Monde

Sanctions de l’UE contre la Russie : une marge de manœuvre restreinte

Les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne ont débattu hier, lundi 18 juillet, d’un durcissement des sanctions contre la Russie. L’occasion d’adopter la septième vague de sanctions contre Moscou (qui vise principalement l’or Russe), depuis le début de la guerre en Ukraine.  

Le 23 février, à la veille de l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe, le Conseil de l’Union européenne adoptait le premier paquet de sanctions contre la Russie. Depuis, d’autres mesures ont été prises pour tenter d’empêcher Moscou de financer son effort de guerre. Ces dernières touchent, notamment, le secteur financier dont les transactions sur les avoirs et réserves de la Banque centrale de Russie.

Des restrictions ont également été décidées sur les achats de dette souveraine russe et les flux financiers, ainsi que sur l’exclusion de certains établissements bancaires du système de messagerie sécurisée SWIFT. À cela, s’est ajouté le sixième paquet de sanctions adoptées en juin dernier, portant sur l’interdiction de 90% des importations de pétrole russe d’ici fin 2022.

L’Allemagne, très dépendante énergétiquement de la Russie, a cédé et a déjà réduit des deux tiers la part de ses importations de pétrole russe depuis février. Des embargos sur le charbon, tout comme le gel des avoirs dans l’Union européenne de plus d’un millier d’oligarques russes, ont également été actés. Ce septième volet de sanctions touchera principalement l’interdiction d’achat d’or russe, ce qui permettra de couper un nouveau canal de financement de la guerre, la Russie étant le deuxième producteur d’or au monde, derrière la Chine.

Ces sanctions ont-elles produit les effets escomptés ?
Vendredi, le premier ministre hongrois, Viktor Orban, a accusé l’Union européenne de s’être «tiré une balle dans les poumons» avec les sanctions contre la Russie. «Bruxelles croyait que la politique des sanctions pénaliserait les Russes, mais elle nous pénalise encore plus», a déclaré Viktor Orban. La Hongrie importe 65% de son pétrole et 80% de son gaz de Russie, et les prix de l’énergie pourraient augmenter «considérablement», a averti le vice-chancelier allemand. Le commissaire européen à l’Économie, Paolo Gentiloni, a estimé que les sanctions frappaient, au contraire, en plein cœur l’économie Russe.

Les experts s’accordent à dire que les premiers vrais dégâts sur l’économie russe sont attendus pour l’automne prochain. Mais contrairement aux prévisions initiales, la baisse cumulée du PIB devrait être plus proche de 15% que de 25%, car la structure même de l’économie russe, contrôlée à 70% par l’État, l’aide à s’adapter. Côté européen, les effets négatifs ne sont pas négligeables : en 2021, la Russie était le cinquième partenaire commercial de l’UE. D’ici la fin de l’année, 65% des importations russes par l’Union européenne seront concernées par ces sanctions.

Il faudra donc se diversifier pour ne pas pénaliser les chaînes de production européennes, déjà mises à mal depuis deux ans. Et avec la hausse des prix de l’énergie, les enjeux politiques seront de plus en plus importants pour les chefs d’État européens, qui mettent déjà en place des mesures en faveur du pouvoir d’achat.

Deux avantages de poids face à la Russie
L’Europe bénéficie d’une importante intégration commerciale qui lui confère une certaine indépendance économique. L’autre avantage de l’Europe, c’est son poids économique. L’Union européenne est la 2e puissance économique au monde et les échanges au sein du marché unique restent plus importants en volume que ceux entre l’UE et le reste de ses partenaires extérieurs.

Mais certains pays restent dépendants de la Russie, et Moscou, qui a coupé le robinet du gaz, pense que l’Union européenne va s’épuiser à force de sanctions. Les Européens s’accordent sur le fait que l’hiver sera difficile. Le soutien de l’opinion publique tient pour le moment, mais le sentiment se répand de plus en plus que ce sont les Européens qui paient aujourd’hui pour ces sanctions, plutôt que les Russes.

Sami Nemli / Les Inspirations ÉCO


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