Des niveaux records d’inflation enregistrés en Allemagne et en Espagne
L’inflation sur douze mois a bondi à 7,3% en Allemagne et à 9,8% en Espagne, d’après des chiffres publiés le 30 mars dernier. Des taux jamais vus depuis plus de 30 ans dans les deux pays. Cette hausse s’explique, notamment, par le poids de la guerre en Ukraine sur les biens énergétiques et alimentaires.
L’inflation en Allemagne a bondi à 7,3% en mars sur les douze derniers mois, selon des chiffres provisoires qui ont été publiés. L’Espagne subit le même sort, avec une inflation atteignant 9,8%. À Berlin comme à Madrid, la hausse des prix atteint des records. Un tel niveau n’avait pas été vu depuis novembre 1981 en Allemagne (alors RFA) et depuis mai 1985, en Espagne. L’indice des prix harmonisé, qui sert de référence au niveau européen, augmente, quant à lui, de 7,6% pour l’Allemagne, pulvérisant l’objectif de moyen terme fixé à 2% par la Banque centrale européenne (BCE).
«L’attaque de la Russie en Ukraine» est largement responsable de cette explosion, corrobore Destatis, l’office allemand des statistiques. L’invasion russe a effectivement provoqué une nouvelle envolée des prix de l’énergie en Europe, Moscou étant l’un des fournisseurs principaux en hydrocarbures de l’Union européenne. Les prix de l’énergie en Allemagne ont ainsi bondi de 39,5% en mars par rapport à l’année précédente. Une accélération marquée, alors que la hausse était de 22,5% en février et de 20,5% en janvier, selon l’institut.
Le prix des céréales s’envole
La guerre accroît aussi le coût des denrées alimentaires, qui grimpe de 6,2% en mars, après 5,3% en février et 5% en janvier. La Russie et l’Ukraine sont, en effet, deux gros exportateurs mondiaux de céréales, notamment de blé. Les prix des engrais azotés, dont la Russie est l’un des principaux exportateurs, et de l’énergie, contribuent également à cette hausse.
Enfin, l’invasion accroît les pénuries de composants et matières premières et tend un peu plus les chaînes logistiques déjà déstabilisées par la pandémie de coronavirus, à cause des sanctions contre la Russie. Ces pénuries plombent l’industrie allemande, obligée de répercuter ces surcoûts sur les consommateurs. Le prix des biens a ainsi augmenté de 12,3% en mars.
Les «sages», experts qui conseillent le gouvernement allemand, ont, par ailleurs, révisé de 4,6% à 1,8% leurs prévisions de croissance pour 2022, tout en tablant sur une inflation record à 6,1%.
Un plan de six milliards d’euros pour atténuer l’inflation en Espagne
D’après l’INE, l’Office espagnol des statistiques, la tendance est la même en Espagne. Le gouverneur de la Banque centrale avait indiqué, le 29 mars, anticiper une «nouvelle hausse très significative de l’inflation en mars» en raison de la guerre en Ukraine, à l’origine d’une «sorte de choc énergétique».
Pour tenter d’amortir les conséquences du conflit, le gouvernement du socialiste Pedro Sanchez a adopté, le 29 mars, un plan d’aides directes de six milliards d’euros pour les ménages et les entreprises, ciblé principalement sur les prix de l’énergie. Ce plan comprend une subvention de 20 centimes d’euro par litre sur les carburants et une hausse de 15% du montant du revenu minimum vital, versé aux familles les plus vulnérables.
Il prolonge également jusqu’au 30 juin les baisses d’impôts en vigueur depuis l’été dernier et destinées à compenser la flambée des factures d’électricité.
Toute la zone Europe touchée
Le taux d’inflation dans la zone euro a battu un nouveau record en mars, passant à 7,5% sur un an, d’après les chiffres d’Eurostat publié vendredi 1er avril. C’est l’effet de la guerre en Ukraine qui a encore accéléré la flambée des prix de l’énergie. En effet, en février, l’inflation avait atteint 5,9% pour les 19 pays ayant adopté la monnaie unique, ce qui représentait déjà le niveau le plus élevé enregistré par l’office européen des statistiques depuis la mise en place de cet indicateur, en janvier 1997.
L’inflation a atteint chaque mois un nouveau sommet historique depuis novembre. La hausse des prix à la consommation est toujours alimentée par l’envolée des prix du pétrole, du gaz et de l’électricité, mais de façon encore plus marquée que précédemment. Les tarifs de l’énergie ont bondi de 44,7 % sur un an en mars, après + 32% en février.
Avec Agence / Les Inspirations ÉCO