Expositions : We Arty conjugue la création artistique à Marrakech

La Matisse Art Gallery et le musée Macma se joignent à la fête artistique We Arty, du 1er au 4 mai, dans la Ville ocre.
À l’initiative d’acteurs de la vie culturelle et artistique de Marrakech, We Arty regroupe des galeries, des musées, des institutions et des espaces hybrides dédiés à la création.
«Convaincus par la force du collectif, les participants de We Arty entendent générer une synergie vertueuse et une atmosphère vibrante où l’art et la création sont célébrés sous toutes leurs formes le temps d’un weekend», annoncent-ils. Le Musée d’art et de culture de Marrakech (Macma) est un musée privé.
Il a ouvert ses portes le 26 février 2016, à l’initiative d’un galeriste et collectionneur passionné, Nabil El Mallouki. Ce musée est dédié à la mise en valeur permanente d’expressions artistiques multidisciplinaires (sculpture, photographie, peinture) inspirées par le Maroc, et choisies pour leur originalité comme pour leur valeur patrimoniale. Il offre une collection unique dans tout le Maghreb d’œuvres orientalistes et d’artistes marocains depuis le XIXe siècle jusqu’à aujourd’hui.
À la même adresse, depuis 1999, la Matisse Art Gallery est une référence pour la peinture du et au Maroc, depuis les artistes orientalistes d’hier jusqu’à la scène nationale et internationale contemporaine. Particulièrement dédiée à l’art figuratif, elle soutient et promeut aussi bien des créateurs confirmés que des talents prometteurs.
Arts du Maroc, entre imaginaires et réalités
À propos du Maroc, Eugène Delacroix écrivait «Le pittoresque abonde ici. À chaque pas, il y a des tableaux tout faits qui feraient la fortune et la gloire de vingt générations de peintres».
Comme en écho, le journaliste-chroniqueur et photographe contemporain Ariel Wizman résume : «Ce que j’aime dans le Maroc, c’est la manière dont le pays se donne.» Confrontant les regards à l’objectivité parfois ambiguë des photographes et ceux, souvent poétisant, voire oniriques des peintres, une première exposition, «Arts du Maroc entre imaginaires et réalités», met en exergue la vérité des objets et des décors issus d’une culture millénaire, comme un trait d’union entre deux interprétations de la réalité artistique marocaine.
Il est proposé de découvrir un art qui se niche parfois (et même souvent) dans les détails d’une réalisation tout à fait fonctionnelle, mais qui ne peut s’empêcher de s’affirmer comme une création à part entière, une manifestation esthétique «pour le plaisir des yeux». Les artistes occidentaux, photographes ou peintres, ont bien compris cet esprit marocain, et se sont empressés de le reproduire ou le fixer, comme un gage d’authenticité dans leur décor, dans les mains de leurs sujets, mais aussi comme témoignage de leur admiration et leur fascination pour un pays qui défend si bien l’originalité de sa beauté et de sa fierté.
À titre d’illustration, vous pourrez découvrir pour la toute première fois l’œuvre «Le Souk de Marrakech», peinte en 1947 par le peintre belge Max Moreau. Ce tableau a été donné au Macma par la famille du lieutenant-colonel Émile Gesvre, commandeur de la Légion d’honneur, qui vécut à Mazagan (El Jadida) et se lia d’amitié avec l’artiste à Marrakech.
Abdelouahed Sordo et Abderrahim Iqbi
Une seconde exposition, intitulée «Hommage et rétrospective Abdelouahed Sordo (1943-2024)», se tiendra dans les mêmes murs du Macma. Abedlouahed Sordo a été un chantre magnifique et terriblement humble de sa terre natale, Tétouan, dont il a peint les maisons, les ruelles, les montagnes les rivages et les silhouettes. Il les a revêtus d’une dimension onirique et contemplative incomparable.
Artiste sensible et touchant, il fut également très lié à la galerie. Et lui rendre hommage n’est pour elle que rendre justice à son talent autant qu’exprimer combien sa poésie et son affection nous manquent. Enfin, Abderrahim Iqbi présente ses œuvres récentes à la Matisse Art Gallery. Inclassable et surdoué, boulimique des silhouettes et des couleurs inattendues, Abderrahim Iqbi bondit dans la peinture contemporaine comme un elfe ou un diablotin farceur jaillissant d’une boite. Mais son apparente fantaisie joviale, son verbe abondant et l’ironie de ses compositions masquent mal une gravité du propos et une intensité de composition qui ne s’altèrent pas avec le temps.
Clown inquiet, mais paisible, Iqbi contemple et décrit, sans le moraliser, un monde qui se perd avec jubilation dans une représentation charnelle et organique de ses rêves. Né en 1971, Abderrahim Iqbi est licencié en linguistique.
Peintre autodidacte passionné, érudit de philosophie, d’art et de cinéma, il expose et travaille en exclusivité avec la Galerie Matisse depuis 2000. Ses œuvres sont uniques par l’univers qu’elles déploient, peuplées de créatures à la fois fantasques, grotesques ou même sarcastiques, mais toujours nimbées d’une luminosité qui les sauve du pessimisme.
M.C. / Les Inspirations ÉCO