comité de pilotage des Îles Fiji doit impliquer son ministère concerné, lequel doit se concerter avec tous les ministères des parties de l’Accord de Paris pour réfléchir et affiner ses propositions. Ensuite, il s’agira de maintenir et de renforcer les quatre nouvelles thématiques introduites par le Maroc, à savoir : l’éducation, l’innovation et la recherche-développement, la santé et environnement et les déchets.

Enfin, il faut absolument tout faire pour que l’agenda de l’action et les négociations n’entrent pas en conflit mais soient plutôt complémentaires. En tout0 cas, les acteurs de la société civile sont déterminés à se faire entendre à Bonn. Les neuf réseaux d’acteurs non-étatiques accrédités auprès du CCNUCC, en l’occurrence LGMA, YOUNGO, ENGO, BINGO, RINGO, IPO, WOMEN & GENDER, FARMER et TUNGO, presque tous représentés à la réunion de passage de témoin, ont fait part de leurs doléances. D’ailleurs, pour bien se faire entendre, ils ont décidé de se réunir en septembre prochain à Agadir.


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