Politique

Gouvernement : les priorités du trio de la majorité

Les trois partis de la majorité planchent désormais sur l’élaboration de la feuille de route gouvernementale sur la base de leurs programmes électoraux. Aziz Akhannouch s’engage à choisir des profils compétents et crédibles.

Comme attendu, le chef du gouvernement désigné a opté pour une majorité gouvernementale «restreinte», composée de trois partis politiques arrivés en tête des élections : le RNI, le PAM et l’Istiqlal. Un choix qu’explique Aziz Akhannouch par la nécessité de respecter le verdict des urnes et la volonté populaire, d’une part, et le souci d’assurer l’équilibre entre la majorité et l’opposition, d’autre part, en vue de promouvoir l’efficacité de l’action du gouvernement et de celle du Parlement.

Le chef de l’Exécutif estime que les ambitions des autres partis politiques d’intégrer le gouvernement sont légitimes pour plusieurs considérations, mais encore faut-il veiller à ne pas concentrer l’ensemble des forces politiques au sein du gouvernement. Allusion faite principalement à l’USFP qui a annoncé son positionnement dans les rangs de l’opposition, à la veille de l’annonce officielle de la nouvelle majorité gouvernementale. La prochaine étape consiste à se mettre d’accord sur le programme gouvernemental, ainsi que l’architecture du nouvel Exécutif et la distribution des portefeuilles ministériels.

À cet égard, Akhannouch entend accélérer la cadence des tractations pour former son équipe gouvernementale et la présenter au souverain le plus tôt possible. L’enjeu est de finaliser ce processus avant l’ouverture de la nouvelle législature. Ce pari semble à portée de main du chef du gouvernement désigné, qui laisse entendre que les négociations sur le programme gouvernemental ne seront pas difficiles car les programmes électoraux des trois partis politiques se recoupent et adoptent les mêmes priorités visant à répondre aux attentes des citoyens sur le plan économique et social. Ces documents constitueront la plateforme pour l’élaboration du futur programme gouvernemental auquel les deux alliés du RNI accordent un intérêt particulier.

Le chef de file du parti du tracteur, Abdellatif Ouahbi, souligne que l’enjeu principal au cours de cette étape consiste à proposer des réponses concrètes aux attentes économiques et sociales des citoyens. Même son de cloche auprès du secrétaire général du Parti de l’Istiqlal, Nizar Baraka, qui estime que la nouvelle majorité est désormais appelée à élaborer un programme gouvernemental réformiste prenant en considération les programmes électoraux des trois composantes en vue de répondre aux attentes des citoyens.

Le programme gouvernemental devra prendre en compte aussi les orientations du Nouveau modèle de développement à travers l’adoption dans les plus brefs délais du pacte national pour le développement, comme le souligne le chef du gouvernement désigné. Pour sa part, le patron de l’Istiqlal tend à ce que l’action gouvernementale ait un impact positif sur la gestion territoriale, d’autant plus que le trio politique détient les commandes des conseils régionaux et d’une grande partie des conseils communaux.

Fidèle à lui-même, Nizar Baraka soulève, par ailleurs, une question de la plus haute importance qui constituera un défi majeur pour le prochain gouvernement : la nécessité de trouver un équilibre entre le seuil élevé des attentes des citoyens et les marges de manœuvre limitées de l’État, surtout dans la conjoncture actuelle marquée par les répercussions de la crise sanitaire. Les enjeux sont en effet de taille, compte tenu de la nature des promesses électorales des trois partis politiques.

En tout cas, Akhannouch reste optimiste. Il estime que l’impact du nouveau programme gouvernemental sera palpable dès les premiers jours. La nouvelle majorité est très attendue non seulement sur ses engagements gouvernementaux, mais aussi sur la nouvelle composition du gouvernement. Les trois alliés se mettront-ils d’accord sur la formation d’un gouvernement ramassé ? Une interrogation qui reste pour le moment en suspens. Akhannouch et ses alliés n’ont pas fait référence à cette question stratégique, lors du point de presse qu’ils ont tenu pour l’annonce de la formation de la coalition gouvernementale.

Avec trois partis seulement, d’aucuns soulignent que le chef du gouvernement désigné peut relever ce pari. Le choix de profils des nouveaux ministres est un autre enjeu que devront relever les secrétaires généraux des trois partis politiques. Akhannouch s’engage à proposer des noms à la fois compétents et crédibles. Ouahbi et Baraka abondent aussi dans la même veine. La mission des trois secrétaires généraux ne sera pas de tout repos au niveau interne. Ils devront en effet gérer les ambitions des dirigeants de leurs partis. Ouahbi estime qu’il s’agit d’une grande responsabilité qui devra être tranchée par les trois alliés. 

Une opposition forte

La nouvelle carte politique est désormais connue. L’opposition sera renforcée par le nouveau positionnement de l’Union socialiste des forces populaires. Le parti de la rose qui aspirait à participer au gouvernement est visiblement déçu de la décision du chef du gouvernement désigné qui ne lui a pas tendu la main, contrairement aux attentes. Le premier secrétaire de l’USFP, Driss Lachguer, pointe du doigt particulièrement le choix d’intégrer le PAM dans la nouvelle coalition gouvernementale alors que ce parti et le RNI étaient à couteaux tirés.

Il rappelle aussi le rapprochement d’Abdellatif Ouahbi du PJD, à la veille des élections. Lachguer se dit surpris par la composition de la nouvelle alliance gouvernementale, qui n’a pas pris en considération la nature des relations entre les partis politiques, précisant, à cet égard, que l’USFP coordonnait avec l’Istiqlal à la veille des élections et a toujours été très proche du RNI au sein de la majorité. Par ailleurs, le patron des Ittihadis critique vertement l’accord scellé entre les trois partis pour l’élection des instances au niveau régional et local, qui ne prend pas en considération «le pluralisme politique, les spécificités locales et le verdict des urnes».

Jihane Gattioui / Les Inspirations ÉCO



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