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Sécurité alimentaire : les économies émergentes continueront de tirer les marchés agricoles au cours de la prochaine décennie

Les économies émergentes exercent une influence de plus en plus déterminante sur l’évolution des marchés agricoles mondiaux depuis une vingtaine d’années et devraient continuer de même au cours de la prochaine décennie, selon un nouveau rapport de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

Le rapport sur «les Perspectives agricoles de l’OCDE et de la FAO» est la référence mondiale en matière de projections à moyen terme des marchés de produits agricoles. L’édition de cette année, qui porte sur la période 2024-2033, est la 20e de cette publication conjointe. Depuis deux décennies, les deux organisations analysent à travers celle-ci les tendances démographiques et économiques qui sous-tendent l’offre et la demande de produits agricoles, annoncent les modifications de la répartition géographique de la production et de la consommation, et étudient les répercussions à en attendre sur la structure des échanges internationaux, ajoute la même source.

Combler les écarts de productivité
«Les Perspectives sont une précieuse référence au service de la planification stratégique, car elles fournissent une base factuelle et des données solides permettant d’établir des projections quant à l’évolution qui sera celle des marchés de produits agricoles à moyen terme», a souligné le secrétaire général de l’OCDE, Mathias Cormann, cité dans le communiqué.

La décennie à venir, a-t-il souligné, devrait voir augmenter le volume des échanges internationaux entre régions exportatrices nettes et régions importatrices nettes de produits agricoles, avec toutefois des changements, à cette même échelle régionale, résultant de la hausse de la consommation globale en Inde et dans les pays d’Asie du Sud-Est.

«Le bon fonctionnement des marchés agricoles, la réduction des pertes et du gaspillage alimentaires, et l’introduction de formes de production plus productives et moins polluantes vont demeurer indispensables pour garantir la sécurité alimentaire mondiale et assurer aux populations rurales la possibilité d’améliorer leurs moyens de subsistance grâce à leur participation aux chaînes de valeur agroalimentaires mondiales», relève encore Mathias Cormann.

«Les Perspectives confirment qu’il faut appliquer des stratégies propres à combler les écarts de productivité dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, de manière à accroître la production intérieure et le revenu des exploitants agricoles», a déclaré, de son côté, le directeur général de la FAO, Qu Dongyu.

Montée en puissance des pays émergents
L’un des changements notables attendus au cours de la prochaine décennie sera la montée en puissance de l’Inde, de l’Asie du Sud-Est et de l’Afrique subsaharienne et le recul de la Chine, d’après le rapport, relevant que cette dernière, qui comptait pour 28% de la croissance de la consommation mondiale de produits agricoles, halieutiques et aquacoles durant la décennie passée, ne devrait plus en assurer que 11% durant la prochaine, en raison non seulement de la contraction de sa population et du ralentissement de la progression des revenus, mais aussi de la stabilisation des habitudes alimentaires.

L’Inde et les pays d’Asie du Sud-Est devraient contribuer à hauteur de 31% à l’accroissement de la consommation mondiale d’ici 2033, sous l’effet de l’augmentation de la population urbaine et de l’élévation du niveau de vie, d’après la même source, précisant que parmi les régions où les pays à faible revenu prédominent, l’Afrique subsaharienne devrait avoir une part notable à ce même accroissement (18%), ce qui s’expliquera principalement par une hausse de la demande de nourriture induite par l’expansion démographique.

D’après les projections, la consommation totale de produits agricoles, aquacoles et piscicoles (alimentation humaine et animale, biocarburants et autres matières premières industrielles) progressera de 1,1% par an au cours de la prochaine décennie, et la quasi-totalité de cette progression viendra de pays à revenu faible ou intermédiaire. L’apport calorique est en effet attendu en hausse de 7% dans les pays à revenu intermédiaire, essentiellement grâce à la consommation d’aliments de base, de produits de l’élevage et de graisses en plus grande quantité. Dans les pays à revenu faible, il gagnera 4%, ce qui est trop peu pour espérer éradiquer la faim dans le monde d’ici 2030 comme le voudraient les Objectifs de développement durable.

Le défi du gaspillage
D’après les auteurs du rapport, l’accroissement des productions végétales tiendra sans doute bien davantage aux gains de productivité des surfaces cultivées qu’à une extension de ces mêmes surfaces, ce qui aura pour conséquence de faire diminuer l’intensité d’émissions de gaz à effet de serre (GES) de l’agriculture. Il en va de même avec les productions animales, halieutiques et aquacoles, dont la progression résultera, elle aussi, en grande partie, des gains de productivité, même si l’expansion des troupeaux y aura également sa part.

«On estime donc que les émissions directes d’origine agricole progresseront de 5 % au cours de la période de projection», relèvent-t-ils.

Pour eux, malgré les avancées attendues, dans les pays les moins productifs d’Afrique et d’Asie notamment, de nets écarts devraient subsister sur le plan de la productivité, qui fragiliseront les revenus agricoles et la sécurité alimentaire et rendront ces pays plus dépendants vis-à-vis des importations, notant que les écarts technologiques, la faible utilisation d’intrants et les conditions climatiques naturelles sont quelques-uns des grands facteurs qui déterminent les disparités au regard de la productivité agricole. Les Perspectives de cette année comprennent un scénario simulant les effets d’une réduction de moitié, à l’horizon 2030, des pertes alimentaires le long des chaînes d’approvisionnement et des gaspillages au niveau de la distribution et des consommateurs.

Ce scénario laisse entrevoir la possibilité d’une diminution de 4% des émissions mondiales de GES de l’agriculture, qui se répartirait de manière relativement homogène entre les pays indépendamment de leur niveau de revenu. Il permet d’escompter, en outre, une baisse des prix se traduisant par une augmentation de la ration alimentaire dans les pays à faible revenu (+10%) et dans les pays à revenu intermédiaire (+6%), avec pour conséquence de faire échapper 153 millions d’individus à la sous-alimentation (– 26%) d’ici 2030.

Sami Nemli Avec Agence / Les Inspirations ÉCO


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