Monde

Boycott des JO de Pékin : les défenseurs des droits de l’homme jouent la carte des Ouïghours

De nombreuses associations de défense des droits de l’Homme appellent davantage de pays à boycotter les J.O. d’hiver de Pékin. Il s’agit de dénoncer et de stopper les vexations et les persécutions vécues par l’ethnie musulmane des Ouïghours.

Pékin se sert des J.O. d’hiver pour masquer son «terrible» bilan en matière de droits de l’Homme, a estimé le patron de Human Rights Watch, appelant davantage de pays à se joindre au boycott diplomatique initié par Washington. «Le gouvernement chinois utilise clairement les Jeux de Pékin pour blanchir ou masquer sous les exploits sportifs sa terrible répression», a accusé Kenneth Roth dans un entretien accordé à l’AFP. Il s’exprimait avant la publication du rapport annuel de l’ONG sur les violations présumées des droits de l’Homme dans le monde. Pour lui, davantage de pays devraient refuser d’envoyer des représentants gouvernementaux assister aux Jeux de Pékin, prévus du 4 au 20 février.

«Ne pas prétendre que tout est normal»
Les États-Unis, l’Australie, le Canada et le Royaume-Uni ont annoncé qu’ils n’enverraient pas de représentation officielle aux J.O. d’hiver à cause «du génocide en cours et des crimes contre l’humanité au Xinjiang et d’autres violations des droits de l’Homme». En revanche, les athlètes de ces pays participeront bien aux compétitions. Kenneth Roth estime que les pays «ne peuvent pas juste prétendre que tout est normal». «Au minimum, la communauté internationale devrait se joindre au boycott diplomatique des Jeux», assène-t-il. Interrogé jeudi sur ces déclarations, le ministère chinois des Affaires étrangères a accusé Human Rights Watch d’être «comme toujours pleine de préjugés» et de «fabriquer des mensonges» afin de «semer la discorde». «Les paroles et les actes déplorables de HRW, qui visent à porter préjudice à la cause olympique, n’arriveront jamais à leurs fins», a déclaré devant la presse un porte-parole du ministère, Wang Wenbin. Kenneth Roth a également visé les sponsors des J.O. de Pékin: «Plutôt que d’aider à blanchir, ils devraient souligner ce qui se passe au Xinjiang», a-t-il estimé. Le Xinjiang (nord-ouest de la Chine) a longtemps été frappé par des attentats sanglants visant des civils et attribués à des islamistes ou des séparatistes de l’ethnie musulmane des Ouïghours. Des études occidentales, fondées sur des interprétations de documents officiels, des témoignages de victimes présumées et des extrapolations statistiques, accusent Pékin d’avoir interné dans des «camps» un million de personnes, majoritairement ouïghoures, d’effectuer des «stérilisations forcées» ou encore d’imposer du «travail forcé». Pékin dément fermement ces accusations et présente les «camps» comme des «centres de formation professionnelle» destinés à éloigner les habitants de la tentation de l’extrémisme religieux.

Appel aussi au boycott des investissements
Kenneth Roth s’en est aussi pris à Elon Musk et son entreprise automobile Tesla, qui vient d’annoncer l’ouverture d’une concession au Xinjiang. «Chaque entreprise devrait faire tout ce qu’elle peut pour ne pas endosser ou légitimer la répression exercée par le gouvernement chinois», a déclaré Roth, estimant que Tesla allait «totalement à contre-courant». De nombreuses marques automobiles étrangères disposent de points de vente partout en Chine, y compris dans cette région. Kenneth Roth a en revanche salué la récente législation américaine qui interdit toute importation du Xinjiang à moins que l’importateur puisse prouver que le produit importé est exempt de tout travail forcé. Il a en revanche reproché au Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, qui doit se rendre aux Jeux, «d’avoir été totalement silencieux et d’avoir refusé de critiquer le gouvernement chinois».

Sami Nemli / Les Inspirations ÉCO


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