Culture

Haute couture : Caftan, glamour et transmission

Du 9 au 11 mai, la Caftan Week a brillé de tous ses feux à Marrakech. Ses organisateurs voulaient faire de cette vingt-quatrième édition celle de la maturité, le pari a été tenu.

Étalé sur plusieurs journées, l’évènement a pu déployer l’ampleur qu’il méritait, sur le thème : «Maroc, terre du caftan». Dans les coulisses, se sont affairés 35 mannequins, 40 habilleuses, une vingtaine de maquilleurs, de coiffeurs… Leur travail s’est vu samedi soir sur le podium, lors d’un somptueux défilé diffusé en direct par 2M. Pas moins de 5,3 millions de téléspectateurs ont admiré les créations de Miriam Aziz, Meriem Belkhayat, Najia Benjelloun, Amina Boussayri, Salima Elboussouni, Siham Elhabti, Hind Iraqi, Hind Lamtiri, Houda Larini, Zineb Lyoubi Idrissi, Samira Mhaidi, Fouzia Naciri, Imane Ochan, Selma Senaoui, Amal Soussi Aouad et Imane Tadlaoui.

(R)Évolution
Le renouvellement était aussi palpable à côté du catwalk. La soirée de gala a été précédée, jeudi 9 mai, d’activités intenses. Des masterclass avec Mimia Leblanc et Laila Aziz ont permis de transmettre et diffuser les finesses de la joaillerie et du design, alors qu’à Dar El Bacha, un Musée de l’histoire du caftan a ouvert ses portes. La dimension culturelle est donc bien là. Il semble temps de structurer la mise en valeur d’une pratique pour le moins ancrée dans la société marocaine.

En effet, l’une des organisatrices, Zineb Taïmouri, directrice exécutive de coordination de «Femmes du Maroc», nous rappelle que «le caftan des années 50 n’est pas celui des années 60, qui n’est pas celui des années 80… Sa coupe a évolué, ses points de broderie ont évolué… Le caftan se modernise». «Et il dépasse les frontières», souligne-t-elle, «au point d’être sur les podiums des plus grands créateurs internationaux.

Aujourd’hui, quand on voit un défilé de Dior ou de Balmain, il nous arrive de reconnaître la coupe de notre caftan, ce caftan que nous chérissons tous. Nous, en tant que Marocains, c’est un habit qu’on utilise dans différentes occasions, que ce soit pour des baptêmes, des mariages, etc. Il n’y a aucune Marocaine aujourd’hui qui n’a pas un caftan dans sa garde-robe».

Expansion
Avec la styliste Meryem Boussikouk, Ichrak Moubsit, directrice de publication de «Femmes du Maroc», a confirmé cette ambition. Historiquement liée à la ville de Marrakech, la Caftan Week aimerait se développer à l’international, pourquoi pas en déployant un réseau de partenaires. Si le marché du Moyen-Orient semble le plus propice, pour des raisons de proximités culturelles, de grandes villes occidentales, qui hébergent de fortes communautés marocaines, sont demandeuses de ce genre d’initiatives, assure-t-elle.

Au plus près de l’étoffe, la créatrice Meryam Belkhayat précise que la marocanité du vêtement se voit dans «les boutons, les plastrons, les broderies, la façon de faire les motifs… cet ensemble fait un caftan unique, qui appartient au pays». Pour cette année, elle a puisé son inspiration dans «la nature du Royaume, ses montagnes, ses neiges, tout ce qui peut éblouir les visiteurs du pays qui le regardent avec un cœur marocain».

Jeunes talents
De son côté, Amal Soussi Aouad s’est efforcée «de saisir les couleurs de la terre, les motifs des bijoux amazighs, les couleurs des villes du Maroc, de la mer, même les grillages des fenêtres, l’architecture, les portes du Maroc». 2024 était le premier défilé de cette styliste.

Dans le domaine depuis 25 ans, elle avait préféré attendre que ses trois enfants soient grands pour montrer ses créations, confie-t-elle. Au cœur d’une fête très exclusive de la haute-couture, on a voulu savoir si une démocratisation du vêtement, une production en prêt-à-porter, était envisageable. La designeuse Samira Mhaidi ne paraît pas effrayée par l’idée, même si, pour l’instant, cela semble ne concerner qu’un dressing plus casual : «Effectivement, il y a plusieurs brands, plusieurs créateurs marocains qui ont fondé des marques de prêt-à-porter avec une touche marocaine, une Moroccan Touch. On peut trouver des vestes, des chemises assez légères, faciles à porter tous les jours, au travail, pour aller faire des courses, dans la vie quotidienne». En attendant, la génération montante, représentée par Marwa Aboud, Kenza Abousserhane, Mouad Chafai, Yasmine El Jirary, Soumaya Hajjaj, Said Illy et Asmaa Marzouk, s’était préparée par de longues semaines de travail acharné et de mentorat. Elle a offert, vendredi 10 mai, un défilé de grande qualité pour la compétition des Jeunes Talents.

Calligraphies imprimées, origines militaires de la pièce revisitées avec des broderies féminisées, classicisme au glamour rouge et or… ont rendu le travail du jury très difficile. Ce prix Jeunes Talents a été décerné à Imane Bamouss, pour son choix d’une fraîcheur printanière toute en simplicité. Elle a reçu un chèque de 30.000 dirhams de la part de la marque de cosmétiques Kaline. Un précieux soutien pour Imane Bamouss, qui gagne aussi une participation au défilé de gala de la prochaine édition, ce qui lui promet beaucoup de pression pour préparer sa collection et monter sur le podium de ses rêves.

Murtada Calamy / Les Inspirations ÉCO


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