Culture

Festival national du film de Tanger: Mehdi El Khaoudy ouvre le bal

Un village yézidi en paix ou presque, une famille en apparence normale… quand soudain la menace approche. L’État islamique s’empare des femmes pour en faire des «otages». Voilà l’angle qu’a choisi le réalisateur marocain Mehdi El Khaoudy pour son deuxième long métrage, qui ouvre le Festival national du film de Tanger. Un film sincère porté par des acteurs de talent.

Un film résolument humain
Dans son film, politique certes, Mehdi El Khaoudy semble s’intéresser à la psychologie des personnages. Il ne juge pas, il raconte des faits. Un État islamique aux pratiques barbares qui endoctrine, forme, exécute.

Le film commence d’ailleurs par un endoctrinement: un jeune homme, Européen d’origine marocaine, reste des heures devant son ordinateur et devient la cible parfaite des groupes terroristes. Plus tard, on comprend qu’un choc personnel intervenu dans son passé le poussera à franchir le pas, et les frontières entre le bien et le mal s’en retrouveront brouillées. Les terroristes en profitent: rien de tel qu’une âme en peine, un homme blessé, pour convaincre celui-ci de «dédier sa vie à Dieu». Un rôle campé par le talentueux Mehdi Lamrini qui décide d’aller en Syrie, convaincu par Brice Bexter Glaoui, incarnant un terroriste au sang froid, à la fois gourou et compagnon de guerre, d’aller se former avec «ses frères».

Une fois arrivé là-bas, les camps, les combats, l’entraînement semblent convenir au personnage qui se trouve une nouvelle raison de vivre et d’être. Jusqu’à la première attaque, au cours de laquelle le groupe s’en prend à un village d’innocents. On tue les hommes sur la place publique, on kidnappe les femmes. Le cœur commence à parler, la conscience prend le dessus. Le personnage est d’ailleurs hanté par le fantôme d’une de ses victimes: le père d’une des filles prises en otage, cette dernière sur le point de devenir une esclave sexuelle du groupe.

Acteurs touchants
Cette otage, courageuse et qui ne se laisse pas faire, est campée par la bluffante Ouidad Elma. Forte, elle voit défiler les femmes du village, toutes emprisonnées avec elles, et subir les pires atrocités de la part des bourreaux. Pour eux, l’acte est «halal», ils ont tous les droits sur ces femmes devenues leur propriété. Une horreur sur fond d’histoire d’amour puisque le fiancé campé par l’excellent acteur tunisien Mohamed Zouaoui fera tout pour venir en aide à sa promise, quitte à risquer sa vie. Un film d’une belle sincérité, dans l’ère du temps, qui reprend une histoire vraie. Un angle bien choisi pour raconter l’horreur et une réalité que l’on a tendance à oublier jusqu’au prochain attentat en Occident. Le réalisateur rappelle que les vraies victimes sont les populations aux frontières, qui subissent les pires abominations tous les jours. Abdellah Chakiri en chef des troupes est plus que convaincant.

Effrayant en leader du groupe terroriste, il livre une prestation juste sans tomber dans le cliché. La belle fraîcheur du casting apporte humanité et profondeur au film. Il est bon de retrouver l’actrice franco-marocaine Ouidad Elma en femme courage qui ne veut pas être une victime, ou encore des acteurs charismatiques comme Mehdi Lamrini, Brice Bexter El Glaoui et Mohamed Zouaoui. Malgré les maladresses de la mise en scène, qui reste somme toute délicate et étudiée, et la fragilité du scénario, Mehdi El Khaoudy nous raconte une histoire qu’il est nécessaire de partager. Le cinéma marocain en a bien besoin. Que demander de plus ? Un film à voir de toute urgence…


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