Politique

Parlement mise sur le confinement pour redorer son blason

La Chambre des représentants entend miser sur la communication en ces circonstances exceptionnelles pour se rapprocher de l’opinion publique. Une fenêtre sur le site officiel de la Chambre sera dédiée au recueil des avis, des propositions et des recommandations des citoyens. Il s’agit aussi de prendre en considération les remarques émises par les internautes sur les réseaux sociaux.

Le bureau de la Chambre basse assure que les avis des citoyens seront pris en compte par les différentes composantes politiques dans le cadre des missions parlementaires de contrôle, de législation et d’évaluation des politiques publiques. Il a été constaté que la transmission en direct des travaux de commissions parlementaires a trouvé un écho positif auprès de l’opinion publique et a permis de suivre de plus près «les efforts parlementaires dans la défense des préoccupations des citoyens, de manière générale». Soulignons à cet égard qu’avant le confinement, les travaux de la plupart des commissions parlementaires se déroulaient à huis clos.

L’administration du Parlement brandissait les dispositions de l’article 68 de la loi fondamentale qui dispose que «les réunions des commissions du Parlement sont secrètes». Mais le même article stipule que les règlements intérieurs des deux chambres du Parlement fixent les cas et les règles permettant la tenue de ces commissions par séance publique.

Une option qu’a choisie la Chambre des représentants pendant cette période de confinement. La Chambre des conseillers vient de prendre la même décision alors qu’elle était très attendue sur cette question depuis le début du confinement. Quelques voix au sein du Parlement appellent à garder publiques les réunions des commissions parlementaires permanentes même après le déconfinement pour tisser un lien solide avec l’opinion publique.

Le Parlement espère améliorer son image écornée auprès des citoyens depuis de longues années. Certains parlementaires jubilent car ils ont constaté «que la confiance est en train de renaître dans les institutions et l’action parlementaire». Aussi, estiment-ils, le renforcement de la communication est-il un élément déterminant pour colmater les brèches du pont de communication entre l’institution législative et les citoyens, notamment les jeunes.

Des préalables nécessaires
Mais la communication, à elle seule, est-elle suffisante pour restaurer la confiance perdue? D’aucuns soulignent qu’il faut plusieurs préalables en vue d’atteindre les objectifs escomptés. Certains parlementaires estiment qu’il s’avère nécessaire, en premier lieu, de combattre le fléau de l’absentéisme qui frappe de plein fouet le Parlement, surtout la Chambre des conseillers. Plusieurs lois importantes ont été votées par moins de la moitié des parlementaires, ce qui envoie un signal négatif à l’opinion publique. Aucune mesure n’a encore été prise pour lutter contre le fléau à la chambre haute. Au niveau de la Chambre des représentants, la décision d’appliquer les dispositions du règlement intérieur en matière d’absentéisme a permis de contenir le phénomène sans pour autant y mettre fin totalement. À cela s’ajoute la nécessité d’améliorer l’action parlementaire. À cet égard, une réforme du règlement intérieur s’impose.

La Chambre des représentants se penche depuis des mois sur cette question. Parmi les amendements en vue figure la refonte du système des questions orales, qui devait être actée à partir de cette session parlementaire printanière, selon une source interne. Cette réforme est très attendue pour donner un coup de fouet à cet instrument de contrôle du gouvernement.

À ce titre, la première chambre compte, entre autres, rationaliser la gestion du temps de parole et rendre attractives ces séances publiques, très monotones, qui font l’objet de critiques acerbes tant par les citoyens que les observateurs. Le suivi des engagements du gouvernement n’est pas en reste. Il ne sert en effet à rien d’interpeller le gouvernement qui prend souvent nombre d’engagements au sein de l’hémicycle sans pour autant vérifier la mise en œuvre des promesses gouvernementales. Certes, il existe un mécanisme de suivi des engagements du gouvernement, mais l’expérience démontre la nécessité de l’améliorer, selon certains parlementaires.

Niveau d’instruction
Par ailleurs, à moins d’un an et demi des élections législatives, un débat doit être lancé sur le niveau d’instruction des élus qui reste encore en deçà des aspirations. Une grande responsabilité incombe en la matière aux partis politiques qui octroient les accréditations aux candidats. Comment peut-on améliorer l’efficacité des institutions représentatives sans des profils pointus, dotés des outils et connaissance appropriés? Une question qui se pose avec insistante dans les discussions sur la restauration de la confiance dans les institutions élues.

Certes, le niveau d’instruction de nos élus s’est nettement amélioré au cours des derniers mandats, mais de grands efforts restent à déployer en la matière par les formations politiques pour changer les profils des parlementaires. Au sein de la chambre basse, le quart des députés n’ont pas un niveau supérieur.

Pire encore, on compte toujours des analphabètes parmi nos élus: 1,27% des 395 représentants de la Nation sont analphabètes, 4,56% ont un niveau primaire et 19,49% un niveau secondaire, selon les données officielles de la Chambre des représentants. Des chiffres qui font froid dans le dos et ternissent davantage l’image de l’institution législative, déjà entachée auprès de l’opinion publique. Difficile de croire qu’un député analphabète ou ayant un niveau d’instruction primaire ou secondaire pourrait accomplir comme il se doit ses missions de législation, de contrôle et de diplomatie parlementaire.

 


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