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Tourisme : Mauvaise passe pour le secteur

Selon les données que vient de publier l’Observatoire national du tourisme, plus de 4,2 millions de touristes ont visité le Maroc sur les six premiers mois de l’année. Par rapport à 2015, l’activité accuse une baisse de 2,6% en raison d’une conjugaison de facteurs qui assombrissent les perspectives pour le secteur. 

Il fallait s’y attendre au vu de la multiplication, ces dernières années, des facteurs à risque pour le secteur de l’industrie touristique. L’Observatoire du tourisme vient de publier ses chiffres au terme du premier semestre et il ressort que sur cette période, 4,2 millions de touristes ont visité le Maroc, soit une baisse de 2,6% par rapport à la même période de l’année 2015. Dans les détails, les chiffres établis sur la base des données de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) ont fait ressortir que le nombre de touristes étrangers (TES) a enregistré un recul de 5,6% alors que les arrivées des Marocains résidant à l’étranger (MRE) se sont traduits par une hausse d’1,7%.

Selon la même source, les arrivées des touristes en provenance de certains marchés émetteurs traditionnels ont accusé des baisses significatives comme le Royaume-Uni (8%), l’Allemagne (7%) ainsi que la France et l’Italie, qui ont diminué de 5% alors que les arrivées des touristes en provenance de la Hollande ont affiché une stagnation. L’Observatoire du tourisme, qui s’est également référé aux statistiques disponibles auprès des établissements d’hébergement touristique classés, a aussi fait cas d’une baisse de 4% par rapport à la même période de l’année 2015 des nuitées totales, avec une contribution de -6,9% pour les touristes non-résidents et de +3,7% pour les résidents.

Les deux principaux pôles touristiques du Maroc, à savoir Marrakech et Agadir, ont généré à eux seuls 59% des nuitées totales durant le premier semestre de 2016, enregistrant toutefois des baisses de 3% et 5% respectivement. Selon le constat dressé par ledit observatoire, les autres destinations ont également affiché des résultats contrastés avec la ville de Fès qui a enregistré un recul de 20%, Rabat -5% alors que Casablanca et Tanger ont connu des hausses respectives de +2% et +5%. Le taux d’occupation enregistré jusqu’à fin juin 2016 s’est établi à 36%, enregistrant ainsi une baisse de quatre points par rapport à la même période de 2015.

Résilience
Les statistiques publiées par l’Observatoire du tourisme font par ailleurs ressortir une augmentation de 3,4% des recettes générées par l’activité touristique des non-résidents au Maroc. Elles sont passées de 25,4 MMDH à fin juin 2015 à 26,3 MMDH au premier semestre 2016. Par rapport aux données relatives au mois de juin, le nombre d’arrivées des touristes aux postes-frontières a diminué de 8% par rapport à celui de 2015 avec une baisse de -12,1% pour les touristes étrangers et – 4,1% pour les MRE.

Selon les explications avancées par ledit observatoire, il s’agit-là de l’effet ramadan conjugué à l’organisation, le même mois, de la Coupe d’Europe en France. Durant ce mois, les arrivées des touristes en provenance des États-Unis ont connu une hausse de 1%, tandis que la France et le Royaume-Uni ont accusé des baisses de 13%, la Hollande 8% et l’Allemagne 6%. Parallèlement, le volume des nuitées dans les établissements classés a connu une baisse de 19% en juin 2016, par rapport à celui de 2015 avec -15% pour les touristes non-résidents et -31% pour les résidents.

Pour ce qui est de la fréquentation des chambres, le taux d’occupation a baissé de sept points par rapport au même mois de l’année dernière, atteignant 26% en juin 2016 alors que les recettes voyages en devises ont atteint 3,7 MMDH, enregistrant une baisse de 11,6% par rapport au même mois de l’année écoulée.

Facteurs à risque
En dépit de cette baisse sur le premier semestre, la destination Maroc continue de faire preuve d’une certaine résilience par rapport à certaines destinations concurrentes comme la Tunisie ou la Turquie où la baisse enregistrée ces derniers mois se situe entre 30 et 60%, selon les statistiques officielles fournies par les institutions du pays. Il est vrai que ces pays ont connu des événements tragiques, notamment des attentats terroristes qui occasionnent d’importants manques à gagner pour l’industrie du secteur. Le Maroc en paie, également et par ricochet, le prix dans une conjoncture régionale qui constitue l’un des principaux facteurs à risque pour l’économie nationale.

D’autre part, l’évolution de la situation sur le premier semestre est de nature à contrarier les prévisions du département du Tourisme qui s’est fixé, en début d’année, d’ambitieux objectifs, notamment une progression de 2% des arrivées ainsi que des recettes générées par le secteur. La stratégie nationale de promotion a été, pour ce faire, renforcée avec plusieurs initiatives et des résultats positifs ont été enregistrés pour ce qui est principalement de la montée en puissance de certains nouveaux marchés émetteurs comme la Russie. Les professionnels restent encore dans l’expectative et certains n’écartent plus le scénario d’une évolution négative du secteur cette année, même s’il reste encore du temps et des événements avant la fin d’année. Il y a donc de l’optimisme dans l’air… 


En attendant la COP22
Avec les répercussions des attentats terroristes qui ont endeuillé la région et certains pays émetteurs ainsi que le ramadan, la baisse des arrivées des touristes sur le premier semestre de l’année, peut paraître assez normale. Le second semestre s’ouvre sous de meilleurs auspices avec la tenue de grands événements, à l’image de la COP 22 en novembre prochain à Marrakech, ainsi que les fêtes de fin d’année. De quoi s’attendre à ce que le secteur sauve les meubles et conforte le «bilan globalement positif» dressé il y a quelques semaines par le ministre du Tourisme Lahcen Hadad.


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