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Transport maritime : un cadeau venu de Washington

C’est une décision de la Commission fédérale des États-Unis qui risque de favoriser davantage le transport maritime transitant par le Maroc. Elle impose, en effet, à certaines compagnies à destination des États-Unis de passer par le Royaume. Un bel avenir en perspective pour certains ports comme Tanger Med. Explications.

Les États-Unis ont accordé à certaines compagnies mondiales le monopole sur certaines routes maritimes, mais à condition de transiter par des ports bien identifiés, dont ceux du Maroc. Et naturellement, chez les professionnels et opérateurs maritimes, on s’est rapidement demandé en quoi cette décision américaine concerne le Royaume.

«Pour comprendre de quoi il s’agit, il faut remonter à la période post-Covid. À l’époque, les États-Unis avaient réagi à la hausse démesurée des tarifs en décrétant le shipping Act 2022», explique le professeur Najib Cherfaoui, expert maritime.

Cette mesure renforce le pouvoir de régulation de la Federal maritime commission (FMC). Il s’agit essentiellement de s’assurer que les pratiques des armateurs n’entravent pas le commerce extérieur des États-Unis ou ne lui portent pas préjudice. Elle peut donc exiger la communication de documents relatifs à des transactions situées hors du territoire des États-Unis.

«De ce fait, elle infléchit le système de transport maritime mondial autour d’une ligne tarifaire juste et équitable. C’est en ce sens que l’aval accordé à l’Alliance Hapag-Lloyd/Maersk concerne directement le Maroc», poursuit notre interlocuteur.

Double bénéfice
Le Maroc tire doublement bénéfice de cet accord. Il y a d’abord la forte baisse des prix du transport maritime. Par exemple, la cotation Chine-Maroc d’un conteneur de 40 pieds a chuté de 25.000 dollars (avril 2021) à 4.000 dollars actuellement.

«Ensuite, la commission a compétence pour statuer sur toute obstruction éventuelle dans l’acheminement d’un conteneur marocain destiné aux USA et réciproquement. Ceci a un effet positif sur la fluidité et la sécurité de l’export des agrumes/primeurs et autres produits périssables», détaille Cherfaoui.

À l’heure où l’on tente toujours de maintenir les prix du fret maritime à un niveau bas, c’est une très bonne nouvelle aussi bien pour les exportateurs du Royaume que pour les importateurs. Ce sera aussi bénéfique pour certaines infrastructures maritimes du pays, à l’instar de la plate-forme de Tanger Med.

Saturation de Tanger Med
Ce port vient de battre un nouveau record de conteneurs traités en 2024, dépassant la barre des 10 millions d’unités. C’est une belle performance à saluer et qui finit de le consacrer en tant que plateforme majeure du bassin méditerranéen. Cela dit, les mesures citées plus haut, ainsi que la forte demande, posent le problème des capacités de ce port.

«Il reste 800 mètres de quais à mettre en service en 2025, ce qui place la barre à 12 millions de boîtes evp. Comme j’ai compté large, dès 2027, il y aura stagnation naturelle par saturation», prédit Cherfaoui.

Dès lors, on s’interroge aussi sur les possibilités d’agrandissement du port.

«Pour l’année 2028, la lecture que je fais de cet horizon montre qu’il faut se dépêcher de construire en urgence le dernier maillon de la série Tanger Med Saison 3 . Sans s’attarder sur la crique Dalia, disons qu’il y a deux sites potentiels. Le lieu idéal se trouve à l’Est au large de Fnideq, non loin de Tétouan», estime-t-il.

À l’Ouest, poursuit l’expert maritime, il n’y a qu’une seule zone où l’on peut insérer un port évolutif. Elle se situe entre Malabata et Fardioua, sur une étendue de 12 km. Les profondeurs y présentent, en effet, une configuration parfaite, mais ça nous fait revenir vers Tanger Ville.

«Sur le temps long, il y a le devoir de léguer aux générations suivantes des marges de manœuvre. L’idée consiste à étendre les compétences de TMSA (administrateur terrestre) pour lui permettre d’opérer une migration additionnelle, la hissant ainsi au rang d’armateur. En clair : il s’agit de la doter d’une flotte de commerce en propre pour initier à l’International une expansion portuaire, unique parade au renouvellement des deux concessions, lesquelles arrivent à échéance en 2035», indique Cherfaoui.

Abdellah Benahmed / Les Inspirations ÉCO



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