Tariq Ramadan reste en prison
Tariq Ramadan reste en prison après le rejet, jeudi, par la Cour d’appel de Paris de son recours contre sa détention provisoire pour raison de santé.
Ecroué le 2 février, le théologien suisse de 55 ans dit souffrir d’une sclérose en plaques et d’une neuropathie périphérique. Il a refusé d’être extrait de la prison et de comparaître à cette audience à huis clos jeudi.
Demandant sa libération, le théologien avait saisi la justice qui avait suspendu sa décision dans l’attente des résultats d’une expertise médicale. Cette dernière a finalement jugé l’état de santé de l’islamologue suisse compatible avec sa détention provisoire, selon des sources proches du dossier.
L’incarcération de l’intellectuel a suscité un vif émoi parmi ses partisans dans une partie des rangs musulmans, certains dénonçant l’impression d’un «deux poids, deux mesures» voire d’un «complot» contre une des rares figures médiatiques de l’Islam européen.
Pour demander sa sortie de prison, Tariq Ramadan a fourni des certificats établis à Londres et Genève faisant état d’une sclérose en plaques et d’une neuropathie périphérique mais ces résultats sont contestés par un neurologue désigné pour une expertise indépendante.
Dans ses conclusions rendues lundi, il pointe des incohérences dans les certificats de ses confrères, selon des sources proches du dossier. « Le diagnostic de ces pathologies à ce jour reste incertain », juge-t-il. Mais la défense fait valoir que l’expert n’a pas eu accès au dossier médical complet.
«L’état neurologique clinique et le questionnement diagnostique ne sont pas incompatibles avec une détention et peuvent être menés en ambulatoire», conclut aussi l’expert. D’autant que ces maladies «ne peuvent en aucun cas s’aggraver brutalement». L’expert estime néanmoins nécessaire de réaliser «un bilan neurologique complet et sérieux».
Le compte-rendu d’hospitalisation aurait conclu à des douleurs neuropathiques accrues pouvant être liées à «des facteurs psychologiques» liés à la détention ou à l’arrêt de soins pratiqués habituellement, dont des massages et du stretching.
Dans un mémoire transmis à la justice, la défense de Ramadan critique un examen effectué «sommairement» et fait valoir que le médecin ne disposait pas du dossier médical de M. Ramadan.
Lundi soir, Tariq Ramadan était retourné en prison, où un psychiatre avait diagnostiqué le lendemain un «syndrome anxio-dépressif grave» nécessitant un «traitement d’antidépresseurs», dans un certificat.