Marché de l’emploi en Belgique : les enfants d’immigrés sont aussi discriminés
D’après les chercheurs des quatre universités, qui ont procédé à une analyse documentaire systématique concernant la situation des personnes issues de l’immigration sur le marché du travail en Belgique, le plat pays est un des maillons faibles de l’Union européenne.
Les enfants des personnes issues de l’immigration sont aussi discriminés et s’en sortent «moins bien» que les «locaux» sur le marché de l’emploi en Belgique, selon une étude de quatre universités. Ces profils sont en moyenne moins bien payés, plus susceptibles d’occuper des postes pour lesquels ils sont surdiplômés et plus enclins à exercer des emplois précaires, indique l’étude de l’UGent, l’UAntwerpen, de l’Université libre de Bruxelles et de l’UMons. D’après les chercheurs des quatre universités, qui ont procédé à une analyse documentaire systématique des 35 articles publiés dans «Web of Science» entre 2010 et 2023 concernant la situation des personnes issues de l’immigration sur le marché du travail en Belgique, le plat pays est un des maillons faibles de l’Union européenne même s’il est très difficile de donner la position de la Belgique par rapport aux autres Etats membres.
«Ça dépend vraiment de ce qu’on observe : le taux d’emploi, le taux de chômage, mais aussi les indicateurs concernant la qualité d’emploi comme les salaires, la correspondance de l’emploi au niveau d’études, etc. Mais quand on regarde les différents indicateurs, la Belgique est toujours en bas du tableau», explique au journal «Le Soir» Louise Devos, chercheuse de l’UGent et l’une des auteurs de l’étude.
Pour elle, cette situation s’explique notamment par la rigidité du marché du travail belge, car, contrairement à la Belgique, dans les autres pays, c’est normal de commencer par des intérims, des flexi-jobs, soit des emplois qui permettent aux employeurs d’engager et de gérer du personnel plus facilement. L’un des constats saillants de l’étude est que la situation de la deuxième génération (les enfants nés en Belgique avec au moins un parent immigré) s’améliore peu par rapport à la première génération (les parents ayant immigré).
«Il y a évidemment des différences notables entre les différents pays d’origine ou entre des personnes qui ont un ou deux parents d’origine étrangère. Mais les différents travaux le montrent : les enfants d’immigrés sont moins bien accompagnés, obtiennent de moins bons résultats scolaires, sont plus rapidement orientés vers les filières techniques ou professionnelles ou arrêtent précocement l’école», relève-t-on.
Par ailleurs, les chercheurs remarquent que plus la distance géographique et culturelle entre le pays d’origine et la Belgique est grande, moins les immigrés disposent des connaissances requises ou reconnues sur le marché du travail belge. Ce qui contribue à expliquer, selon eux, les moins bonnes performances de la première génération d’immigrés venant de pays non membres de l’UE. Ensuite, pas moins de 63 % des études examinées citent la discrimination comme explication des moins bons résultats sur le marché du travail.
«Cela semble souvent lié au fait que les employeurs pensent que les collègues ou les clients seront réticents à travailler ou interagir avec des personnes d’origine étrangère», estime-t-on, notant toutefois que lorsque les entreprises entrent en concurrence les unes avec les autres, elles deviennent souvent plus inclusives.
Enfin, les femmes issues de l’immigration sont encore plus désavantagées que les hommes par rapport aux natifs, expose l’étude, ajoutant que «pour les femmes originaires de pays hors UE : en raison de leur origine et de leur genre, ces dernières souffrent d’une double pénalité en termes d’accès à l’emploi, d’éducation et de salaire».
Sami Nemli Avec Agence / Les Inspirations ÉCO