Une transformation sociétale accélérée s’impose
La gouvernance d’entreprise au Maroc a connu, au cours de la dernière décennie, une évolution palpable. Mais, le progrès enregistré n’est pas encore à la hauteur des aspirations, de l’avis même du ministre des Affaires générales et de la gouvernance. Lahcen Daoudi plaide pour l’accélération du rythme de transformation des mentalités à tous les niveaux en vue d’atteindre les objectifs souhaités en la matière.
Sans une transformation sociétale et culturelle, les vœux du Maroc resteront pieux en matière de gouvernance d’entreprise. Le ministre des Affaires générales et de la gouvernance, Lahcen Daoudi, en est intimement convaincu. Pouvoirs publics, secteur privé et tous les acteurs de la société sont appelés à déployer de grands efforts en vue d’opérer un important changement au sein de la société marocaine. Certes, des progrès ont été enregistrés par le Maroc au cours de la dernière décennie. Mais, le chemin reste semé d’embûches, car le rythme de l’évolution est encore long. Et comme le souligne si bien le responsable gouvernemental lors de l’ouverture de la première réunion du Groupe de travail MENA-OCDE sur la gouvernance d’entreprise à Rabat, il ne suffit pas de se contenter de déployer des efforts. Encore faut-il que les actions menées soient au même niveau, voire supérieures à ce qui se fait sous d’autres cieux, vu que la gouvernance est un processus continu dans une ère de plus en plus mondialisée. Aussi faut-il toujours s’évertuer à être toujours aux aguets et à mieux faire pour ne pas être à la traîne. Il faut dire que la mission n’est pas de tout repos.
L’expérience démontre qu’il est difficile de mettre en œuvre les recommandations en matière de bonne gouvernance au sein de l’entreprise. Il s’avère, de ce fait, nécessaire de mutualiser toutes les forces. À cet égard, l’Exécutif se dit prêt à accompagner le secteur privé dans ce chantier crucial d’autant plus que les enjeux sont de taille pour le développement économique comme la nécessité de promouvoir la recherche scientifique au sein de l’entreprise et de donner un coup de fouet à la formation continue des ressources humaines. Aujourd’hui plus que jamais, il faut trouver les mécanismes adéquats d’accélération de la cadence. Il ne suffit pas d’éditer des lois, de l’avis de l’Exécutif, car la question est complexe et nécessite une approche transversale. Le Maroc se montre, depuis une décennie, conscient de l’ampleur du défi. Rappelons qu’une Commission nationale de gouvernance d’entreprise a été créée en 2007 conjointement par le ministère des Affaires économiques et générales et la Confédération générale des entreprises du Maroc en vue d’améliorer les normes de gouvernance d’entreprise au Maroc. Elle a pu publier en 2008 le code marocain des bonnes pratiques de gouvernance d’entreprise qui s’est enrichi de trois annexes portant spécifiquement sur les PME et entreprises familiales en 2009, les établissements de crédit en 2010 et les entreprises publiques en 2012. En vertu des dispositions de ce code, chaque entreprise applique les recommandations ou, à défaut, explique les raisons qui l’ont poussée à y déroger. Au début de 2010, l’Institut marocain des administrateurs a été créé (association à but non lucratif) en tant qu’émanation de la Commission nationale de gouvernance d’entreprise.
À cela s’ajoute le partenariat avec l’OCDE. Le Maroc bénéficie, en effet, d’un programme pays de l’OCDE portant sur quelque 17 projets stratégiques axés sur trois volets : la compétitivité, la gouvernance publique et l’inclusion sociale. Ce programme prévoit l’adhésion du royaume à neuf instruments juridiques de l’OCDE ainsi que le renforcement de sa participation aux activités de neuf de ses comités. En dépit de toutes les actions menées, «le chemin reste encore long», précise le ministre des Affaires générales et de la gouvernance. Le Maroc entend s’inspirer des expériences internationales pour adopter les meilleures pratiques. À cet égard, nombreux sont les enjeux : l’amélioration de la transparence et la productivité des entreprises, l’augmentation de leur efficience économique, le renforcement de l’accès des femmes dans les instances décisionnelles des entreprises, l’adoption de normes internationales pour le renforcement des capacités des entreprises…
Lahcen Daoudi
Ministre des Affaires générales et de la gouvernance
On ne peut pas demander la bonne gouvernance à l’entreprise sans changer la mentalité dominante dans la société pour lui faciliter la tâche. Le changement de la société ne passe pas uniquement par le volet juridique qui évolue. Il faut plutôt des actions sur le terrain. Des questions se posent : la société bouge-t-elle au rythme des changements du volet juridique ? Quels sont les moyens utilisés pour transformer rapidement la mentalité de la société pour que la logique de la compétitivité soit la règle générale tant au sein de la famille que dans l’entreprise ?».
MENA/OCDE : Un nouveau programme de gouvernance d’entreprise
Les travaux de la première réunion du groupe de travail MENA-OCDE sur la gouvernance d’entreprise devront être clôturés aujourd’hui à Rabat par le lancement d’un nouveau programme de gouvernance d’entreprise pour les pays de la région MENA en vue de mettre à niveau les économies de ces pays. L’objectif est de renforcer les engagements des pays MENA et soutenir les efforts des décideurs visant à améliorer la gouvernance d’entreprise en prenant pour référence les principes de gouvernance d’entreprise du G20 et de l’OCDE sur la gouvernance des entreprises publiques. Réunissant des représentants des autorités boursières, des banques centrales, des ministères, des Bourses, des centres de gouvernance d’entreprise et d’autres acteurs publics et privés, le groupe de travail MENA-OCDE sur la gouvernance d’entreprise s’assigne pour objectif de promouvoir un dialogue sur l’action à mener en vue d’une gouvernance saine des entreprises cotées en Bourse et des entreprises publiques dans la région.