Culture

L’interview confinée de… l’artiste visuelle Inès Bouallou

Comment est venue l’idée de reprendre des œuvres mythiques ?
L’idée de reprendre des œuvres mythiques m’est venue à l’esprit il y a deux ans ou plus, suite à une série de photos du photographe Tom Walker, une reproduction des œuvres d’Egon Schiele, par contre, je n’ai jamais eu autant de confiance en moi ni autant de ressources pour la réaliser jusqu’à ce 1er avril où un challenge a été lancé par The Getty Museum invitant les gens à reprendre avec les moyens du bord les œuvres les plus merveilleuses.

Comment s’est fait le travail, du choix des oeuvres jusqu’à leur appropriation ?
Le choix des oeuvres est basé sur mes inspirations et mes peintres préférés : Egon Schiele, René Magritte, Van Gogh, Gustave Klimt et Edward Hopper. Après que le challenge a été lancé sur les réseaux sociaux, j’ai passé quelque temps à revoir un tas de tableaux en pensant à ce qui pourrait être réalisé chez moi et avec mes propres moyens. Comme je ne suis pas seule et grâce à la présence de mes deux amies Hajar Hasni et Houda Abouz, j’ai pu composer mes idées et par la suite les partager pour avoir leur avis et leurs précieux conseils par rapport à la prise des images, la précision des détails et le make-up. L’idée du collage m’est venue par la suite. En attendant de réaliser de nouvelles images, j’ai opté pour des collages, entre les reprises et mes oeuvres originales

Que représentent ces œuvres pour vous ?
Ces œuvres représentent une partie de mon être, spécifiquement l’autoportrait d’Egon Shiele. Depuis toujours, j’ai une sensibilité pour les autoportraits, c’est comme un voyage au fond de soi-même et la manière avec laquelle Egon se représente avec le choix de la disposition des cheveux, la précision des détails des mains et des courbes de son corps me fascinent. Un véritable orgasme artistique. L’autoportrait de Van Gogh est aussi marquant car il représente un moment incroyablement difficile dans sa vie qui est le jour où il a perdu son oreille. Comment peut-on créer quelque chose de beau et touchant en étant au summum de la douleur. En général, j’ai cherché des expressions intenses que ce soit la colère (ange déchu d’Alexandre Cabanel), la douleur (self portrait with bandage, Van Gogh) la réflexion fatigante (Amant de l’absinthe, Picasso) et l’état poétique (Self portrait with hands on chest, Egon Schiele)

Que vous inspire le confinement et la situation exceptionnelle dans laquelle nous vivons ?
Le confinement m’inspire à la fois un gain de temps et une suffocation de me trouver face à mon être malgré la difficulté de ne pas pouvoir sortir de chez soi, il t’aide et te fait apprendre ce qui est l’acceptation et la patience même si on s’empresse souvent de fuir sa propre personne. Bizarrement ou pas, le confinement a fait de moi quelqu’un de productif sans que cela soit une pression sociale ou autre.

Comment choisissez-vous les moyens pour exprimer votre créativité du moment ?
Les moyens que je choisis pour exprimer ma créativité sont la photographie, que ce soit du portrait ou de l’autoportrait et l’écriture. Je regarde autour de moi avec les mêmes choses que je possède depuis des années jusqu’à ce que je trouve une idée, un feutre pour dessiner quelque chose sur mon corps, des fleurs que j’avais mises entre mes livres ou autre

Les œuvres qui ont marqué votre vie ?
Les oeuvres qui ont marqué ma vie sont Self portrait with Hands on chest, Egon Schiele, Morning Sun de Edward Hopper, Le baiser de Klimt, Café terrace at night de Van Gogh et plein de tableaux de René Magritte.


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