Moyen-Orient : Antony Blinken réitére l’appel américain à la retenue
Le foisonnement des violences fait craindre un nouvel engrenage de la violence entre Israël et l’Autorité palestinienne. Pour bon nombre d’experts, la marge de manœuvre du secrétaire d’État américain paraît limitée.
Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a discuté, lundi 30 janvier au Caire, de «désescalade des tensions» avec le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, avant de se rendre à Jérusalem et Ramallah, en pleine exacerbation des affrontements entre Palestiniens et Israéliens. Cette visite, prévue de longue date, a pris une tournure différente avec une nouvelle spirale de violence entre les deux belligérants que les appels au calme en provenance de l’étranger ne semblent pas endiguer. Al-Sissi, qui a reçu Blinken à son retour d’une tournée en Asie, est considéré comme un acteur incontournable des médiations en vue de résoudre le conflit israélo-palestinien. Les deux hommes ont «discuté des efforts en cours pour une désescalade des tensions entre Israéliens et Palestiniens», indique le porte-parole du département d’État, Ned Price, soulignant le rôle important du Caire dans la promotion de la stabilité régionale.
Les périls d’une nouvelle escalade
Une nouvelle fois, les morts, des deux côtés, se multiplient ces derniers jours: attentats, fusillades, raids aériens et mesures punitives ne cessent de se succéder, alors que le monde appelle en vain à la «retenue». Dans la foulée de récentes attaques anti-israéliennes, le gouvernement de Benjamin Netanyahu – le plus à droite de l’histoire d’Israël – a annoncé des mesures visant à punir les auteurs des attentats. Les forces israéliennes ont ainsi mis sous scellés la maison de la famille d’un Palestinien qui aurait tué six Israéliens et une Ukrainienne vendredi à Jérusalem-Est, la partie palestinienne de la Ville sainte occupée par l’Israël, en vue de la détruire.
Cette attaque est survenue au lendemain du raid israélien le plus meurtrier depuis des années en Cisjordanie occupée, avec dix Palestiniens tués à Jénine, suivi de tirs de roquettes de Gaza vers Israël et de frappes aériennes israéliennes en représailles.
Pour rappel, samedi, un Palestinien de 13 ans a blessé deux Israéliens, un père et son fils, également à Jérusalem-Est et dimanche, des gardes israéliens ont abattu un Palestinien en Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis 1967. Lundi, les forces israéliennes ont fait une nouvelle victime à Hébron en Cisjordanie. Ces violences font craindre un nouvel engrenage et Blinken doit réitérer l’appel américain à la retenue, lundi auprès de Nethanyanu, puis auprès du président palestinien Mahmoud Abbas.
Rétablir le dialogue
Antony Blinken a déclaré à la chaîne saoudienne al-Arabiya «vouloir parler au gouvernement israélien et à la direction de l’Autorité palestinienne». «Je veux pouvoir entendre ce que les gens qui sont affectés au quotidien [par le conflit] ont à dire», dixit le secrétaire d’État américain. Après al-Sissi, Blinken a rencontré au Caire le chef de la diplomatie égyptienne, Sameh Choukri.
Pour rappel, l’Égypte, sa diplomatie et surtout ses services de renseignement, sont régulièrement sollicités pour intervenir dans la question palestinienne. Premier pays arabe à avoir signé la paix avec Israël en 1979, et État voisin de la bande de Gaza sous blocus israélien depuis plus de quinze ans, l’Égypte reçoit tout autant les chefs de gouvernement israéliens que les dirigeants des différents partis palestiniens. Si les États-Unis et l’Égypte – l’un des principaux bénéficiaires de l’aide militaire américaine – sont des acteurs diplomatiques de poids, il n’en reste pas moins que pour les experts, la marge de manœuvre du secrétaire d’État paraît limitée.
Washington a condamné une attaque «épouvantable» à Jérusalem-Est, et Blinken va enjoindre Netanyahu et Abbas à «prendre urgemment des mesures en vue d’une désescalade», selon le département d’État. Ceci dit, en privé, des responsables américains ne cacheraient pas leur frustration face à cette situation et à l’impasse dans laquelle se trouve ce conflit israélo-palestinien. Si peu d’avancées sont attendues sur le front de la désescalade, Washington tenterait surtout de renouer avec Netanyahu, selon les analystes. Des responsables se sont récemment succédé à Jérusalem, et certains experts évoquent une possible venue de Netanyahu à la Maison blanche, dès février.
Sami Nemli / Les Inspirations ÉCO