Éco-Business

Un déficit incurable !

Près de 190 MMDH de déficit commercial ont été enregistrés en 2017. Un passif qui pèse lourd pour l’économie du royaume et qui confirme une nouvelle fois le caractère structurel de ce déficit. Malgré la bonne performance de l’export qui enregistre une progression de 9,3%, l’import demeure quasi-incompressible.

Les pires craintes des économistes se confirment. Après un léger rebond inattendu en 2015, le déficit commercial ne cesse de plonger. Les dernières statistiques de l’Office des changes pour l’année 2017 viennent confirmer la débâcle et le caractère définitivement structurel du déficit commercial. Les échanges extérieurs du Maroc ont été marqués par une aggravation du déficit de la balance commerciale de 2,6% à 189,8 MMDH durant l’année écoulée, contre 185 MMDH en 2016 et ce n’est pas la faute aux exportations. Bien au contraire, les expéditions du royaume ont progressé de 9,3% à 244,9 MMDH. Une évolution qui s’explique notamment par la hausse des ventes de la quasi-totalité des secteurs, principalement ceux de l’aéronautique (+18,4%), des phosphates et dérivés (+11,1%), de l’électronique (+8,5%), de l’agriculture et l’agroalimentaire (+7,6%), de l’automobile (+7,1%), du textile et cuir (+5,9%) et de l’industrie pharmaceutique (+5,7%). Toutefois, le poids de l’import demeure colossal avec 434,7 MMDH, soit une hausse de 6,3%. L’accroissement des importations s’explique essentiellement par la hausse de la facture des produits énergétiques de 27,3%, des produits bruts de 15,2%, des produits finis de consommation de 5,1%, de biens d’équipement de 1,8% et des demi-produits de 3,8%, précise la même source, relevant une baisse de 4,7% des produits alimentaires. À l’heure de la flexibilité du dirham, le coût de cette hausse des importations pourrait se faire ressentir. Dans le pire des scénarii, il pourrait aboutir à une hausse de l’inflation.  

Qui blâmer ?
Alors que plusieurs voix s’élèvent pour lier cette débâcle du déficit commercial à la libéralisation des échanges au Maroc et à la signature à tout-va des accords de libre-échange depuis le début des années 2000, le département du Commerce extérieur se défend d’un quelconque lien direct entre le déficit et les ALE.   Pour le secrétariat d’État en charge du Commerce extérieur, cette situation est principalement attribuée à la conjoncture économique du Maroc caractérisée par l’augmentation des investissements dans le cadre des grands chantiers initiés, qui se répercutent sur l’augmentation des importations des matériaux d’équipement, de matières premières, des produits semi-finis, qui entrent dans la production nationale destinée au marché intérieur et extérieur, ce qui contribue à la réduction de leurs coûts lorsqu’ils sont importés dans le cadre de ces accords. Le déficit est également dû à la demande croissante de certains intrants, produits et réexportés ainsi qu’à la hausse de la facture du blé et de l’énergie qui contribue amplement à l’aggravation du déficit commercial. Le ministère va même jusqu’à défendre la bonne performance du réseau d’ALE marocain. La Secrétaire d’État chargée du Commerce extérieur, Rkia Derham, a affirmé, en réponse à une question orale à la Chambre des représentants que le bilan des accords de libre-échange conclus avec les différents partenaires commerciaux était «excellente» et a contribué à la hausse des exportations. Selon Derham, l’export dans le cadre des accords préférentiels a atteint durant les dix dernières années un taux de croissance de 16,4%, avec les États-Unis, de 13% dans le cadre de la Convention de facilitation et de développement des échanges commerciaux entre les pays membres de la Ligue arabe et de 16% dans le cadre de l’Accord d’Agadir.  

Les IDE progressent de 12%
Le flux des Investissements directs étrangers (IDE) au Maroc s’est bonifié durant l’année 2017 de 12% à 23,7 MMDH, contre 21,1 MMDH en 2016, selon des données de l’Office des changes. Cette évolution provient de la chute des dépenses de 57,8% à environ 6 MMDH, plus lourde que celle des recettes (-16% à 29,7 MMDH), explique l’Office des changes dans sa note sur les indicateurs mensuels des échanges extérieurs pour l’année 2017. Quant aux recettes des Marocains résidant à l’étranger (MRE), elles ont réalisé une progression de 4,5% à 65,4 MMDH en 2017, relève la même source. Pour ce qui est de la balance Voyages, elle fait ressortir un excédent en hausse de 5,4% à 48,6 MMDH à fin 2017, indique l’Office des changes, notant que ce résultat est imputable à l’augmentation des recettes Voyages de 5,4 MMDH à 69,6 MMDH et des dépenses de 2,7 MMDH à 17 MMDH.


Le Maroc active ses boucliers commerciaux

Face à la déferlante des importations, le royaume ne compte pas se laisser faire. Le ministère de l’Industrie, de l’investissement, du commerce et de l’économie numérique a clairement indiqué qu’il usera de tous les moyens dont il dispose pour contrer les importations déloyales. Le dernier épisode en date concerne l’activation des droits d’ajustement appliqués dans le cadre de l’ALE avec la Turquie pour contrer les importations massives en provenance du pays d’Atatürk. Le Maroc ne semble pas vouloir s’arrêter en plein élan. Dans une récente intervention devant la Chambre des représentants, la Secrétaire d’État en charge du Commerce extérieur a indiqué que l’Exécutif continuera à protéger les produits marocains contre les pratiques commerciales illégales afin d’atténuer les effets de la concurrence résultant, notamment, de l’importation massive de certains produits. Elle assure que son département reste entièrement disposé à examiner les plaintes déposées par les représentants des secteurs productifs nationaux, appelant à des mesures de protection commerciale appropriées face aux importations qui les menacent et leur portent préjudice, conformément aux conditions et règles prévues dans les accords commerciaux et la législation nationale.


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