«Rien ne va sans la culture !»
Rencontré à la veille de deux grands concerts organisés les 3 et 4 mars à Abidjan par Nostalgie Agence, le «roi du Mbalax» sénégalais, Youssou N’Dour, s’est exprimé sur la situation de la culture en Afrique et sur ses projets dans la musique.
Les Inspirations ÉCO : Avez-vous complètement arrêté la politique ?
Youssou N’Dour : Non, je continue à faire de la politique. Je suis resté au gouvernement 18 mois au département du Tourisme et et de la culture. Après, je suis devenu conseiller du président Macky Sall. J’ai parlé aux Sénégalais pendant 30 ans, il fallait passer à l’action et faire du terrain. Cela va me manquer. Je n’ai pas arrêté de faire de la politique.
Comment se porte la Culture au Sénégal, en Afrique ?
Si on investit dans la culture, c’est pour émerger car rien ne va sans la culture. Mais pour aller plus vite, il faudrait défiscaliser l’investissement en culture.
Vous venez de lancer une radio digitale, pourquoi ?
Ça bouge au niveau des médias et pour ne pas être dépassé, il faut réfléchir à des pistes alternatives. C’est ce que font les médias y compris la radio, un outil largement diffusé.
On parle de votre prochain album comme le dernier. Est-ce vrai ?
Non. S’agissant de mon dernier album, je ne sais pas si c’est Africa Ray ou un autre mais de toute façon je chanterai jusqu’au dernier jour de ma vie.
Quelles sont les valeurs que vous véhiculez aux jeunes, vous qui constituez un modèle pour eux ?
Il est important de donner une image aux jeunes d’une Afrique qui avance mais qui n’oublie pas ses racines. Il faut croire en soi. Je viens d’une famille modeste. Ma mère m’interdisait de faire de la musique pour terminer mes études, mais j’ai quitté l’école très jeune pour me consacrer à ma passion, la musique. Dans la vie, il faut se battre pour ses principes et ses convictions.
Votre répertoire est immense, comment se fait le choix des chansons à interpréter lors d’un concert ?
Vous savez mon répertoire se compose de 450 chansons, j’ai l’embarras du choix et je serai aussi à l’écoute des spectateurs quitte à passer toute la nuit dans ce concert.
Vous avez une histoire avec la presse sénégalaise. Quel est votre regard sur la liberté de la presse ?
Quand vous êtes loin des affaires, vous croyez que tout est facile. J’ai passé 15 mois au gouvernement pendant lesquels j’ai proposé pas mal de réformes. La liberté de la presse au Sénégal est ancrée, ce qui manque ce sont des journalistes spécialisés dans la culture pour maîtriser parfaitement les techniques de la critique afin que le courant passe mieux entre journalistes et artistes.
À quand un concert au Maroc ?
Je suis un habitué du Maroc et j’apprécie particulièrement Essaouira. En mai, je serai à Mawazine à Rabat et après à Fès et peut-être Marrakech.
BIO expresse
Parce que la musique a toujours été sa passion, Youssou N’Dour commence sa carrière à tout juste 19 ans avec le groupe «Étoile de Dakkar». Après un premier album qui fait le buzz, le chanteur commence à se faire connaître dans son pays dans la fin des années 70. Il enchaîne les collaborations internationales mais c’est le duo avec la chanteuse Neneh Cherry qui le propulse dans la sphère mondiale. La chanson «7 seconds» devient un hymne de la Coupe du monde 1998. Chanteur engagé, Youssou N’Dour a souvent organisé des concerts pour de bonnes causes. Il participe à l’album «Make some noise», une reprise du célèbre album «Imagine» de John Lennon afin de se mobiliser contre la crise au Darfour. Il crée une société de microcrédit au World Forum Lille (Forum mondial de l’économie responsable) qui se tient à Lille sur le thème de «l’argent responsable» et il est membre du comité d’honneur de la Fondation Chirac. C’est tout à fait naturel qu’il se présente aux Présidentielles en 2012 au Sénégal. Il devient ministre de la Culture pour quelques mois. Véritable icône dans son pays, la star internationale qu’il est devenu a été distinguée à de nombreuses reprises. Sa voix unique et sa musique ont fait de Youssou N’Dour un artiste intemporel et sans frontières.
