Les ONG algériennes dénoncent «une grande rafle de migrants»
La Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH) et le Syndicat national autonome du personnel de l’administration publique (SNAPAP) ont dénoncé «une grande rafle de migrants subsahariens» effectuée dimanche dernier par les autorités de la wilaya d’Alger. Selon les deux ONG, il s’agit de 300 migrants dont 10 enfants et leurs mères. Ils ont été arrêtés depuis dimanche par des agents des forces de l’ordre avant d’être transférés vers le camp de jeunes Ahmed Tata de Zéralda, précise la LADDH dans un communiqué. L’organisation algérienne dit s’attendre à ce que les réfugiés soient «expulsés vers les frontières avec le Mali et le Niger pendant la nuit de ce lundi à mardi après que 7 bus d’une capacité de 50 passagers chacun ont été réquisitionnés, en plus de la mobilisation de volontaires du Croissant rouge algérien et de la cellule psychologique du ministère de la Solidarité nationale ainsi que de gendarmes de différentes unités pour sécuriser l’opération».
Parmi les personnes arrêtées «figurent des voyageurs arrivés légalement par l’Aéroport Houari Boumédiène», déplore pour sa part le SNAPAP. «Les policiers ont refusé de reconnaître leurs statuts de «visiteurs réguliers» comme ils ne reconnaissent pas non plus ceux munis d’une carte de «réfugié» délivrée par le Haut-commissariat des réfugiés (HCR) de l’ONU à Alger», ajoute le SNAPAP. Plusieurs ONG, dont Amnesty International et Human Rights Watch (HRW) avaient à maintes reprises dénoncé un profilage ethnique dans l’expulsion de migrants subsahariens du territoire algérien. «Rien ne justifie de regrouper des gens en fonction de leur couleur de peau puis de les déporter en masse», avait déclaré à ce sujet Sarah Leah Whitson, directrice de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à HRW, reprochant aux autorités algériennes de ne pas leur donner la possibilité de contester cette mesure.
Elle a également prévenu que «l’autorité dont dispose un État pour contrôler ses frontières n’est pas un blanc-seing pour traiter ces personnes comme des criminels ou leur refuser le droit de séjour au motif de leur ethnicité». Ces ONG évoquent parmi les personnes expulsées des migrants ayant vécu et travaillé pendant des années en Algérie, des femmes enceintes, des familles avec des nouveau-nés et des enfants non accompagnés.