Boko Haram libère plus de cent écolières kidnappées en février
Une centaine d’écolières enlevées le 19 février dernier par des miliciens du groupe terroriste de Boko Haram à Dapchi, dans le nord-est du Nigeria, ont été ramenées à leur école par leurs ravisseurs, mercredi 21 mars, dans des circonstances qui soulèvent de nombreuses interrogations. Au moins 104 adolescentes ont été ramenées par des membres de Boko Haram à bord de neuf camions, aux premières heures de la journée, selon le gouvernement nigérien. Ils les ont «déposées sur la route, d’où elles ont naturellement rejoint leur foyer», a expliqué le ministre nigérian de l’information, Lai Mohammed.
«La ville a exulté, les gens priaient et tout le monde était très heureux», raconte Alhaji Deri, le père de l’une des captives. Selon des témoignages, certains habitants de Dapchi, petite ville de l’État de Yobe, proche du Niger, ont salué chaleureusement les combattants à leur arrivée. Kachalla Bukar, un habitant, raconte que les insurgés «prenaient des photos» avec les gens. «Ils nous ont demandé de ne pas fuir. Et ils nous ont dit de ne pas faire attention à ce qu’allait dire l’armée sur nous». «Quand ils nous ont relâchées, ils nous ont dit d’aller directement à la maison et pas chez les militaires, parce qu’ils diraient que ce sont eux qui nous ont sauvées», a raconté Aisha Deri, une jeune fille de 16 ans libérée avant d’être récupérée par l’agence de renseignements nigériane. Selon plusieurs témoignages d’anciennes captives, les combattants les ont «gardées dans une pièce» où elles pouvaient cuisiner et n’ont «jamais été maltraitées». «Samedi, ils nous ont dit de monter dans des bateaux. Nous avons passé trois jours sur l’eau et ensuite ils nous ont rassemblées sur des véhicules et nous ont dit qu’on rentrait à la maison», a raconté Fatima Gremah, 13 ans.
Selon des témoins, les captives étaient gardées sur des îles du lac Tchad, zone contrôlée par la faction reconnue par le groupe État islamique (EI), à qui Boko Haram a prêté allégeance en 2015. «Nous avons de la chance parce que nous sommes jeunes et musulmanes, confie Fatima. L’une d’entre nous, qui est chrétienne, est toujours avec eux. Ils ont dit qu’ils la libéreraient si elle se convertissait à l’islam».
Bien que l’armée et les autorités nigérianes ne cessent de répéter que Boko Haram est «techniquement vaincu», ce tragique épisode a mis en lumière les graves manquements sécuritaires et la facilité avec laquelle les combattants peuvent se déplacer en nombre dans le nord-est du pays. Le conflit avec Boko Haram a fait plus de 20.000 morts depuis 2009 et 1,6 million de personnes ne peuvent toujours pas regagner leur foyer.