Ventes de voitures neuves. Un mois de mai au plus mal
Mieux qu’en avril, mais toujours moins que la moyenne. Voilà en gros, comment on pourrait qualifier le marché du neuf en mai, mois ayant creusé un peu plus le repli en glissement annuel. Plus que jamais, les distributeurs automobiles et les sociétés de financement devront s’atteler à relancer l’activité de ce secteur durant les semaines et mois à venir.
Toujours à la peine, les ventes de véhicules neufs sont restées en forte baisse durant le mois dernier (-82,7%) qui a tout juste flirté avec les 2.300 nouvelles immatriculations, incluant voitures particulières (VP) et utilitaires légers (VUL). Malgré tous les efforts déployés par les distributeurs automobiles et leurs concessionnaires, les acheteurs confinés ne se sont que très peu manifestés. Une tendance flegmatique qui a touché toutes les marques, y compris celles occupant le podium et qui, à elles seules, réalisent plus de la moitié des ventes. Il est intéressant de noter qu’hormis le duo en tête (Dacia-Renault), les immatriculations des autres marques sont restées sur un volume moyen entre 60 et 86 unités durant le mois de mai.
Dacia sauvée par les taxieurs
Dacia qui, en temps normal, livre une moyenne de 3.500 véhicules neufs s’est contentée d’en vendre un peu moins de 900 le mois dernier, soit -75,5% par rapport à mai 2019. Et encore, la marque leader du marché aurait même pu faire moins bien, si elle n’avait pas profité d’une bonne vague de renouvellement de petits et grands taxis. Ainsi, 274 Lodgy à 7 places ont été écoulés à des taxieurs. Deuxième marque la plus vendue, Renault souffre également (-87,8% par rapport à mai 2019), n’ayant écoulé que 383 véhicules neufs en mai, dont quelque 150 VUL. Malgré cela, le duo franco-roumain pèse toujours aussi lourd avec une part de marché (PDM) calculée à 43,31% à fin mai et atteignant même les 55,5% sur le seul mois isolé ! Pour le reste, ce sont surtout les particuliers qui alimentent les ventes du neuf comme c’est le cas pour Hyundai qui campe toujours sur la troisième marche du podium après une modeste performance chiffrée à 76 ventes. L’importateur du n°1 Coréen a, par pur hasard, livré le même volume de VP que de VUL, soit 38 unités. Parmi ces derniers (VUL), figure une bonne vingtaine de H350, fourgon à multi-usage utilisé aussi bien par les ambulanciers que par les transporteurs touristiques ou de personnels d’entreprise.
Peugeot et VW suivent difficilement
Juste derrière, Peugeot (4e) frôle les 7% de PDM, n’ayant livré que 86 véhicules, dont près de la moitié sont des 208 et 2008 de nouvelle génération. Ces deux nouveautés et d’autres comme le ludospace Rifter, laissent supposer qu’après la levée du confinement, la marque au Lion saura contrecarrer l’attentisme ambiant qui règne auprès des clients particuliers. On pourrait en dire autant pour Volkswagen qui ferme le top-5 avec plus de 2.000 ventes cette année, dont 60 comptabilisées le mois dernier. L’importateur du premier constructeur européen capitalise toujours sur la forte image de sa marque et de ses modèles. C’est le cas des Caddy, Tiguan et Touareg qui, à eux trois, ont réalisé 75% des ventes en mai.
Tipo, Ducato, le duo booster de Fiat
Dans la seconde moitié du top-10, Citroën (6e) maintient son rang (6e) et sa PDM (près de 5%), malgré une baisse de -46%, soit un repli annuel similaire aux autres marques qui la suivent au classement. En mai, la marque aux chevrons s’est essentiellement appuyée sur le Berlingo qui a réalisé un tiers de ses ventes. 7e au classement, Fiat semble avoir défié la conjoncture en étant la seule (hormis Dacia et Renault) à avoir franchi la barre de la centaine de livraisons en mai. Et pour cause, la filiale marocaine du groupe italien a profité d’une forte demande sur son gros fourgon (le Ducato), ainsi que sa berline à 4 portes (la Tipo), aidée en cela par une belle agressivité tarifaire et un financement différé sur 6 mois. Il y a aussi la forte mobilisation du réseau, sous l’impulsion d’un nouveau directeur commercial en la personne de Jad Mabrour (ex-Audi). Avec une soixantaine de ventes chacune et une baisse annuelle à plus de 50%, les marques Ford (8e) et Toyota (9e) se suivent avec un écart inférieur à 100 véhicules au cumul. Vient enfin Opel qui est l’unique marque du top-10 à enregistrer une baisse à un chiffre, soit un «petit» -6,7%. Les modèles Corsa, Crossland X et Grandland X réalisent l’essentiel des ventes avec une quinzaine d’unités chacun, permettant à la marque d’atteindre une PDM de 3%. Dans le reste des ventes, signalons la «bonne» performance mensuelle de deux marques premium, à savoir Porsche (8 ventes en mai) et surtout Mercedes (43 VP vendues). Cette dernière domine toujours le segment premium et creuse même l’écart avec son challenger, BMW. Plus que jamais, il devient urgent de relancer la demande. Les distributeurs automobiles et leurs concessionnaires en sont conscients : la reprise du marché ne se fera pas du jour au lendemain, mais progressivement. Cela d’autant plus que les ménages à revenus faibles ou modérés et dont le pouvoir d’achat a été mis à mal durant ces derniers mois, priorisent leurs dépenses selon la conjoncture et les échéances (vacances d’été, fête de l’Aid El Kebir, rentrée scolaire…). À l’heure où le différé de paiement et autres reports d’échéances sont en passe de devenir monnaie courante sur le marché automobile actuel, le crédit gratuit sera lui aussi remis sur la table des arguments proposés par les conseillers commerciaux. Ces mécanismes financiers permettront-t-ils une reprise en juin? On verra bien.