Culture

Parce que Jacques Brel ne nous a jamais quittés…

Figure emblématique de la chanson francophone, le monde de la musique vient de célébrer cette semaine les 40 ans de la disparition de Jacques Brel. L’occasion de revenir sur une légende qui aimait le Maroc et dont les chansons n’ont pas pris une ride.

Le 9 octobre 1978, Jacques Brel laisse le monde de la musique orphelin, succombant à un cancer à tout juste 49 ans. Le plus international des Belges a laissé derrière lui des chansons mythiques aux paroles percutantes, à la musique intemporelle et surtout des interprétations à la fois théâtrales et viscérales.

L’écorché vif
Le Grand Jacques était un musicien à fleur de peau. Ayant une l’énergie incroyable sur scène, il vient d’une famille bourgeoise qui le voyait reprendre l’affaire familiale. Mais lui avait le monde à conquérir. Dans sa chanson «Mon enfance», dans laquelle il évoque ses passages de «grisailles en silences, ses fausses révérences», Jacques Brel révèle des blessures profondes qui ne se refermeront jamais. Le succès tardant à arriver comme pour un certain Aznavour, il passe par des années de flops et d’anonymat avant de connaître la gloire dans la fin des années 50. En 1956, il écrit «Quand on n’a que l’amour», son premier succès, qui intervient après sa rencontre avec celui qui deviendra son pianiste: François Rauber. Ses premières parties à l’Olympia sont un succès et il est en tête d’affiche à Bobino en 1958 où les tubes «Ne me quittes pas» et «La valse à mille temps» suscitent l’admiration du public. Il a le charisme, la voix, l’énergie. C’est un spectacle vivant à lui seul. La légende dit qu’il avait un trac maladif avant de monter sur scène, provoquant transpiration et nausées. Il vomissait avant chaque concert et était malade à l’idée d’entrer sur scène. Mais une fois sur celle-ci, il devenait la légende que l’on connaît, habité par la musique. Mais le succès est trop dur à porter. Les années 60 sont ses années glorieuses, durant lesquelles il signera de grands tubes, d’«Amsterdam» à «Ces gens-là», en passant par «Mathilde» et «Les vieux» pour ne citer que ceux-ci. En 1966, il faisait déjà ses adieux à la scène, à l’Olympia, où toute la salle est restée debout en scandant «Ne nous quitte pas». Il donnera son dernier concert à Roubaix en 1967 mais ne quittera jamais vraiment la scène: il continue à écrire des chansons, à les enregistrer. Durant ces années-là, il s’adonnera à sa passion pour le théâtre et le cinéma, mais aussi au voyage, notamment vers une de ses destinations de prédilection: le Maroc…

Le Maroc et ses marquises
C’est au Sphinx, l’hôtel mythique de Mohammedia, que Jacques Brel avait ses habitudes. Dans sa chanson «Jef», il affirme qu’il «ira voir les filles chez la Madame Andrée», qui n’est autre que la gérante de l’hôtel. Madame Andrée a réellement existé. Mais l’histoire d’amour qui liait Brel au Maroc ne se résumait pas au Sphinx et à Madame Andrée. Proche de Tayeb Sedikki, qui avait de nombreuses fois raconté à la presse ô combien le chanteur était un grand seigneur. Le Grand Jacques était, apparemment, un grand fan de la gastronomie marocaine, et on le rencontrait souvent au Restaurant du port de Casablanca, s’essayer à un tajine ou à des plats typiques. Le Maroc était pour lui une source d’inspiration. Il aurait composé «La valse à mille temps» sur la route reliant Tanger à Casablanca. La route, à l’époque, était tellement sinueuse qu’elle lui aurait inspiré la mélodie d’une de ses plus grande chansons, selon Omar Salim. Autre journaliste qui l’aurait bien connu: Ali Hassan! En 1966, lors des concerts de Brel à Rabat, Casablanca et Meknès, le jeune journaliste à l’époque assiste son rédacteur en chef qui interviewait la star. «J’ai assisté aux quatre concerts qui étaient identiques», se souvient Hassan lors d’une interview accordée à un magazine. «Ses concerts duraient 55 minutes, il sortait toutes ses tripes». Ce n’est qu’en 1973 que le chanteur belge est invité au Festival des arts traditionnels de Marrakech. L’animateur star le rencontre au bar de l’hôtel Es Saadi. Il ose trinquer avec lui, ils sympathisent alors. C’est là que le journaliste propose au chanteur de lui servir de guide afin de découvrir l’arrière-pays marrakchi. Une proposition que Brel accepte! Ali Hassan se retrouve en vadrouille pendant 48h, dans une Fiat 1500, avec la légende. Une expérience qui le marquera à vie, sublimée par une phrase qu’il lui aurait dite avant de se quitter : «Tu es l’un des seuls journalistes avec lesquels je suis resté marié plus de 48 heures, parce que tu n’as pas posé une seule question professionnelle». Un an plus tard, en 1974, lors d’une escale aux Îles Canaries, Jacques Brel ressent une forte douleur à la poitrine. On lui diagnostiquera un cancer des poumons qui le fauchera quatre ans plus tard, le 9 octobre 1979, le jour où «Nous aurons dans nos mains, Amis, le monde entier»… 


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