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Intelligence artificielle : les restrictions américaines pèsent sur les ambitions technologiques chinoises

Alibaba a été le dernier en date à devoir ajuster ses plans, mettant en exergue jeudi ses difficultés en termes d’approvisionnement en puces électroniques. Le groupe basé à Hangzhou a annoncé annuler pour l’heure un projet de scission en une entité distincte de son activité de cloud (réseau informatique), citant le «récent renforcement des restrictions américaines sur l’exportation de puces informatiques de pointe». Alibaba avait indiqué en mars qu’il entendait découper l’entreprise en six entités, dont l’une pour ses activités de cloud.

Grosses répercussions
Alibaba a aussi prévenu que les restrictions américaines limiteront sa capacité à mettre à niveau ses technologies à l’avenir. En réaction, son cours a chuté de près de 10 % vendredi à la Bourse de Hong Kong.

«Ce que cet épisode signifie, c’est que les restrictions américaines sur la fourniture de puces aux entreprises technologiques chinoises vont avoir le potentiel de perturber des décisions entrepreneuriales majeures», commente Ni Tao, fondateur de la plateforme chinoise de robotique «cnrobopedia».

Tencent, géant chinois des jeux vidéo et propriétaire de l’application WeChat (messagerie, paiement, réseau social), a lui aussi indiqué cette semaine que ses capacités à fournir des services de cloud souffraient des restrictions mises en place par Washington. Bien qu’il dispose de l’un des plus grands stocks de puces adaptées à l’intelligence artificielle en Chine, Tencent devra chercher d’autres sources d’approvisionnement.

Le jeu de la concurrence faussé ?
Les États-Unis tentent depuis des mois de limiter l’accès des entreprises chinoises aux technologies de pointe, avec des restrictions à l’exportation de semi-conducteurs et de machines utilisées pour leur fabrication vers les géants asiatiques.

Pour l’administration américaine, il s’agit de prévenir leur utilisation par la Chine à des fins militaires et de répondre aux menaces posées à la «sécurité nationale». L’exportation des puces les plus performantes, notamment celles utilisées pour le développement de l’intelligence artificielle, est soumis à l’octroi d’une licence par les autorités américaines. Les restrictions ont encore été renforcées le 17 octobre, les contrôles étant étendus à des dizaines de pays en relation commerciale avec la Chine.

De son côté, Pékin réfute les allégations des autorités américaines. Le président Xi Jinping a fait savoir, lors de sa rencontre avec le président américain Joe Biden il y a quelques jours, que de telles actions «nuisaient gravement aux intérêts légitimes de la Chine». Ces restrictions mettent à mal les ambitions de nombreuses compagnies, qui comptaient sur un approvisionnement constant en puissantes puces importées pour entraîner leurs modèles d’intelligence artificielle.

«Les États-Unis envoient un signal clair aux développeurs de puces de pointe dans le monde : ne vous embêtez même pas (…) à développer une puce de calcul haute performance pour le marché chinois», estime le cabinet d’études Rhodium Group, dans un rapport récent.

«Les champions chinois de la technologie sont confrontés à un avenir incertain à la suite des restrictions du 17 octobre». Le secteur technologique chinois avait déjà souffert de l’impact économique de la pandémie de covid-19, ainsi que du tour de vis réglementaire imposé par Pékin aux entreprises technologiques chinoises. Néanmoins, les analystes estiment que les activités d’intelligence artificielle et de cloud des grands groupes chinois pourraient rebondir à long terme, grâce aux milliards dépensés par Pékin pour développer l’industrie nationale de fabrication des puces.

Sami Nemli avec agences / Les Inspirations ÉCO



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