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Finance africaine : vent d’optimisme chez les opérateurs

Alors que le monde traverse de fortes turbulences, notamment aux États-Unis et en Europe, quel est l’état du secteur en Afrique ? Deloitte a interrogé des dirigeants d’institutions financières à travers le continent et livre leurs réponses dans la deuxième édition de son Baromètre de l’industrie financière africaine. 

L’avenir s’annonce-t-il radieux pour les acteurs de la finance africaine ? La question mérite d’être posée au vu de la morosité ambiante et des chocs successifs survenus aux États-Unis, avec les faillites successives de plusieurs banques dont la plus médiatique, celle de Silicon Valley Bank, la «banque de la tech». De l’autre côté de l’Atlantique, on n’est pas épargné par les turbulences. En Europe précisément, le cas le plus illustre est la chute de Crédit Suisse, racheté en urgence par son homologue UBS, le 19 mars dernier. Face à tant de mauvaises nouvelle, le cabinet d’audit Deloitte a sondé les acteurs de la finance africaine. Son enquête, effectuée en septembre 2022, met en lumière les principales tendances et les enjeux majeurs du secteur, tout en fournissant des indications sur les stratégies à adopter pour assurer une croissance soutenue et une transformation réussie.

Vigilance sur l’inflation et la cybersécurité
L’un des premiers constats de l’enquête est l’optimisme général qui se dégage chez les dirigeants interrogés. Seulement 15% anticipent un contexte macroéconomique défavorable dans les trois années à venir. Par ailleurs, 65% des dirigeants d’institutions financières considèrent leur industrie de plus en plus attractive. D’autre part, les avancées majeures récentes, telles que le déploiement du projet pilote du Système de Paiement et de Règlement Panafricain ou PAPSS (Pan-African Payment and Settlement System) ou la mise en ligne d’AELP Link (plateforme d’interconnexion permettant la négociation de titres cotés en bourse sur les sept places boursières participantes), renforcent cet état d’esprit.

Pour Aristide Ouattara, associé chez Deloitte, ce baromètre 2023 «met en exergue la capacité d’adaptation et l’appétit d’innovation des institutions financières africaines face à un environnement en perpétuelle évolution. Néanmoins, des défis importants demeurent, notamment en ce qui concerne la finance numérique, la protection des données personnelles et la transition énergétique.

Afin de surmonter ces obstacles, les institutions financières africaines doivent poursuivre leur transformation et renforcer leur résilience face aux défis futurs». Justement, l’un des défis pressants auquel elles sont confrontées est celui de l’inflation galopante observée depuis plus d’un an. Si la tendance perdurait, elle «pourrait contraindre les institutions financières à adapter leur approche commerciale (pour plus de 40% des répondants) ou leur tarification (pour plus de 50%) afin de limiter l’impact sur leur rentabilité et leur solvabilité», note Deloitte.

En dehors de la conjoncture, les acteurs de la finance africaine restent particulièrement attentifs aux risques liés à la cybersécurité. Pour la 2e année consécutive, ces derniers se placent en tête de leurs préoccupations, devant le risque opérationnel.

Le digital a le vent en poupe
En dépit des inquiétudes concernant la cybersécurité, l’enquête révèle aussi que la transformation digitale reste un chantier prioritaire étant donné que moins de 10% des institutions interrogées estiment avoir atteint le niveau espéré. La mutation rapide du secteur est également portée par le phénomène de l’open data ou open banking/insuring qui permet aux institutions financières traditionnelles d’innover en ouvrant leurs systèmes aux fintechs. Près de 38% de l’échantillon interrogé déclarent avoir déjà initié de tels partenariats.

En parallèle, 63% des institutions considèrent les cryptoactifs comme une opportunité qui nécessite cependant un encadrement par les régulateurs. Les auteurs de l’enquête relèvent que ces grandes ambitions restent néanmoins entravées par des difficultés structurelles dont la faible profondeur des marchés financiers, la limitation des instruments d’atténuation des risques et la faiblesse, voire l’absence de réglementation sur certaines thématiques émergentes, dont la finance digitale.

Autre constat, alors que les questions d’adaptation au changement climatique se font de plus en plus pressantes, les enjeux de durabilité ne semblent pas encore prioritaires. Une minorité d’institutions financières africaines seulement (23% des interrogés) déclare avoir déjà défini une trajectoire de décarbonation. Quant au solaire, il constitue l’investissement énergétique privilégié pour les cinq prochaines années.

Sami Nemli / Les Inspirations ÉCO

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