Algérie : près de 22% des jeunes pharmaciens diplômés au chômage
Une enquête portant sur la situation socio-professionnelle des diplômés en pharmacie, réalisée par l’Association nationale des pharmaciens algériens (ANPHA), révèle que les opportunités d’emploi sont très réduites dans les trois premières années postuniversitaires hors officine.
Près de 22% des jeunes pharmaciens diplômés en Algérie sont au chômage, selon une récente enquête sur le marché de l’emploi. Les opportunités d’emploi sont très réduites dans les trois premières années postuniversitaires hors officine, précise l’enquête portant sur la situation socio-professionnelle des diplômés en pharmacie, réalisée par l’Association nationale des pharmaciens algériens (ANPHA). Plus de 80% des répondants considèrent qu’il est très difficile de trouver un emploi dans le secteur pharmaceutique, a ajouté l’enquête qui a porté sur un échantillon de 3.314 pharmaciens de différentes catégories d’âge, selon les années d’obtention du diplôme, les secteurs et le statut professionnel.
Sur l’ensemble des répondants à un questionnaire, l’enquête révèle que «36% affirment trouver très difficilement un emploi dans le secteur pharmaceutique, 45% difficilement et 19 % facilement». Les résultats de l’enquête ont montré également que 37 % des pharmaciens, soit 1,2% de l’ensemble, se tournent vers d’autres professions, en dehors du secteur de la pharmacie et de la santé. «En l’espace de cinq ans entre 2015 et 2019, le nombre des pharmaciens diplômés a augmenté de 16% et celui des pharmaciens sans emploi de 34%, ce qui signifie que la vitesse d’augmentation du taux de chômage est supérieure à celle du nombre de diplômés sur l’échantillon de l’enquête. Dans une question portant sur le nombre de chances d’emploi ou d’entretiens d’embauche que les pharmaciens ont reçus en dehors du travail dans les pharmacies privées au cours des trois premières années après l’obtention de leurs diplômes, il a été constaté que seulement 6% ont obtenu plus de trois opportunités, 35% en ont eu entre une à trois, et le plus grand pourcentage estimé à 58%, soit 1922 pharmaciens, n’ont pas obtenu de chance de travailler ailleurs que dans une officine, indique l’Association des pharmaciens, qui estime le nombre de diplômés à 2.000 par an. Ce qui rend le marché du travail très limité en termes d’opportunité pour les pharmaciens, souligne l’ANPHA, est le fait que certaines régions du pays sont dépourvues d’activités industrielles de fabrication ou de distribution de médicaments ou ne disposent que d’un seul distributeur local.
«Sur les 1922 pharmaciens, 1269 sont répartis sur tout le territoire national», a précisé la même source, relevant que les opportunités d’emploi sont très réduites dans les trois premières années post-universitaires hors officine puisque l’enquête a montré que 58% des répondants ont zéro occasion de trouver un travail hors officine, 36% ont une chance sur trois, et seulement 6% ont plus de trois chances.
L’ANPHA signale que «le reste des pharmaciens de cette catégorie, qui représentent 34%, sont répartis entre les grands pôles pharmaceutiques (Constantine, Sétif, Alger, Annaba et Oran). Les mêmes pharmaciens représentent un ratio de 42% sur le total des pharmaciens de leurs wilayas, ce que n’élimine pas la réduction des chances d’emploi hors l’officine dans les zones industrialisées, explique la même source. L’enquête a révélé également un pourcentage très réduit de pharmaciens assistants exerçant dans les pharmacies privées.
«Ce taux ne dépasse pas 4%, alors que 12.000 pharmacies sont réparties au niveau national, et elles restent un espace professionnel et un marché considérable dans lequel le rôle du pharmacien doit être renforcé», note encore l’ANPHA. Et d’appeler les pouvoirs publics à adopter une approche de formation basée sur les besoins en pharmaciens dans les secteurs de la santé et de l’industrie pharmaceutique à long et à moyen termes et «de prêter attention à une formation qualitative au lieu de pourvoir les sièges pédagogiques disponibles». Et de recommander un plan d’insertion professionnelle pour les pharmaciens, qui comblera les besoins du développement du secteur du médicament. Tout en déplorant l’absence d’un accompagnement professionnel ou scientifique après l’université, l’association a relevé que 83% du total des participants n’ont pas bénéficié d’un accompagnement postuniversitaire ou professionnel, ce qui complique leur intégration et seulement 21% considèrent que leur insertion et adaptation au premier emploi étaient bonnes». L’accompagnement des jeunes pharmaciens diplômés dans la vie professionnelle s’impose, selon l’ANPHA, qui signale que «seuls 17% des pharmaciens en exercice bénéficient d’une formation continue dans le cadre de leur emploi, et la plupart d’entre eux exercent dans les métiers de l’industrie pharmaceutique, du marketing et de la promotion des ventes, tandis que 31% d’entre eux recourent à la formation par leurs propres moyens pour accéder aux mêmes emplois et certains sont des pharmaciens privés». L’ANPHA estime que le développement de l’industrie pharmaceutique est la première porte d’entrée vers l’ouverture des métiers modernes du pharmacien et la diversification des débouchés.
Sami Nemli avec MAP / Les Inspirations Éco