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Visite papale. Une terre et “des dieux”

Visite papale. Une terre et “des dieux”

34 ans après la visite du pape Jean-Paul II, le souverain pontife François est attendu au Maroc les 30 et 31 mars. Pour les 30.000 catholiques du Maroc, qui vivent leur foi en toute liberté, l’événement est historique. La visite est placée sous le signe du dialogue interreligieux et du droit des migrants.

Le pape Jean-Paul II avec SM le roi Hassan II en août 1985.

Les 30 et 31 mars, les yeux du monde entier seront braqués sur le Maroc qui reçoit le pape François. Invité par le roi Mohammed VI, le souverain pontife, chef de l’église catholique, effectue ainsi son premier voyage officiel dans un pays du Maghreb. En clair, ce déplacement revêt un caractère historique à la fois pour les musulmans et les catholiques. «C’est une visite d’État et une visite pastorale », précise Mgr Cristobal Lopez Romero, archevêque de Rabat. Visite d’État parce que la petite cité du Vatican est considérée comme un État à part entière qui exerce une souveraineté sur plus de 1,2 milliard de catholiques dans le monde. C’est une visite pastorale parce que le pape prend son bâton de pèlerin pour promouvoir le dialogue interreligieux et parler du droit des migrants. Deux valeurs qui sont des principes inébranlables au Maroc. D’abord, les trois grandes religions monothéistes y trouvent leur place. L’article 3 de la Constitution garantit en effet «à tous le libre exercice des cultes». Ainsi, les juifs et les chrétiens peuvent, aux côtés des musulmans, pratiquer leur foi en toute liberté. Ils sont loin de se sentir en terre hostile. Les Marocains sont, en majorité, tolérants envers les autres religions. La liberté de culte est une règle et le roi, en tant que commandeur des croyants, veille à la protection des religions.

30.000 catholiques au Maroc

Pour la question des migrants, le Maroc s’est distingué par sa politique d’intégration des migrants. Aujourd’hui, les Subsahariens contribuent à redynamiser l’église catholique en terre musulmane. À noter qu’au moment de l’Indépendance, il y avait 200 églises et 500.000 pratiquants. Aujourd’hui, selon les chiffres de l’archevêché de Rabat, il y a près de 30.000 catholiques qui vivent dans le royaume. Le visage du catholicisme a également changé. «Il y a plus d’Africains que d’Européens. Grâce à la politique d’ouverture du royaume, nos églises qui étaient presque vides se remplissent» , confirme Mgr Cristobal. Concernant le nombre de prêtres et de religieuses, ils sont 150 environ à exercer dans les différentes églises, paroisses ou monastères sur l’ensemble du territoire. Même dans les régions les plus reculées, on trouve une présence chrétienne et presque tous les ordres (franciscain, cistercien, bénédictin, Carmes, etc.) sont représentés. À Midelt, par exemple, vit une communauté de moines trappistes. Ceux-ci s’y sont établis après avoir quitté Tibhirine (Algérie) suite à l’assassinat de sept de leurs frères en 1996. Le dernier survivant, le père Jean- Pierre Schumacher, y coule une retraite sereine (voir pages 36 & 37), au pied de Jbel Ayachi, avec ses amis musulmans.


La liberté de culte est un principe régi par la Constitution.

Pape des pauvres

C’est la deuxième fois qu’un souverain pontife fait le déplacement au Maroc. La visite de Jean-Paul II, en août 1985, avait également été qualifiée d’historique. Le style des deux papes est différent. Si Jean-Paul II allait vers les jeunes, le pape François préfère aller à la rencontre des démunis. C’est pourquoi on le surnomme «pape des pauvres». Ainsi, il visitera le siège de Caritas Maroc, association catholique qui oeuvre pour les migrants, ainsi qu’un centre de santé spécialisé dans la prise en charge des grands brûlés à Kénitra. Le pape se rendra aussi à l’Institut Mohammed VI pour la formation des imams. Des étudiants de l’Institut oecuménique «Al Mowafaqa» dédié à la promotion du dialogue interreligieux, l’accompagneront. Les points d’orgue de la visite papale seront la rencontre du roi et du souverain pontife sur l’esplanade de la mosquée Hassan à Rabat ainsi que l’Angelus, messe qui sera célébrée dimanche au stade Moulay Abdellah. Elle sera diffusée dans le monde entier. Deux occasions pour le chef de l’église catholique et le commandeur des croyants de lancer des messages de paix. Alors que dans de nombreux pays, on se déchire au nom des religions, le Maroc prouve que l’on peut vivre sur une même terre et avoir «plusieurs dieux». Le bien-vivre ensemble est une réalité en terre marocaine.   

 
Mgr Cristobal Lopez Romero. Archevêque de Rabat

“Le Maroc est un modèle en matière de tolérance religieuse”

Une terre fraternelle pour les toutes les religions. C’est le sentiment de tous les chrétiens qui vivent au Maroc. Selon l’archevêque de Rabat, Mgr Cristobal Lopez Romero, la visite du pape est l’occasion de resserrer les liens qui unissent musulmans et catholiques.

Comment le pape a décidé de venir au Maroc ?
Il a à la fois été invité par le roi et par les archevêchés de Rabat et Tanger. Il faut préciser que le pape François veut toujours aller dans des pays que nous disons «périphériques », du point de vue chrétien. Quand on dit chrétienté, on pense à l’Espagne, à l’Italie, à l’Espagne, au Mexique, à l’Argentine, etc. Depuis son élection en 2013, il a privilégié les pays où il n’y a pas beaucoup de chrétiens comme l’Albanie, l’Azerbaïdjan ou les Émirats arabes unis. Cela s’inscrit dans sa volonté de promouvoir le dialogue interreligieux. Pour lui, les religions ne doivent pas constituer un problème. Les religions font partie des solutions pour résoudre les problèmes de l’humanité. Personne ne peut invoquer Dieu pour tuer son prochain !

Comment vit-on sa foi chrétienne en terre d’islam ?
D’abord, je tiens à préciser que je parlerai des chrétiens catholiques. Car, comme vous le savez, il y a les chrétiens protestants, les chrétiens orthodoxes et les chrétiens anglicans. Nous sommes une seule famille avec plusieurs fratries, avec des différences qui nous unissent plus qu’elles ne nous séparent. Pour en revenir aux catholiques, on estime le nombre de fidèles à environ 30.000 au Maroc, divisés et organisés en deux diocèses. Il s’agit de l’archevêché de Tanger (2.000 à 3.000 fidèles) et de l’archevêché de Rabat, qui rassemble entre 27.000 et 28.000 pratiquants. Nous sommes enfin organisés en paroisses à travers tout le royaume.

Vous n’avez pas répondu à la question…
J’y viens. Nous nous sentons très à l’aise. Nous ne nous sentons pas seulement tolérés; plus que cela, nous nous sentons acceptés, aimés, appréciés. Et cela témoigne beaucoup de l’hospitalité du peuple marocain. Il y a d’autres pays où la situation est plus difficile pour les chrétiens. Ce n’est pas le cas au Maroc où nous sommes en terre amie.

Quelle est la spécificité des catholiques du Maroc ?
Nos communautés ont beaucoup changé ces dernières années. Déjà, il y a plus de jeunes que d’adultes, il y a plus d’Africains que d’Européens et il y a plus d’hommes que de femmes. Et la plupart de nos chrétiens catholiques sont des étudiants universitaires subsahariens qui sont venus dans le cadre de la politique d’ouverture du roi sur le continent. Nos églises, qui étaient presque vides, se sont remplies grâce à la présence de ces Subsahariens. C’est pour cela que nos communautés sont très vivantes, très joyeuses et très jeunes.

La présence chrétienne s’étend sur tout le territoire. Il y a des églises, des monastères… Comment fonctionnent ces institutions, et avec quel budget ?
Basiquement, nous fonctionnons avec l’aide que nous recevons du Vatican et des aumônes de nos fidèles.

Combien y-a-t-il de religieux aujourd’hui ?
Il y a une centaine de religieux et de religieuses. Concernant les prêtres religieux, il y en a une quarantaine.

On ne les remarque pas forcément. Pourquoi ne portent-ils plus l’habit religieux ?
Avant, toutes les bonnes soeurs et les hommes d’église portaient l’habit religieux, même à l’extérieur. Maintenant, nous sommes en civil sauf au moment des offices. Me concernant, le seul signe distinctif que je porte est la croix.

Est-ce dans l’ère du temps ou ressentez-vous une hostilité vis-à-vis des signes ostentatoires religieux ?
C’est dans l’ère du temps. C’est la même chose en Espagne, en France, etc.

Quels sont vos rapports avec les autorités religieuses marocaines?
Il y a 4 heures (ndlr: l’entretien a été réalisé le 19 mars à 15h), j’étais avec le ministre des Habous. Nous avons de très bonnes relations, au plus haut niveau de l’État comme au niveau du peuple marocain. Nous avons 15 écoles catholiques où tous les professeurs, parents et élèves sont musulmans. Avec Caritas, association qui oeuvre pour les plus pauvres, il y a des agents sociaux catholiques mais aussi des protestants et des musulmans. Et c’est la même chose à l’Institut de formation théologique «Al Mouafaka», où étudient ceux qui veulent approfondir leurs connaissances en théologie. Là, il y a des professeurs musulmans, catholiques, protestants… Je peux dire que le Maroc peut être un exemple pour le monde entier en matière de dialogue interreligieux.

Le pape parlera-t-il de la question des convertis ?
Sincèrement, je ne sais pas. Ce n’est pas une affaire qui nous concerne. Nous, nous vivons notre foi en toute tranquillité et toute liberté. Ce qui concerne le peuple marocain et les musulmans relève des autorités de ce pays.

Notre-Dame de l’Atlas. À Midelt, l’esprit de Tibhirine a trouvé un nouveau souffle

Au sein du monastère de Notre-Dame de l’Atlas, les moines trappistes perpétuent l’esprit de Tibhirine, qu’ils ont quitté après le massacre de leurs frères. Ils vivent en harmonie avec leurs amis musulmans.


Le prieur Jean-Pierre portant l’habit qui caractérise l’ordre des Cistériens.

Midelt abrite aujourd’hui le dernier monastère cistercien du Maroc. C’est au pied de Jbel Ayachi, au coeur de l’Atlas, que les moines trappistes de Tibhirine ont posé leur baluchon après leur départ d’Algérie en 1996. Après un séjour à Fès, où leur prieur a été transféré, ils reprennent en 2000 le monastère qui appartenait à des soeurs franciscaines depuis 1928. Dans cette région montagneuse, berbérophone, ils perpétuent l’esprit de Tibhirine. Loin du bruit de la ville. Ce qu’il faut savoir, c’est que les moines cisterciens trappistes se consacrent à une vie contemplative, axée sur le silence et la prière. C’est pourquoi leurs monastères, 186 dans le monde, sont généralement situés en retrait des centres urbains, en pleine campagne ou en montagne. Et à Midelt, les moines ont trouvé leur bonheur. Le monastère de Notre- Dame de l’Atlas est situé à la Kasbah Myriem, à environ 1,5 km du centre-ville de Midelt. Le site est répertorié dans les guides touristiques pour ses ateliers de tissage et de broderie, qui ont été mis en place par les Franciscaines. Aujourd’hui encore, après le départ des religieuses, cette activité fait vivre des dizaines de femmes et leurs familles. Le monastère est une grande bâtisse en pisé qui se dresse avec majesté sous le soleil printanier, ce vendredi 22 mars. C’est le prieur Jean-Pierre Flachaire qui nous reçoit. Dès que l’on franchit le seuil, on est frappé par l’ordonnance des lieux. Une grande cour s’ouvre sur plusieurs bâtiments très bien entretenus. La première chose que l’on visite est la grande chapelle, coeur battant du monastère. Elle est construite avec des matériaux locaux. Au-dessus de l’autel sont accrochées l’icône de la vierge rapportée de Tibhirine ainsi qu’une représentation des «dormants de la caverne». Les moines trappistes consacrent l’essentiel de leur temps à la prière et l’étude des textes religieux. Ils valorisent aussi le travail manuel qui leur permet de générer des revenus pour leur communauté et d’entretenir leur monastère. «Nous avons fait nous-mêmes les travaux de rénovation», explique le père Jean-Pierre qui a gardé son chantant accent de Montélimar, sa région natale en France. Du réfectoire aux chambres, en passant par la bibliothèque et la salle de séjour, l’empreinte des moines est présente. Le souvenir de leurs frères assassinés en mars 1996 est partout. Un mémorial avec leurs photos et des objets qui leur ont appartenu leur est dédié. Le monastère abrite aussi la tombe du père Albert Peyriguère, dont les restes ont été ramenés d’El Kbab où il a vécu toute sa vie. Le père Peyriguère était connu pour avoir soutenu la cause des Marocains pendant l’Indépendance.


Le mémorial érigé en souvenir des 7 moines disparus.

Ouverture au monde extérieur
Aujourd’hui, sept frères de cinq nationalités résident dans le monastère: trois Français, un Espagnol, un Portugais, un Irlandais et un Canadien. «Comme tous les monastères de notre ordre, nous vivons notre vie monastique avec nos 7 prières par jour. Nous avons un temps d’étude et un temps de travail manuel. Comme dans notre monastère en Algérie, nous avons une certaine ouverture par rapport au monde extérieur», explique le père Jean-Pierre. De fait, les moines sont très proches de la population locale. «Nous faisons le ramadan, nous sommes invités à des ftours, à la fête de l’aïd, à des sadakas. Nous sommes invités à des mariages. Et de notre côté, nous invitons des musulmans à nos fêtes religieuses. L’année dernière, nous avons organisé une grande sadaka quand l’un de nos frères a confirmé ses voeux. 140 personnes y ont participé dont des imams. Il y a toujours une prière musulmane et une prière chrétienne autour d’un repas», ajoute le religieux. Entre les deux communautés, il y a beaucoup de respect. À Midelt, les moines ont trouvé la sérénité. Le temps des offices et des prières est respecté par leurs voisins musulmans. «On se sent en terre fraternelle», dit le père Jean-Pierre. Parfois, un musulman lui exprime son désir de se convertir au christianisme. «Dans ce cas, je lui demande «Est-ce que tu es musulman d’abord; est-ce que tu vis ta foi musulmane?» Sincèrement, je pense que ceux qui viennent avec cette intention sont plus en quête d’un visa pour l’Europe, prétextant qu’ils ne peuvent pas vivre leur nouvelle foi au Maroc». Il n’est pas question pour les religieux d’enfreindre la loi du pays. «Nous sommes heureux parmi les musulmans». C’est sur ces mots que nous quittons le monastère.

Prieur Jean-Pierre Flachaire
Est-ce que vous avez vu le film «Des hommes et des dieux»? Le message que nous avons à transmettre aujourd’hui est celui que nous révèle ce film. Nos frères sont morts tout simplement parce qu’ils avaient lié des amitiés avec le voisinage. Qu’est-ce que nous avons à vivre aujourd’hui, sinon créer des amitiés et des ponts entre les peuples, en nous respectant dans nos croyances différentes.


La bibliothèque du monastère

Le dernier témoin

En 1996, deux moines trappistes ont échappé par miracle aux terroristes du GIA à Tibhirine. Il s’agit du frère Amédée et du père Jean-Pierre Schumacher. Ils se sont repliés à Midelt. Le premier y est décédé en 2008. Père Jean-Pierre, dernier témoin du massacre, se dit heureux parmi ses amis musulmans.

À 96 ans, le père Jean-Pierre est un homme studieux. Quand nous sommes arrivés au monastère de Notre-Dame de l’Atlas, il était à la bibliothèque, profondément concentré sur sa lecture. On n’ose pas le déranger. Il accepte pourtant d’interrompre son activité et nous rejoint dans le salon marocain où les moines reçoivent leurs invités. Des seddaris (banquettes), une petite table, un tapis… l’ameublement est «rudimentaire». Mais, la simple présence du prêtre suffit à enrichir la pièce. On sent que c’est un homme qui a vécu beaucoup de choses.

D’ailleurs, il n’est pas n’importe qui. Le père Jean-Pierre Schumacher est le dernier survivant du massacre de Tibhirine, en Algérie. Avec le père Amédée, il a échappé à la tuerie car les terroristes ne savaient pas qu’ils étaient 9 et non 7, comme à l’accoutumée. Le père Amédée est décédé en 2008 au Maroc. Malgré son âge avancé, la mémoire du père Jean-Pierre est intacte. Ses souvenirs sont précis. Au début, il attend les questions. Puis subitement, c’est un flot de paroles. D’abord, il se dit heureux à Midelt, où l’esprit de Tibhirine est vivace. C’est par «respect pour l’islam et les musulmans» qu’il a choisi de venir au Maroc alors qu’il aurait pu rentrer en France, pays qu’il a quitté en 1964 pour l’Algérie. Quand on lui demande s’il a pardonné «aux bourreaux» qui ont tué ses frères, il répond que son message est le même que celui de père Christian de Chergé* dans son testament: «Et toi aussi, l’ami de la dernière minute, qui n’aura pas su ce que tu faisais. Oui, pour toi aussi je le veux ce merci et cet à-dieu envisagé de toi. Et toi qu’il nous soit donné de nous retrouver, larrons heureux, en paradis, s’il plaît à Dieu, notre père à tous deux. Amen, inchallah ». Père Jean-Pierre ne garde aucune rancoeur. Il explique que les compagnons de l’ordre ont toujours mené une réflexion et une démarche de rapprochement avec l’islam, comme cela a été décidé lors du concile Vatican II, qui a encouragé le dialogue interreligieux (ndlr: concile oecuménique ouvert le 11 octobre 1962 par le pape Jean XXIII et se termine le 8 décembre 1965 sous le pontificat de Paul VI). «Je suis heureux d’être parmi les musulmans», répète le moine. Il se rappelle avec émotion les réunions de prières et de partage spirituel que les moines du monastère de Tibhérine avaient développées, à partir de 1979, au sein du groupe Ribat Al-Salam avec des amis musulmans soufis. «C’était de belles rencontres spirituelles, c’est bien de parler du chemin vers lequel nous allons tous», dit-il.

Il ajoute avoir hâte de rencontrer le pape François, qui fait du dialogue interreligieux son combat dans ce monde qui se déchire «au nom des religions». «Au pape, je lui parlerai d’espérance», dit-il. Il est temps pour nous de partir. C’est bientôt l’heure de la prière. Les moines respectent scrupuleusement les offices. Pas question de déroger à la règle monastique. Le père Jean-Pierre s’en va, s’appuyant sur sa canne. La visite du pape sera peut-être sa dernière sortie hors des murs du monastère de Notre-Dame de l’Atlas, où il a choisi de reposer pour l’éternité.


Père Jean-Pierre Schumacher

 


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