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La tomate marocaine dérange toujours autant les Espagnols

Dérangé par le succès de la tomate marocaine, qui renforce sa position sur les étals européens, le lobby espagnol multiplie ses offensives contre les expéditions agricoles marocaines qui ont le vent en poupe. Sa dernière trouvaille : le retrait de la marchandise et sa destruction pour faire grimper la courbe des prix. Analyse. 

Le lobby espagnol agricole intensifie son offensive contre les expéditions agricoles destinées au marché communautaire. Dans l’objectif d’attirer les regards sur leurs revendications, les producteurs agricoles d’Almeria ont organisé un retrait volontaire de leur marchandise, suivi de sa destruction. Cette mise en scène a été orchestrée, sous les regards des caméras bien évidemment, par l’Association des producteurs et exportateurs de fruits et horticoles d’Almeria (Coexphal). Rompus aux actes impactants pour rallier la population à leur cause, les producteurs ont décidé de procéder au retrait d’entre 5% et 10% de la production afin de faire grimper la courbe des prix. Selon leur porte-parole, la marchandise est commercialisée à un prix inférieur à son coût, à cause de la concurrence des pays tiers, allusion faite notamment au Maroc.

À travers cette destruction volontaire de la production agricole, ils souhaitent atteindre d’un coup, plusieurs objectifs. Tout en forçant la Bourse des fruits et légumes à corriger ses cours à travers la baisse de l’offre, les producteurs veulent rameuter l’administration régionale et centrale, voire communautaire, contre les importations du terroir marocain. De leur propre aveu, cet acte vise aussi à attirer l’attention des autorités régionales andalouses qui font “la sourde oreille”, prétendent-ils, à leur excentriques doléances. Pour les producteurs, cette dégringolade des prix n’est pas nouvelle et se revit durant chaque saison agricole, s’est justifiée Francisca Iglesias, secrétaire générale de l’Union des petits agriculteurs (UPA) à Almeria.

Concernant les fraudes d’étiquetage qui touchent massivement la production nationale, les producteurs ont appelé à adopter une déclaration annuelle des superficies cultivées opérationnelles. Le but est de cerner la production locale et de traquer le reconditionnement des produits agricoles marocains. Il s’agit de l’œuvre de plusieurs entreprises espagnoles importatrices qui cherchent à faire de la marge en falsifiant l’origine de la production afin de réaliser de marges confortables. Ces entreprises espagnoles, taxées de “traîtresses au secteur”, selon le lobby espagnol sont dans la ligne de mire de la filière, qui exige des autorités régionales andalouses que l’identité de ces importateurs de fruits et légumes marocains reconditionnés soit dévoilée publiquement. Outre la tomate, les producteurs pointent la surproduction de la courgette et du concombre.

De fait, la filière se plaint, sans fondement, de la hausse des exportations marocaines destinées aux étals européens. Sur ce point, la filière a exigé la présentation des documents prouvant que sa concurrente marocaine s’acquitte bel et bien des droits de douane quand le contingent est franchi. Cependant, le lobby a fini par lâcher le morceau et a appelé le gouvernement espagnol à intervenir auprès de Bruxelles pour “nous protéger”. En d’autres termes, des aides directes au secteur des fruits et légumes espagnol. De surcroît, l’organisation a appelé le gouvernement andalou à “intensifier les contrôles concernant la provenance des marchandises. Les agissements de la filière espagnole s’expliquent par le succès que rencontre la tomate marocaine auprès des consommateurs communautaires.

Selon les données publiées par l’Institut espagnol des exportations ICEX, les ventes de la tomate marocaine dépassent de loin celles de sa rivale espagnole. Ce qui explique cette forte mobilisation de la filière exportatrice ibérique. Concrètement, et d’après les statistiques de l’ICEX, les envois marocains de ce fruit, tant controversé, ont augmenté de 18% durant les quatre dernières campagnes agricoles. En contrepartie, les ventes de la tomate originaire de la région andalouse d’Almeria ont enregistré un recul de 25%. Ainsi, 424.000 tonnes de tomate ont été écoulées sur le marché européen, contre 371.000 tonnes de tomate ibérique, durant la période allant de septembre 2019 à août 2020. De la sorte, la tomate marocaine est la plus commercialisée en Europe. En termes de valeur, le fruit national est mieux loti que sa rivale espagnole. À ce titre, la tomate marocaine a totalisé la valeur de 524 millions d’euros, contre 452 millions d’euros de celles en provenance d’Almeria, soit 14% en faveur de la production nationale.

Amal Baba Ali, DNC à Séville / Les Inspirations Éco



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