Culture

Mandibules : la comédie qui fait mouche !

Film hors compétition, Mandibules a fait rire la Mostra, samedi dernier. Drôle, décalée et improbable, la comédie délirante de Quentin Dupieux est d’une précision rare et d’une grande fluidité. «Torro !»

Ambiance Côte d’Azur, comme un air de vacances dans le sud de la France, la comédie d’un des réalisateurs les plus talentueux de sa génération commence, comme à l’accoutumée, sans prétention aucune. Manu, sous ses airs de hippie un peu simplet, dort à la plage et jusqu’ici tout va bien. Il est réveillé par une connaissance qui lui propose une mission simple : apporter une valise à un dénommé Michel Michel contre 500 euros. La belle affaire. Manu s’empresse de trouver une voiture, puisque pour réussir cette mission, il faut un coffre. Quoi de plus simple ? Il se contente de voler le premier véhicule qu’il peut forcer sur un parking de la ville, comme s’il y était autorisé. Il tombe sur une voiture en piètre état, aussi surréaliste que la situation dans laquelle il se retrouve. Mais lui semble trouver cela normal. Et le public aussi. Il retrouve son ami d’enfance dans une station essence et lui expose son projet. Jean-Gab est aussi simple d’esprit que son ami et ce duo nous fait étrangement penser aux exquis Dumb et Dumber. Le spectateur n’ose cligner de l’œil de peur de rater une situation burlesque. C’est en voulant vérifier le coffre de la voiture que le duo de choc trouve une mouche géante aux allures d’E.T. Personne ne panique, bien au contraire. Jean-Gab a une idée de génie : dresser la mouche pour gagner de l’argent avec !

Parce que le ridicule ne tue plus chez Dupieux
Dupieux nous avait habitués aux films surréalistes qui frôlent le ridicule sans jamais y tomber. Son cinéma est décalé et original. C’est drôle et touchant. Les idées fusent, la bizarrerie est normale telle la vie. Dans le cinéma de Dupieux, les pneus sont des tueurs en série, les hôtels de police sont des cours de miraculés et l’on peut tomber amoureux d’une veste en daim. Pourquoi ne pas dresser une mouche géante ? Surtout quand cela est amené par le duo brillantissime formé par David Marsais et Grégoire Ludig, on ne peut qu’adhérer. Des enfants dans des corps d’adultes qui scandent «torro!» à chaque prouesse. À l’aise dans leur nonchalance innée, touchants dans leur naïveté, les personnages sont attachants et drôles. Pourtant, ils ne font rien pour. Ce n’est pas forcé, c’est fluide et sincère. Et puis vient cette rencontre avec une amie d’enfance qui semble reconnaître Manu, mais que lui ne reconnaît pas. Le duo se retrouve dans une belle maison de vacances après avoir brûlé une caravane et dormi dans la voiture. Ils y retrouvent un Elvis Roméo qui est presque normal et une Adèle Exarchopoulos bluffante dans le rôle d’une jeune femme qui parle fort en serrant les dents après un accident de ski. L’absurde pur, mais un régal puisque les situations surréalistes se suivent sans se ressembler et l’on plonge dans cet univers entre le rêve éveillé, le drôle de cauchemar et la triste réalité. Une comédie mordante et tordante qui célèbre la vie. Pour une fois dans un film de Dupieux, personne ne meurt tragiquement ou subitement. Le film est plus solaire, plus lumineux. Le rythme est soutenu, sans jamais s’essouffler, et la mise en scène est intelligente. Une fresque absurde certes, mais pleine de sens, puisque Quentin Dupieux sait dépeindre la réalité de la vie et prendre la température des instants où il ne se passe pas grand-chose. Une comédie sérieuse et vitaminée qui a séduit la Mostra, dont la 77e édition se tient du 2 au 12 septembre, à Venise. C’est un film dans lequel les gens qui semblent «normaux» ne le sont peut-être pas et où les décalés sont sûrement les plus adaptés.

Jihane Bougrine, DNES à Venise / Les Inspirations Éco


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