Culture

Adnane Mouhejja : “Ce n’est pas facile de créer des personnages”

Acteur établi et scénariste, Adnane Mouhejja enchaîne les tournages, écrit, joue pour la télévision et pour le grand écran. Après avoir bouclé le tournage de «L’égaré», premier film de Driss Roukhe en tant que réalisateur qu’il a co-écrit avec lui, il propose une nouvelle série sur le monde de la justice au Maroc. «9adayat l3omr» (L’affaire du siècle) sort bientôt sur le petit écran. Rencontre avec son auteur et acteur.

D’où est née l’idée de la série ? À quel moment avez-vous senti le besoin de la raconter.
C’est une idée que je développe depuis bien longtemps et que j’ai retravaillée avec la productrice Hinda Sikkal qui m’a donné l’opportunité de la voir se réaliser. J’ai eu la chance aussi d’écrire la série au sein d’un atelier avec Mourad El Khaoudi qui est le réalisateur et Yahya El Fandi. Deux grands scénaristes qui ont apporté beaucoup au projet. En effet, j’ai toujours été fasciné par le monde des avocats et la justice en général. Je crois que c’est l’un des métiers les plus nobles qui existent sur terre. C’est aussi un travail qui n’est pas facile. J’en ai vu des projets de séries de ce genre et je me suis dit : «pourquoi pas ?». L’idée est de ramener un peu de nouveau au niveau du récit dramatique et sortir de l’ordinaire en prenant une affaire de justice comme intrigue principale et ainsi tisser des sous-intrigues pour alimenter l’histoire générale. Un exercice difficile mais très amusant.

À quel point l’étape de l’écriture et du tournage ont été différentes ? Y a-t-il eu beaucoup de réécritures ?
Bien sûr que les deux étapes sont totalement différentes. Le processus d’écriture que je nomme personnellement le rêve est l’étape où nous essayons de raconter l’histoire et dessiner les personnages qui meublent cette histoire. Avec Mourad et Yahya, nous avons travaillé en résidence d’écriture. Nous habitions ensemble et nous étions sur le projet 24h sur 24, ce qui nous a aidé à vivre l’histoire et puiser dans les détails du récit, être le plus précis possible. Peu sont les projets réalisés avec la version écrite non retouchée, et cela, on le voit plutôt dans le cinéma. Pour notre série, il n’y a pas eu beaucoup de réécriture car nous avons écrit la série avec le réalisateur. Ce qui fait que nous avons ficelé le scénario pendant la résidence. Après, il y a eu des petits changements au niveau des dialogues que nous avons jugé nécessaires pour quelques séquences.

Comment s’est fait le casting ?
C’est un travail qui a été fait par le réalisateur et les producteurs. Nous avons bien détaillé les traits de nos personnages, ce qui a facilité la tâche de Mourad pour choisir le casting. Je suis fier de faire partie de ce magnifique casting qui se compose d’acteurs extraordinaires qui ont donné vie à la série. Mohamed Khouyé, Nadia Ait, Hasna Tamtaoui, Hajar Graigaa, Yahya El Fandi, Nacer Akababe, Meriem Bakouch, Bachir Ouakine, Karim Doukkali, Reda Alaoui…

Est-ce plus facile de créer des personnages pour les autres ?
Ce n’est pas facile de créer des personnages, les rêver, les voir grandir. C’est un travail qui demande beaucoup de temps et beaucoup d’énergie. C’est vrai que quand j’écris, je donne de moi-même mais j’essaye le plus possible de garder ma neutralité et aller à la rencontre de personnages que je ne connais pas. Par contre jouer un personnage que j’ai créé me facilite beaucoup la tâche car j’ai eu une vie commune avec ce personnage pendant l’écriture. J’insiste beaucoup dans l’écriture sur les personnages et leurs propres histoires, leurs secrets, leurs rêves. Chaque personnage que j’écris, j’essaye de le détailler et le rendre vivant pour l’acteur qui va l’incarner.

« J’insiste beaucoup dans l’écriture sur les personnages et leurs propres histoires, leurs secrets, leurs rêves ».

Le travail d’écriture d’une série est-il différent de celui d’un film ?
Oui, très différent. L’écriture télé se repose sur les attentes du public et aussi du cahier des charges de la télévision qui demande des thématiques bien précises avec différents formats. Pour le cinéma, c’est le contraire car les créateurs essayent de partager des idées ou bien parler d’un sujet qui touche une partie ou bien toute la société. Écrire une série, c’est raconter une histoire sur plusieurs épisodes. Un exercice pas facile du tout. Des jours et des nuits d’écriture, de réflexion avec la même question qui hante le scénariste, comment faire pour écrire une trentaine d’épisodes sans perdre le fil de l’histoire ? Sans oublier les deadlines car nous travaillons avec des sociétés qui ont des plannings de tournages. Par contre l’écriture cinéma, c’est un autre processus. La plupart du temps, il n’y a pas de deadline et nous prenons le temps qu’il faut pour finaliser le scénario et des fois sur plusieurs versions car dans le cinéma on n’a pas le droit à l’erreur, on a que maximum deux heures pour raconter une histoire.

Bio Express
Né à Marrakech, Adnane Mouhejja s’est formé par des stages, la plupart organisés à l’Institut français de Marrakech avec des metteurs en scènes et des chorégraphes : Jean Mouriere, Sotigui Kouyaté, Jean-Pierre Drouet, Bernardo Montet, Buscot Duvert Emmanuella Nelly, Amine El Azadi, Adil Bouh. Il commence sa carrière en tant que chanteur et rencontre le jeune dramaturge Abdeltif Edihia qui lui propose un rôle dans une création théâtrale. Il joue dans «Tah Lhouke oussab Ghtahe» de Rachid Oumaï, «l’air du temps» d’Amine El Azadi. Comme danseur, il joue dans la création «entre hier et demain» avec la Cie Kafa et monte la chorégraphie d’«Ana Ounta». Depuis 2008, il est assistant du réalisateur Nour Eddine Tilsaghani pour Luxetv. Depuis, il enchaîne les tournages au cinéma et à la télévision. L’envie d’écrire le rattrape et il donne naissance à ses nouveaux projets.



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