E-commerce : en pleine restructuration, Alibaba change de patron
Jeu de chaises musicales chez Alibaba. Le géant chinois du commerce en ligne a annoncé mardi la démission inattendue de son PDG Daniel Zhang et son remplacement en interne.
Fondée par le charismatique homme d’affaires Jack Ma et entreprise pionnière du e-commerce en Chine, Alibaba a longtemps été dans le pays un exemple de réussite. Mais le groupe s’est retrouvé ces dernières années dans le collimateur des autorités après un vaste durcissement réglementaire visant les géants de la tech. Après de nombreux mois de turbulences, Alibaba a annoncé en mars la plus grande restructuration de son histoire au moment où le gouvernement semblait relâcher la pression.
Dans ce contexte de bouleversements, Daniel Zhang démissionne de son poste de PDG et de président du conseil d’administration, a annoncé mardi l’entreprise. Il sera remplacé au conseil d’administration par Joseph Tsai, l’actuel vice-président exécutif d’Alibaba. Eddie Yongming Wu, qui dirige les principales applications de e-commerce grand public du groupe (Taobao et Tmall), deviendra lui le nouveau PDG. Ces changements seront effectifs à compter du 10 septembre, précise Alibaba. Daniel Zhang restera néanmoins chez Alibaba pour diriger la branche cloud. Âgé de 51 ans, c’est lui qui a assuré la transition à la tête de l’empire Alibaba après le départ en 2019 de son fondateur Jack Ma.
Dans le collimateur des autorités
Outre le e-commerce, Alibaba est un poids lourd de la tech chinoise, avec des activités dans la logistique, le cloud computing, mais aussi les médias, les divertissements et l’intelligence artificielle. Le groupe avait été la première entreprise à subir la vindicte des autorités. Fin 2020, Pékin avait ainsi stoppé une gigantesque entrée en Bourse (environ 34 milliards de dollars) à Hong Kong d’Ant Group, la filiale finance et paiement d’Alibaba, 48 heures avant l’événement.
Le mois suivant, Alibaba était visé par une enquête pour entrave à la concurrence. Ces déboires avaient fortement pénalisé sa rentabilité en 2022. Le pouvoir chinois semble toutefois lâcher du lest ces derniers mois et adopter une attitude plus conciliante envers le secteur, dans un contexte de ralentissement économique.
En janvier les autorités chinoises ont ainsi donné leur feu vert à Ant Group pour une levée de fonds de plus d’un milliard d’euros à Hong Kong. De son côté, Alibaba a annoncé en mars une restructuration qui découpera le groupe en six entités distinctes avec l’ambition de pouvoir les coter en Bourse séparément, un changement majeur pour l’entreprise.
Sami Nemli avec agences / Les Inspirations ÉCO