Les Cahiers des ÉCO

Assurances : Le potentiel ne manque pas

Le secteur des assurances poursuit sa forte croissance, tant au niveau national que régional. Les compagnies marocaines tentent, de plus en plus, d’asseoir leurs positions sur le continent africain en vue de tirer profit de la dynamique que connaît le secteur dans les pays subsahariens. 

Durant quelques années, le Maroc a réussi à s’imposer comme l’un des trois plus grands marchés africains de l’assurance. Bénéficiant d’une stabilité politique, et d’écosystèmes mis en place encadrant le secteur de l’assurance et de la réassurance. De même, le secteur a su profiter d’un marché à faible pénétration. Déjà, le cabinet Schanz, Alms & Company, dans son récent rapport «African Pulse 2016», positionnait clairement le Maroc parmi les trois marchés africains qui réalisent une forte croissance, aux côtés du Nigéria et du Kenya. En effet, avec des primes annuelles émises de l’ordre de 3,1 milliards de dollars en 2015, le Maroc se classe comme deuxième marché de l’assurance en Afrique après l’Afrique du Sud.

Au niveau continental, le royaume est classé deuxième plus grand marché des assurances, après l’Afrique du Sud, qui, en dépit de sa première place, est perçue comme un marché qui affronte de nombreux défis et problèmes liés notamment au ralentissement de la croissance économique et sa vulnérabilité aux fluctuations des cours des matières premières, observe le cabinet. Cette embellie que connaît le secteur des assurances marocain, revient notamment aux efforts déployés par les autorités marocaines visant à renforcer le secteur des assurances au Maroc, dont l’instauration d’un contrat-programme spécifique aux assurances, visant notamment la protection et l’élargissement de la couverture des populations et des actifs économiques (notamment les indépendants et les étudiants, ainsi que les PME et TPE), le financement de l’accélération du développement économique et social du pays et le renforcement du secteur des assurances qui reste encore fragile techniquement, par l’amélioration des procédures d’indemnisation et la mise en place de dispositifs de prévention et d’un médiateur en assurance.

Sur un volet juridique, et en vue d’accompagner le développement de l’industrie de l’assurance au Maroc, le régulateur a jugé nécessaire d’initier des réformes des textes législatifs régissant le secteur. Ainsi, plusieurs avancements ont été réalisés dans ce sens durant l’année 2016, notamment l’adoption, par la Chambre des conseillers, de la loi 59-13 portant modification du Code des assurances. Ce dispositif prévoit principalement l’instauration du principe de solvabilité basée sur les risques, et la mise en place d’un cadre légal pour l’assurance Takaful, ainsi que l’élargissement des assurances obligatoires, dont celle du BTP et construction. Ajoutons également l’adoption par la Chambre des représentants de la loi 110-14 portant sur la création du régime de couverture des conséquences d’évènements catastrophiques. Sans négliger le déploiement de la circulaire encadrant les relations entre intermédiaires d’assurance et compagnies d’assurance et fixant les modalités relatives à l’encaissement des primes et au paiement des sinistres.

Le secteur en chiffres
L’évolution de l’activité de l’assurance, au titre du premier semestre de l’année 2016, confirme le potentiel de croissance de cette industrie au Maroc. En effet, selon le rapport annuel d’Upline Securities «Upline Yearly», les primes émises brutes se sont hissées à 18,4% à 20 MMDH. Le premier contributeur de cette forte croissance demeure, sans aucun doute, le segment Vie qui a enregistré une progression de 49,3% à 7,8 MMDH. Notons que cette performance intègre le nouvel entrant du secteur, à savoir la mutuelle Taamine Chaabi, filiale du Groupe BCP, relèvent les analystes d’Upline. De son côté, le chiffre d’affaires Non Vie a affiché une progression de 5,6% à 12,2 MMDH, porté principalement par l’Automobile, qui a marqué une progression de 4,7%, atteignant un montant global de 5,7 MMDH. Notons que ce segment (Automobile), tire profit de la dynamique actuelle des ventes automobiles au Maroc, qui se sont hissées de 34,3%, à l’issue du premier semestre de l’année 2016. De même, deux autres branches ont porté la croissance de l’activité Non Vie, à savoir les accidents corporels et l’Assistance-Crédit-Caution, marquant des hausses respectives de 9% et 14,9% pour des montants avoisinant le 1,9 MMDH et 914,9 MDH. Du côté de la part de marché, le top 3 des sociétés d’assurance, opérants dans le secteur, reste le même, à savoir Wafa Assurance, Royale Marocaine d’Assurance, et Axa Assurance Maroc, pour des parts respectives de 18,8% , 16,3%, et 11,4%.

L’Afrique, un relais de croissance
Par ailleurs, d’après le même rapport du cabinet Schanz, Alms & Company, les compagnies marocaines arrivent de plus en plus à se frayer une place dans le marché d’Afrique subsaharienne, une ouverture qui leur permet de conquérir de nouveaux marchés et asseoir leur positionnement dans le continent. Déjà le rapport précise que cette ouverture est suivie avec intérêt à l’échelle internationale, soulignant le rôle positif que jouera Casablanca Finance City, en tant que hub et plateforme financière vers l’Afrique, notamment l’Afrique de l’Ouest.

En effet, l’Afrique subsaharienne représente pour les compagnies d’assurances marocaines un relais de croissance, face à un marché marocain de plus en plus concurrentiel. C’est le Groupe Saham qui a montré la voie en acquérant en 2010 le Groupe Colina, présent dans 13 pays africains, avant d’accentuer sa présence sur le continent en multipliant les acquisitions pour être désormais présent dans 22 pays, via 40 filiales. Pour faire face à ce développement rapide, le groupe a noué des partenariats capitalistiques avec des institutions de renom dont SFI, Abraaj Capital et Wendel. De son côté, Wafa assurance a entamé son développement à l’international par la Tunisie en créant une filiale spécialisée dans l’assurance Vie, Attijari Assurance. En Afrique subsaharienne, après l’échec de l’acquisition de l’assureur Safa en Côte d’Ivoire, la filiale d’assurance d’Attijariwafa bank s’est déployée en 2014 au Sénégal en créant deux compagnies, Wafa Assurance Vie S.A et Wafa Assurance S.A, avec l’ambition de devenir un acteur majeur de l’assurance au Sénégal en s’appuyant sur les réseaux de sa maison mère, à travers CBAO et Crédit du Sénégal, filiales bancaires du Groupe Attijariwafa bank.

Pour sa part, RMA Watanya du Groupe FinanceCom a démarré son développement à l’international, en signant un partenariat avec le Groupe Beneficial Life Insurance Company (BLIC), mettant ainsi les pieds au Cameroun, en Côte d’Ivoire et au Togo. La compagnie a émis son souhait de s’implanter dans une quinzaine de pays, via des acquisitions ou des opérations de «Greenfield», à l’horizon 2020. Ces filiales s’appuieront sur les réseaux de BMCE Bank et sa filiale africaine Bank Of Africa. Ainsi, les trois acteurs leaders comptent dupliquer, en Afrique subsaharienne, le modèle qu’ils ont réussi à mettre en place avec succès au Maroc, tout en s’appuyant sur l’expertise et le positionnement des banques marocaines en Afrique de l’ouest et centrale.

Perspectives, les analystes confiants
Malgré l’impact combiné du contrôle fiscal pour Saham Assurance (130 MDH), et du provisionnement par Wafa Assurance de la deuxième moitié de l’obligation Samir, pour un montant total de 50 MDH, l’année 2016 serait une année de croissance pour le secteur «coté» des assurances. D’après les mêmes analystes, le secteur devrait profiter de la bonne orientation des activités (Vie et Non Vie) ainsi que de la performance exceptionnelle du marché action en 2016, avec une hausse de 30,46%.

En termes de chiffres, le rapport d’Upline prévoit une croissance de 8,1% du chiffre d’affaires sectoriel, pour atteindre un montant de près de 14 MMDH et un Résultat net part du groupe d’1,3 MMDH, en progression de 4,1% par rapport à 2015. Du côté des perspectives toujours, l’industrie de l’assurance dispose de bons fondamentaux pour accélérer son développement, avec notamment un cadre réglementaire de plus en plus adapté aux besoins du secteur, ainsi qu’un fort potentiel de croissance, compte-tenu d’un taux de pénétration relativement faible, à 3,1%, d’après les analystes d’Upline.  


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