Conjoncture : Les patrons gardent le moral
La dernière enquête de conjoncture de Bank Al-Maghrib tire la sonnette d’alarme sur une baisse de la production dans différents secteurs industriels. 26% des patrons indiquent ne pas avoir de visibilité quant à l’évolution future des ventes à l’étranger. La rentrée s’annonce donc sous de mauvais auspices …
Les indicateurs n’augurent guère d’une activité pérenne et la dernière enquête de conjoncture de Bank Al-Maghrib tire la sonnette d’alarme sur une baisse de la production dans différents secteurs industriels. Menée en juillet dernier auprès d’un échantillon d’entreprises, cette dernière conclue sur un Taux d’utilisation des capacités de production (TUS) établi à 63%, contre 66% le mois précédent. Avec des ventes en baisse sur pratiquement tous les secteurs sondés, que ce soit sur le marché national qu’à l’export, la conjoncture confirme sa morosité. Les carnets de commandes peinent à se remplir et dans le cas de certains secteurs une stagnation est même perçue comme globalement positive pour limiter la casse. Plus encore, le manque de visibilité plombe le moral des patrons qui sont près de 26% à indiquer ne pas avoir de visibilité quant à l’évolution future des ventes à l’étranger. Le constat est clair, les temps sont durs et la conjoncture est difficile en cette rentrée.
La sonnette d’alarme tirée
Quelques semaines avant la pause estivale, un mémorandum avait, d’ores et déjà, été adressé au gouvernement pour «tirer la sonnette d’alarme» sur une situation économique difficile pour les entreprises. L’Exécutif avait officiellement été saisi par BAM, le GPBM et la CGEM qui ont posé sur la table de Benkirane un mémorandum. La Banque centrale (BAM), la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) et le Groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM) mettaient l’accent sur une situation alarmante marquant une «décélération des crédits bancaires à l’économie». Les trois acteurs partagent en effet la même vision sur les facteurs du ralentissement de l’offre et de la demande du crédit bancaire durant les dernières
années.
Dans le détail il s’agissait, à travers ce document, de relever également un certain nombre de points qui continuent de grever l’activité et la compétitivité des PME. Ces derniers concernent plus particulièrement les délais de paiement, la participation des PME aux marchés publics, le statut de l’auto-entrepreneur, le financement des collectivités territoriales, la création d’un fonds de restructuration des entreprises. La réaction de l’Exécutif est jusque-là très attendue, notamment dans une conjoncture qui semble, en tout point, confirmer sa morosité ce qui devrait grever davantage l’activité de cette catégorie d’entreprises. Sur ce point, certains observateurs s’accordent sur le fait qu’il s’agit d’une spirale qui continue de faire état d’un souci de croissance au moment où l’Exécutif tente de maintenir les équilibres.
Quatre mois à tenir
Globalement, malgré la morosité, les patrons se disent confiants quant à la reprise de l’activité au dernier trimestre de l’année. S’agissant de 2017, les perspectives ne sont, pour l’heure, pas clairement tracées mais à court terme, les mesures d’encouragement destinées à cette catégorie d’entreprises, du moins pour l’année 2017, semblent avoir d’ores et déjà été proposées par le gouvernement actuel. «L’amélioration de la compétitivité de l’économie nationale passe par la mise à niveau du tissu entrepreneurial national et l’intégration du secteur informel», annonce déjà le chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane, dans une note d’orientation adressée aux départements gouvernementaux concernés, dans le cadre de la préparation de la loi des Finances 2017.
Pour assurer la réalisation de cet objectif, le gouvernement propose un certain nombre de mesures pour ne citer que «l’activation de la caisse pour l’encouragement, la création et l’accompagnement des nouvelles entreprises et des projets innovants tout en veillant à garantir l’harmonisation et l’intégration des différents acteurs institutionnels avec pour objectifs d’encourager, d’accompagner et de financer les petites et moyennes entreprises (PME)». C’est en soi une partie de réponse au mémorandum sus-cité. Pour l’heure, contexte électoral oblige, les programmes électoraux des partis devront faire de cette question un enjeu économique crucial.
Le ton est donné. Les premiers programmes qui filtrent laissent entendre que cette catégorie d’entreprises occupe une place stratégique dans l’économie nationale et sa pérennité a un impact économique et social non négligeable, soit du blé à moudre pour les politiciens. Une chose demeure importante, cette question ne devra pas faire l’objet de surenchère en ce sens que son caractère stratégique et son impact économique et social ne permettent pas d’en faire un simple outil électoral. La conjoncture est difficile et redresser la barre, en va de la survie de nombreuses entreprises.