Culture

UPF : Les médias contribuent-ils au débat démocratique ?

La promotion de l’indépendance de la presse et de la liberté d’expression passe par le pluralisme aussi bien des médias que des opinions. L’expérience de certains pays montre que sans le pluralisme de la presse, de nombreux risques planent sur la stabilité sociale et politique.

Le pluralisme de la presse est un pilier de la démocratie et une nécessité pour la stabilité politique et sociale. Or, ce pluralisme n’est pas toujours assuré aussi bien dans les pays du Sud que du Nord. À cet égard, les pouvoirs publics et économiques sont appelés à lâcher du lest pour que la presse puisse jouer son véritable rôle. De grands risques pèsent, en effet, sur les pays qui piétinent le pluralisme des médias et des opinions, comme le souligne le directeur de publication des Inspirations ÉCO, Samir Chaouki, lors des assises de l’Union de la presse francophone, qui se sont clôturées jeudi 24 novembre à Madagascar. Il cite le cas de l’Égypte et de la Tunisie qui, avant le déclenchement du printemps arabe, avaient une méthode policière dans leur traitement de la presse en affligeant aux médias des procès, des condamnations et de lourdes amendes en vue d’arriver à l’objectif ultime de la fermeture des supports journalistiques qui dérangeaient. Néanmoins, «c’était le revers de la médaille car ces régimes se sont retrouvés avec une seule presse déclarant allégeance au pouvoir et qui n’avait aucune crédibilité auprès de l’opinion publique, qui ne lui accordait aucun crédit.

Le régime se trouvait ainsi face à la rue», souligne Samir Chaouki. Et de rappeler la gravité de l’inexistence d’une presse sérieuse et crédible pour jouer le rôle de fusible en contrecarrant les manipulations émanant des réseaux sociaux. En somme, il manquait une presse donnant une image réelle de la société tout en sensibilisant les citoyens et en critiquant objectivement les points négatifs. Au Maroc, le paysage est certes différent car la liberté de la presse est garantie. «Mais d’autres méthodes plutôt économiques portent atteinte à la liberté de la presse et au pluralisme d’opinion comme le fait de priver les entreprises qui dérangent de publicité. À cela s’ajoutent les procès et les lourdes amendes pour dissuader les médias de dépasser certaines lignes. Ainsi, en l’absence de la censure, on se retrouve face à l’autocensure», tient à préciser Samir Chaouki. L’influence du secteur privé sur les médias ne concerne pas uniquement le Maroc.

Les entreprises de presse en souffrent dans d’autres pays. Patrick Apell-Muller, directeur de rédaction de l’Humanité (France) n’y va pas avec le dos de la cuillère. Il pointe du doigt le contrôle des médias par des grands groupes industriels et financiers disposés à perdre de l’argent pour acquérir le pouvoir d’influence qui, croient-ils, assurera leur liberté de manœuvre. Il estime que le service public qui devrait garantir le pluralisme a été également contaminé par le même virus, relevant qu’il s’avère on ne peut plus essentiel de faire la distinction entre la pluralité des titres qui remplissent les kiosques et le pluralisme de la presse impliquant la pluralité d’opinion. Une idée largement partagée par Cédric Calonji, journaliste, formateur et fondateur de Congoblog.net (République démocratique du Congo). Un foisonnement de titres ne signifie nullement, selon lui, une garantie du pluralisme d’opinion.

En effet, le choix des sujets par les médias dans certains pays ne répond pas aux préoccupations des citoyens. «En République démocratique du Congo, la question se pose sur la pluralité d’opinion bien qu’il existe un pluralisme au niveau des médias. Une bonne frange de la population n’a pas accès aux médias», explique-t-il. Or, la liberté de choisir des citoyens notamment sur le plan politique ne se conçoit pas sans la liberté de savoir dans un monde où les décisions à prendre peuvent impacter l’avenir de l’humanité sur cette planète. À ce titre, les médias sont appelés à refléter le pluralisme des courants et des idées d’une manière équilibrée. La concrétisation de cet objectif passe, entre autres, par le respect de plusieurs critères dont le genre et l’inclusion générationnelle et sociale. En somme, il s’agit de porter la voix de tous les citoyens même celle des laissés pour compte.


Développement des médias : un atout de croissance économique
La diversité des médias est un atout pour le développement économique. Aussi est-il nécessaire pour les acteurs concernés de contribuer à leur essor au lieu de les combattre. Il faut dire que nombreux sont les professionnels qui défendent le rôle des médias en tant qu’accompagnateur et catalyseur du développement économique. C’est le cas de Meriem Oudghiri, secrétaire générale de la rédaction de l’Économiste et présidente de la section marocaine de l’Union de la presse francophone. Elle estime que les médias jouent un rôle d’observatoire de l’état de santé de l’économie et peuvent être un atout pour les médias professionnels transparents et indépendants financièrement et éditorialement. Taïeb Zahar, président de la fédération tunisienne des directeurs de journaux abonde dans le même sens, tout en mettant l’accent sur la problématique de la dépendance des médias aux annonceurs. D’où la nécessité, selon lui, d’exiger un soutien économique aux pouvoirs publics.


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