Les Cahiers des ÉCO

4e Forum Afrique Développement : Des idées et du business !

Le 4e Forum Afrique Développement a réuni 2.000 participants à Casablanca. Ce rendez-vous, désormais annuel, s’impose comme une plateforme de concrétisation de business entre les acteurs économiques du continent, mais aussi comme un cadre de réflexion pour soutenir l’action des gouvernements.

La 4e édition du Forum Afrique Développement a tenu toutes ses promesses. Cet événement, de deux jours, tenu les 25 et 26 février à Casablanca, a mobilisé quelque 2.000 opérateurs venus d’une vingtaine de pays africains et d’ailleurs pour parler business. À en croire les chiffres fournis par les organisateurs, quelque 4.800 rendez-vous B to B ont eu lieu durant cette manifestation qui a désormais atteint sa phase de maturité. «L’agroalimentaire, les BTP et Génie civil, et le Commerce et distribution, ont été les secteurs qui ont compté le plus de demandes de partenariat entre acteurs économiques présents à cette édition du forum», indique le comité d’organisation dans un communiqué final publié à l’issue de la manifestation. Les panels assurés par de hautes personnalités publiques et des acteurs économiques de premier plan dans leurs domaines respectifs, se sont intéressés à des thématiques en vogue sur le continent.

Des paroles aux actes
Il était question de «transformation agricole» pour, non seulement atteindre l’autosuffisance alimentaire, mais aussi le développement économique. L’électrification des pays africains, dont le taux tourne encore autour de 20%, a également été une des questions clés soulevées lors de cette rencontre. Et sur ce volet, il faut reconnaître que les idées et les fonds ne manquent pas pour faire du continent une région éclairée. «L’un des principaux défis est de passer des déclarations de bonnes intentions à la concrétisation des projets. En Afrique, on parle beaucoup, mais on concrétise peu», a asséné, en substance l’économiste Alassane Ba, du Fonds Africa50, initié par la Banque africaine de développement (BAD).

Entrepreneuriat
L’autre thématique phare, discutée lors de cette 4e édition, concerne l’entrepreneuriat des jeunes africains. À ce propos, la présence à cet événement du Tycoon nigérian, et non moins patron de la banque UBA, Tony Elumelu, a été interprétée comme un signal fort pour un partenariat Sud-Sud naissant afin de régler les problèmes liés au soutien des projets portés par les jeunes. Les différentes expériences proposées lors des débats permettront, à coup sûr, de donner plus de visibilité aux sphères décisionnelles dans leur lutte pour l’émergence africaine. En effet, à l’instar des éditions précédentes, l’ensemble des recommandations seront retranscrites dans un 4e «Livre Blanc», destiné aux décideurs publics et gouvernementaux. 

Mathieu Mboumba Nziengui
Ministre de l’Agriculture et de l’entrepreneuriat agricole du Gabon

La promotion d’une agriculture familiale et durable sur le continent africain est liée à l’électrification du monde rural.

Salahedine Mezouar
Ministre des Affaires étrangères et de la coopération

Pour nous, le partenariat Sud-Sud n’est pas un slogan. C’est une nécessité. Ce discours n’exclut personne. Ce que nous proposons, c’est de sortir de l’Afro-pessimisme vers un cadre de coopération et de partage pour construire notre avenir commun.

Tony Elumelu
Président de Heirs Holdings, UBA Plc et Transcorp Plc

Nous avons besoin d’investissements et nous avons besoin de développement en Afrique. J’ai décidé que je devais être ici pour participer à une telle initiative de mouvement vers l’avant. Je l’appelle l’Africapitalisme.

Jean-Louis Borloo
Président de la Fondation : «Énergies pour l’Afrique»

Dans l’histoire des hommes, il y a des moments, des rencontres et des occasions et ce forum en est une. La tenue de ce forum est absolument décisive ; il se situe à mi-chemin entre la COP21 et la COP22.


 

AZUR S.A. du Cameroun en tête des «Trophées de la Coopération Sud-Sud»

C’est devenu un des moments forts du Forum Afrique Développement. La cérémonie de remise des «Trophées de la Coopération Sud-Sud» est, en effet, très attendue lors de chaque édition. Cette année, le premier prix a été décerné à AZUR S.A., société de savonnerie et d’huile de cuisine raffinée, basée au Cameroun. Les deuxième et troisième prix ont été remportés, respectivement, par Teyliom Properties Sénégal, société spécialisée dans la promotion et la gestion immobilière au Sénégal et par Onetech Group Tunisie, entreprise spécialisée dans la câblerie, la mécatronique et les télécoms en Tunisie. Présidente du jury des «Trophées de la Coopération Sud-Sud», Ouided Bouchamaoui, patronne de l’Union tunisienne du commerce, de l’industrie et de l’artisanat), a déclaré : «Le monde a son Davos, l’Afrique a son Forum international Afrique Développement. Il faudra désormais compter avec ce Forum devenu un rendez-vous incontournable pour l’ensemble des opérateurs africains». En plus de Ouided Bouchamaoui, le jury était constitué des présidents de patronats africains.


 

Mohamed El Kettani
PDG d’Attijariwafa bank

«Lancer une banque maroco-algérienne»

Les Inspirations ÉCO : Le Groupe Attijariwafa bank se positionne-t-il désormais comme acteur majeur de la croissance en Afrique?
Mohamed El Kettani : Nous essayons modestement de contribuer, au même titre que d’autres groupes, à construire et à édifier de nouveaux modèles de croissance économique pour le continent. Cette croissance vise à fixer une partie de la chaîne de valeur ajoutée au niveau du continent. Le modèle de l’exportation brute des matières premières a démontré ses limites et est révolu. Il ne permet pas à l’Afrique de se développer et d’inclure ses populations dans sa croissance économique. Dans son discours fondateur à Abidjan, le souverain avait dit que «l’Afrique doit faire confiance à l’Afrique». Le continent doit compter sur ses potentialités, investir dans l’industrialisation et valoriser ses matières premières. C’est ainsi que nous créerons des emplois et parviendrons à une croissance durable.

Comment Attifariwafa bank entend-elle poursuivre son développement en Afrique?
En l’espace de 8 ans, nous avons acquis 13 banques dans 13 pays africains. Je crois que ce qui a été fait jusque-là est relativement positif. Nous avons pu transformer ces banques et les mettre à niveau dans le cadre de la gouvernance du groupe. Plus encore, nous leur avons alloué les ressources nécessaires pour investir davantage dans la bancarisation. Chaque année, nous avons des programmes d’extension de notre réseau afin d’être très proches des classes moyennes, des TPE et PME africaines. Car, jusqu’à présent, les banques internationales qui se sont installées en Afrique ne se sont intéressées qu’aux grandes entreprises et aux multinationales. Les TPE et PME étaient le «parent pauvre» de ce système. Attijariwafa bank est en train de dupliquer et de développer, dans ses pays d’implantation, le modèle que nous avons réussi au Maroc. Ceci fait que chaque année, nous doublons notre réseau bancaire dans un certain nombre de pays. Avec 3.400 agences sur le continent, nous sommes le premier réseau bancaire en densité et en proximité.

Quelles sont les futures acquisitions prévues par le groupe?
Pour l’avenir, d’autres acquisitions sont prévues. Nous avons couvert toute l’Afrique francophone en dehors de l’Algérie. Nous avons soumis une demande d’agrément en Algérie depuis quelques années, et nous espérons une réponse positive des autorités algériennes pour construire une banque maroco-algérienne dans l’intérêt des deux pays. Par ailleurs, nous nous intéressons à la partie anglophone de l’Afrique. 


 

Zahra Maafiri
DG Maroc Export

«Valoriser le label Made in Africa»

Les Inspirations ÉCO : Les objectifs du Forum en termes de mise en relation entre hommes d’affaires du continent sont-ils atteints?
Zahra Maafiri : L’objectif en termes de B to B était de faire mieux que l’année dernière, mais au seul niveau des inscriptions, ce but a été atteint et dépassé. L’année dernière, quelque 4.500 rencontres B to B ont été réalisées. Cette année, nous en avons fait plus (4.800, ndlr). Ce forum a tout son intérêt pour les opérateurs économiques. En Afrique, 433 salons professionnels sont organisés par an, contre 8.900 salons en Amérique du Nord, plus de 2.700 en Europe et 1.900 salons en Asie. C’est dire que nous devons encourager ces événements pour permettre aux hommes d’affaires de se rencontrer. De même, des infrastructures de centres d’exposition sont à construire et des programmations sous-régionales, régionales et continentales sont à harmoniser. Cela nous permettra de valoriser le label «Made in Africa» et de l’asseoir davantage dans le monde.

Quels secteurs étaient les plus représentés lors des B to B?
L’agriculture, la pêche, l’industrie, les services, le conseil sont les secteurs les plus représentés. Nous notons l’engouement des entreprises africaines qui sont venues en force. Notre objectif est de parvenir à un développement du tissu industriel de nos économies respectives. L’ambition de Maroc Export est d’accompagner des projets entre les entrepreneurs marocains et africains sur le continent.

Vous profitez de ce Forum pour tenir une nouvelle réunion des OPC. Quels en sont les objectifs?
Cette 4e édition du Forum est l’occasion de tenir une nouvelle rencontre des organismes de promotion du commerce (OPC) africains. Deux pays font leur entrée dans ce réseau, à savoir l’Île Maurice et le Zimbabwe. J’ai l’insigne honneur de représenter le Maroc et de siéger au comité consultatif du Centre de commerce international basé à Genève. Nous y parlons au nom de tous les OPC africains. Cette réunion à Casablanca dans le cadre du forum est donc consacrée aux résultats de l’étude menée par ce centre. C’est aussi l’opportunité de parler de la préparation de la 11e conférence des OPC qui sera organisée à Marrakech en novembre prochain. Nous espérons l’implication de tous les OPC africains dans cette grande manifestation. 



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