Éco-Business

Stratégie : Maroc Telecom accélère sa transformation

Porté par la croissance soutenue de ses filiales africaines et une dynamique d’investissement orientée vers le très haut débit, Maroc Telecom entame 2025 en consolidant sa trajectoire de transformation. Malgré les pressions sur le marché domestique, le Groupe mise sur les partenariats structurants, l’innovation digitale et l’optimisation de ses infrastructures pour ouvrir un nouveau cycle de développement à l’échelle régionale.

Avec un chiffre d’affaires consolidé de 8,88 milliards de dirhams à fin mars, Maroc Telecom limite la casse. La performance masque une dynamique à deux vitesses, à savoir un recul de 3,7 % au Maroc, compensé par une croissance de 4,1 % dans les filiales africaines de Moov Africa.

Cette tendance illustre une réalité stratégique : la croissance ne viendra plus du marché historique, arrivé à maturité, mais des relais extérieurs, plus dynamiques et encore peu saturés. L’EBITDA ajusté, à 4,39 milliards de dirhams, affiche une contraction de 5,7 %, ce qui ramène la marge à 49,4 %, contre 51,3 % un an plus tôt.

Le résultat net part du groupe atteint 1,44 MMDH, en baisse de 5,9 %. Dans ce contexte, la maîtrise des coûts, notamment via une gestion optimisée des investissements (CAPEX en repli de 11,4 %, à 1,13 MMDH), reste un facteur central de préservation des équilibres.

Le Maroc, un marché mature sous pression
Sur le marché domestique, les indicateurs traduisent une érosion continue. Le chiffre d’affaires au Maroc recule à 4,55 MMDH, l’EBITDA chute de 9,3 %, et la marge opérationnelle passe de 38,6 % à 35,3 %. Le parc mobile, qui demeure le premier segment en volume, baisse de 2,7 % en un an, pour atteindre 18,8 millions d’abonnés.

En parallèle, les lignes fixes et les accès haut débit affichent également des replis notables, respectivement de 6,5 % et 6,9 %. Face à ce tassement, le groupe mise sur l’innovation commerciale et les synergies technologiques.

Le lancement de l’offre mobile 100 % digitale iNJOY, pensée pour une clientèle jeune et connectée, marque une reconquête par la flexibilité tarifaire et l’expérience utilisateur personnalisée. En parallèle, le partenariat stratégique noué avec Visa ambitionne d’accélérer l’inclusion financière et de faire émerger une offre de digital banking sur l’ensemble des marchés du groupe.

Une alliance structurante avec Inwi
L’annonce la plus structurante de ce trimestre réside sans doute dans l’accord historique signé avec Inwi. Ce partenariat, qui prévoit la création de deux joint-ventures — FiberCo et TowerCo — marque une inflexion stratégique majeure dans la gestion des infrastructures.

L’objectif est de mutualiser les investissements pour accélérer le déploiement de la fibre optique (avec 1 million de prises prévues d’ici deux ans) et de la 5G (avec 2.000 nouvelles tours dans les trois prochaines années).

Cette alliance, conditionnée à l’aval de l’ANRT, rompt avec une logique de confrontation historique entre les deux opérateurs. Elle s’accompagne d’un accord transactionnel mettant fin aux litiges judiciaires opposant les parties, avec une réduction de l’indemnisation due par Maroc Telecom à Inwi de 6,38 à 4,38 milliards de dirhams. Plus qu’un compromis, cet accord inaugure une phase de coopération potentiellement structurante pour l’avenir du secteur télécom marocain.

Moov Africa, le moteur de la croissance externe
Si le marché au Maroc se stabilise difficilement, les filiales africaines poursuivent leur expansion. Le chiffre d’affaires consolidé de Moov Africa s’établit à 4,63 MMDH, avec une progression réelle de 4,1 % à taux de change constant. Le parc mobile atteint 57,3 millions de clients, en hausse de 6,5 % sur un an, tiré par les performances au Niger (+16,8 %), au Togo (+14,2 %) ou en Côte d’Ivoire (+13,8 %).

La dynamique repose sur deux leviers, notamment l’essor du Mobile Money, véritable outil d’inclusion financière, et la Data Mobile, dont la consommation croît sous l’effet conjugué de la démocratisation des smartphones et de la monétisation des usages (streaming, réseaux sociaux). Le déploiement de la fibre optique dans les capitales régionales et les zones enclavées complète cette stratégie de couverture et de montée en gamme.

Une dette en hausse, reflet d’un choix d’accélération
La dette nette du groupe atteint 20,91 MMDH, contre 14,9 MMDH un an plus tôt, soit une hausse de plus de 40 %. Si cette augmentation alimente des interrogations sur la soutenabilité financière à moyen terme, elle est aussi le reflet assumé d’une stratégie d’accélération des investissements dans les infrastructures critiques, un pari sur la croissance future plutôt.

Le ratio dette nette/EBITDA passe ainsi de 0,7 à 1,1x, un niveau qui reste maîtrisé dans les standards sectoriels, mais qui appelle à une discipline renforcée dans le pilotage financier, notamment face aux tensions sur les cash-flows opérationnels, en baisse de 11,6 %.

À travers ces résultats trimestriels, l’opérateur historique montre qu’il engage sa mutation, dans un environnement régional où les défis restent nombreux, pression concurrentielle, évolution des usages, besoin de monétisation accrue des services. La transformation passe désormais par des alliances industrielles, des offres qui se démarquent, et un recentrage stratégique sur les segments les plus porteurs.

Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO



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