Les Cahiers des ÉCO

CIH Bank divise les analystes

En attendant les retombées positives du programme de développement de la Banque désormais «universelle», les analystes de la place restent sur leurs gardes quant à la valeur en Bourse…

Accaparant une part de marché de 3% en dépôts à la clientèle et de 4,4% en crédits à la clientèle, CIH Bank a affiché des réalisations contrastées au terme du premier semestre 2017. Celui-ci a été marqué principalement par un résultat net part du groupe en repli de 32,3% à 122,1 MDH comparativement à la même période de l’année précédente et ceci suite au dénouement d’un contrôle fiscal portant sur les années 2013 à 2015. Toutefois, les analystes de la place restent confiants quant à l’avenir du groupe. Pour eux, le changement de business modèle du CIH Bank, qui passe d’une banque spécialisée en immobilier à un groupe financier universel, demeure une décision stratégique génératrice de profits sur le long terme. D’ailleurs, le groupe est bien décidé à mener à terme son processus de désengagement du secteur hôtelier en lançant un appel à manifestation d’intérêt pour la mise en vente du complexe hôtelier comprenant le Tivoli d’Agadir, une des dernières unités hôtelières encore sous son giron. Ceci étant, ce changement a assurément un certain coût. Un constat relevé par les analystes qui pointent les résultats du groupe.

En effet, durant cette phase de développement, la charge de risque ainsi que les charges d’investissement commencent à peser sur la rentabilité financière de la banque. Au 30 septembre 2017, le résultat d’exploitation de CIH Bank a reculé de 21,8% à 312,95 MDH, à cause des charges générales d’exploitation qui ont connu une hausse d’un peu plus de 40% à 912, 11 MDH. Une contraction imputée également à un coût du risque resté quasi stable à 185 MDH (contre 189,9 MDH). Pourtant, pour ces professionnels du marché, le groupe aurait une capacité à absorber ces charges – via une amélioration de sa profitabilité – compte tenu de son nouveau plan stratégique axé sur la diversification. En effet, la banque a mis en place un nouveau plan d’entreprise 2016-2020, dont l’objectif central est la consolidation du nouveau positionnement du CIH Bank en tant que banque universelle. Dans ce sillage, la banque a commencé à développer de nouvelles lignes métiers, notamment les activités de marché, la bancassurance et la banque participative (Umnia Bank dont l’activité a démarré en mai 2017). Si les analystes regrettent une politique d’expansion du groupe à l’international, plusieurs opportunités présentant un certain potentiel de croissance sont avancées. Notamment cette volonté de développer d’autres activités de marché, le peu d’exposition directe sur les dossiers problématiques de la place ou encore le potentiel de développement important des OPCI (soit un gisement de 200 MMDH d’actifs immobiliers).

L’évolution de la demande de crédit (+1,1% en y-t-d) ainsi que la libéralisation des changes progressive qui devrait doper la rentabilité des banques marocaines, représentent également des relais de croissance pour le groupe. Par ailleurs, le maintien du niveau de dividende (14 DH/action) – malgré ses engagements en termes d’investissement – a permis à la valeur CIH Bank d’afficher un niveau de rendement intéressant et largement supérieur aussi bien à la moyenne du secteur que du marché. Une politique de dividende plus au mois généreuse (comparativement aux autres opérateurs du secteur) que la banque entend maintenir compte tenu de son niveau de fonds propres confortable (au terme du premier semestre 2017, le ratio de solvabilité s’est établi à 17,8% sur une base sociale). Le titre, qui s’échange actuellement à 287 DH (cours du 19/01/18), peine toujours à remonter la pente. Si le cours a pris 0,35%  depuis le début d’année, il a par contre perdu 4,33% depuis janvier 2017.


Ranya Gnaba
Analyste chez AlphaMena

La fin de l’année 2017 a été décevante pour CIH, où l’action a perdu près de 9% sur les six derniers mois. Notre opinion négative s’est concrétisée. CIH se traite à 20x ses bénéfices attendus pour 2018 contre une moyenne de 18x pour son benchmark (6 banques marocaines couvertes par AlphaMena). La dégradation de la rentabilité est le souci majeur du CIH, alimentée par l’accroissement du coût du risque. Les provisions sur les six premiers mois 2017 s’élèvent à 152,185 MDH, soit 15,5% du PNB. L’accroissement du coût du risque, couplé à la dégradation du coefficient de l’exploitation, divise le RN du S1 2017 par deux comparé à l’année dernière. CIH pâtit également de la concurrence acharnée qui affecte ses efforts de collecte. La banque a vu son ratio dépôts/crédits se dégrader à 72% suite à la baisse de ses dépôts de 2,2% par rapport à fin 2016. Cette situation pousse la banque à s’orienter vers des ressources plus coûteuses, notamment les emprunts subordonnés éligibles aux fonds propres. Les emprunts de la banque financent désormais 22,2% de son actif contre 15,4% en 2008. Nous réitérons notre avis défavorable sur le titre justifié par les difficultés persistantes de CIH ainsi que sa position marché, faiblement compétitive.


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