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Système bancaire: Moody’s revoit ses perspectives à la baisse

Moody’s a fait passer de stables à négatives les perspectives du système bancaire au Maroc en raison de la crise sanitaire, combinée aux problèmes liés à la sécheresse. Dans ces conditions, les banques devraient faire face à une montée des créances en souffrance. Toutefois, le soutien du gouvernement et de la Banque centrale devrait, selon l’agence de notation, «adoucir» l’effet de la crise sanitaire.

L’agence de notation Moody’s a revu à la baisse les perspectives de note du système bancaire au Maroc. «Le passage des perspectives du système bancaire de stables à négatives reflète notre opinion sur les banques marocaines qui seront confrontées à un affaiblissement de la qualité et de la rentabilité des prêts, alors que la pandémie Covid-19 pèse sur certaines parties de l’économie», explique l’agence de notation.

Selon elle, l’épidémie entraînera une détérioration de la qualité des actifs des banques et exercera une pression sur la rentabilité, tout en ralentissant la croissance économique. En effet, la crise sanitaire pèsera sur l’économie marocaine et aggravera le problème des faibles précipitations qui fragilisent le secteur agricole. La pandémie devrait également affecter le secteur du tourisme, et réduira les exportations vers l’Europe, particulièrement au niveau du secteur automobile. L’impact sera partiellement compensé par la baisse des prix des importations d’énergie. L’exposition importante des banques aux PME et en Afrique subsaharienne devrait également accentuer les créances en souffrance au niveau des banques.

La croissance du crédit serait d’environ 5% en 2020, contre 5,7 % en 2019, reflétant un équilibre entre une croissance modérée au Maroc et une croissance transfrontalière relativement plus rapide en Afrique subsaharienne à laquelle les banques sont exposées.

«Nous nous attendons à ce que la performance des prêts s’affaiblisse à la lumière de la crise sanitaire… La détérioration liée à la pandémie s’ajoutera aux prêts à problème élevé existants en raison des concentrations d’emprunteurs, de l’exposition aux petites et moyennes entreprises (PME) et à l’Afrique subsaharienne», souligne Moody’s.

Les créances en souffrance devraient connaître une hausse comprise entre 9% et 11% des créances en souffrance en 2020, contre 8,1% en 2019. L’exposition croissante des banques aux pays d’Afrique subsaharienne, qui présentent un profil de risque plus élevé que le Maroc, pourrait se révéler problématique. Le crédit d’Afrique subsaharienne représentait 17,5% des prêts des trois banques marocaines notées exerçant des activités panafricaines à fin 2019. La rentabilité devrait également diminuer en raison de la baisse des revenus d’intérêts nets qui représentent la grande majorité des revenus des banques marocaines, soit 66% en 2019.

Dans ce sens, la volonté du gouvernement marocain de soutenir les banques sera toujours de mise. Ce soutien traduit la domination des banques locales dans le système financier national et la nature concentrée du système bancaire (les quatre banques notées détiennent 79% des dépôts). La taille du système bancaire est relativement conséquente, le total des actifs représentant environ 135% du PIB nominal à fin 2019. Or, la capacité budgétaire du gouvernement à soutenir les grandes banques est quelque peu limitée, comme l’indique sa cote de crédit Ba1. La réponse globale du gouvernement à la pandémie contribuera à limiter l’ampleur de la détérioration de la qualité des actifs. Le financement restera solide et stable avec une importante liquidité. Les banques marocaines ont des profils de financement stables et des tampons de liquidité élevés, soutenus par une base de dépôts nationaux solide, à faible coût et diversifiée. Les mesures annoncées par la Banque centrale offriront également aux banques un accès plus facile et plus large au financement afin de répondre aux appels de fonds des emprunteurs concernés.

«Nous prévoyons que ces mesures, si elles sont pleinement mises en œuvre, tripleront la capacité de refinancement des banques à la Banque centrale et soutiendront leur liquidité», estiment les analystes de Moody’s. La Banque centrale a également renforcé son programme de refinancement à destination des PME. Cependant, le capital restera modeste. «Bien que la capitalisation des banques marocaines soit relativement modeste, celles-ci bénéficient d’un bon accès au financement et à la liquidité, ce qui aidera à amortir l’impact», conclut Moody’s. 



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