Gaz : les prix baissent dans un marché temporairement “rassuré”
Cela ne va peut-être pas durer, mais les prix du gaz sont en baisse, depuis cet été, en Europe. Une baisse liée à des stocks consistants et à une demande qui a ralenti.
Si on reste toujours très au-dessus des prix habituels de 30 euros le Mwh, on s’est bel et bien éloigné des pics à 200 euros enregistrés en mars et en août. Actuellement, les prix, pour une livraison immédiate de gaz, fluctuent entre 100 et 150 euros le Mwh. Ce repli se retrouve aussi sur les tarifs de ce qu’on appelle les contrats à terme, c’est-à-dire relatifs à des ventes ultérieures. Un des premiers facteurs expliquant cette baisse, ce sont les stocks des pays européens. «Tout le monde a fait le maximum pour s’affranchir le plus rapidement possible de la dépendance au gaz russe», résume un expert. Selon les derniers chiffres, ces stocks sont constitués à plus de 92%, soit plus que l’objectif moyen de 80% fixé pour le 1er novembre. La crainte d’une pénurie de gaz à court terme s’est donc estompée.
Une demande qui ralentit
Les températures clémentes de ce mois d’octobre dans plusieurs pays jouent aussi sur la demande qui était déjà en baisse du fait d’une réduction de l’activité industrielle. Autre facteur qui freine peut-être l’envolée des prix : la volonté européenne d’encadrer les fluctuations du marché en mettant en place des mécanismes pour éviter des prix extrêmes. «Ces propositions – qui seront examinées jeudi et vendredi par les Chefs d’État et de gouvernement des Vingt-Sept – ont probablement calmé les spéculateurs», commente un analyste.
Des prochains mois incertains
Si la conjoncture actuelle est particulièrement favorable à un repli des prix, rien ne permet d’affirmer que cette situation va durer tout l’hiver. Il suffirait que les États-Unis décident de vendre moins de gaz naturel liquéfié à l’Europe sous la pression de leur propre population qui voit les prix monter progressivement. Ou qu’il y ait un problème avec un des gros fournisseurs que sont le Nigéria, le Qatar, voire l’Algérie. D’autant que Pékin ne veut plus que ses importateurs de GNL, tels que PetroChina et Sinopec, revendent leurs stocks aux Européens dans le besoin. L’hiver approchant, ordre a été donné de réserver tout le gaz importé à la consommation domestique. La prudence est donc de mise. Personne ne se hasarde, d’ailleurs, à dire quel sera le prix du gaz au printemps prochain, en Europe, et à quel moment il faudra reconstituer les stocks.
Jules Gabas Avec Agence / Les Inspirations ÉCO